Les netbooks à la croisée des chemins
C'est en marge du Forum Mondial du Libre à Paris que s'est tenu le premier Netbook World Summit, une série de tables rondes afin de faire le point sur ce nouveau marché attaqué désormais par quasiment tous les fabricants informatiques.
Pourtant, malgré le buzz autour de ces machines, la salle réservée à cet événement à la Maison de la Chimie était plutôt clairsemée. Dommage, les acteurs présents étaient de qualité et les propos échangés ont permis de faire un bilan et de tracer des perspectives pour les prochaines années.
Un succès incontestable mais avant-tout européen
Les chiffres donnent le tournis. Selon la dernière étude d'IDC en la matière, 10 millions de netbooks devraient être écoulés cette année et 30 millions seront vendus en 2012, soit un chiffre d'affaires de 10 milliards de dollars.
Le marché est essentiellement tiré par l'Europe de l'Ouest, notamment grâce aux opérations bundle des opérateurs mobiles. En 2012, deux tiers des ventes se feront en zone EMEA (Europe, Moyen-Orient Afrique) et 70% de ces livraisons auront lieu en Europe de l'Ouest.
« Le netbook est abordé en Europe comme une deuxième machine pour surfer, faire ses mails, faire du social networking, stocker des photos. », explique Eszter Morray, senior analyst pour IDC.
En 2009, l'offre devrait exploser, ce qui risque de laisser des traces chez certains. « Asus va occuper le marché avec une vingtaine de modèles qui vont coexister, HP a modifié sa stratégie pour adresser ce marché, Dell, Toshiba et Lenovo vont âprement se concurrencer tandis que MSI, Samsung et LG veulent leurs parts du gâteau et il ne faut pas non plus oublier les vendeurs locaux », prévoit l'analyste.
Un risque de cannibalisation pour les laptops classiques ?
Cette offre pléthorique associée à une forte demande ne risquent-t-elles pas de pénaliser le marché des PC d'entrée de gamme traditionnels ? Sur cette question les avis sont partagés. « Nous pensons que le netbooks ont généré un nouveau segment, donc une nouvelle cible, c'est un marché additionnel »,estime Eszter Morray.
Une position partagée par Jae Woo, Notebook Channel Marketing Manager pour Samsung :« L'usage et le positionnement sont différents. Pour autant, les deux marchés se rapprochent à mesure que le netbooks voient leurs spécifications progresser. En attendant, il n'y a pas de signes de cannibalisation ».
Pour Jean-Paul Fougerolle, responsable des ventes pour MSI, la situation n'est pas aussi tranchée.« Le marché des PC 12 pouces d'entrée de gamme baisse sous la pression des netbooks. Il y a donc un effet ».
Comment vont évoluer ces machines ?
Si les premiers netbooks se distinguaient de la concurrence avec des OS libres et du SSD pour le stockage, force est de constater que les dernières moutures ont tendance à rentrer dans le rang. Selon IDC, ces évolutions sont logiques, elles visent à élargir la cible. Les machines 7 pouces vont se concentrer sur le marché éducatif tandis que le gros du marché sera composée de PC 10 pouces. Le passage au 11/12 pouces est une évolution potentielle, note l'institut d'études.
Sous le capot, IDC estime qu'Atom d'Intel devrait rafler la mise en attendant la réaction d'AMD. Quant à VIA, son offre est « limitée ». Le stockage devrait faire la part belle aux disques durs mécaniques « car les utilisateurs ont besoin de beaucoup de capacités de stockage ». Quant à l'OS, Windows XP devrait devenir la norme, sauf pour les marchés éducatifs.
Non seulement les netbooks vont de plus en plus ressembler à des PC classiques mais en plus, ils vont avoir tendance, si ce n'est pas déjà fait, à fortement se ressembler. Comment alors se démarquer ? A cette question, les représentants des fabricants ont eu du mal à répondre. Pour Janet Cropper, Executive Director pour Lenovo , « la différenciation passe par certaines fonctions comme le TouchPad ou encore le design ».
Pour Jean-Paul Fougerolle de MSI, « les machines se ressemblent trop, il faudra absolument intégrer des critères différenciants ».Pour Jean Varaldi, Senio director Marketing pour Qualcomm,« la forte concurrence va entraîner mécaniquement de nouvelles form-factors. On s'orientera par exemple vers des machines plus proches du monde du mobile ». Une prévision logique pour Qualcomm, premier fournisseur de puces pour les mobiles mais absent du marché des netbooks.
Microsoft Windows : le retour en force ?
Formidable tête de pont pour les OS libres, les netbooks s'orientent aujourd'hui résolument vers Windows XP. Redmond pourrait ainsi assez vite détenir une part de marché quasi-stalinienne dans ces machines. Une situation désolante pour les partisans du Pingouin. Pourquoi tant de haine ?
Les fabricants se retranchent vers les sacro-saintes demandes des utilisateurs de ces machines qui à 80% sont issus du grand public tout en promettant de laisser le choix.« Nous devons laisser le choix au consommateur. Pour autant, si Linux est très simple à utiliser, la plupart des gens ont appris à se servir d'un ordinateur avec XP »,explique Jae Woo de Samsung.
« Cela dépend vraiment des usages : il faut donc adapter les canaux de distribution pour coller à ces différentes demandes », ajoute Jean-Paul Fougerolle de MSI.
Et pour les pros ?
Le netbook a-t-il sa place en entreprise ? « Avec l'augmentation de la taille des écrans, la croissance des ventes dans le marché pro pourrait s'accélérer mais elle restera marginale », observe Eszter Morray d'IDC. Un représentant de SFR notait d'ailleurs que seulement 25% des ventes d'EeePC étaient réalisées pour des entreprises.
Même Intel n'y croît pas trop. "Si vous avez jamais utilisé un netbook et un écran de 10 pouces, [vous constaterez] qu'une utilisation d'une heure peut aller.[Cependant, un netbook] n'est pas quelque chose que vous utilisez tous les jours. » a déclaré un responsable du fondeur lors d'une autre conférence sur le sujet.
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