Mobile World Congress : les 'App stores', bouées de sauvetage des fabricants ?
Barcelone - Cette édition du Mobile World Congress n'a pas vraiment été celle des terminaux (pas de grandes innovations à l'horizon) mais plutôt celle des services et des places de marché. Les géants du secteur, effrayés par les perspectives plus que moroses du marché semblent vouloir miser sur ces boutiques d'applications en ligne, source de trafic et de revenus, accessibles directement depuis leurs smartphones.
Il faut dire qu'Apple a ouvert la voie. Son 'AppStore', accessible depuis l'iPhone est un succès mondial, plus de 20.000 applications sont aujourd'hui disponibles. De quoi donner des idées à la concurrence.
Microsoft qui a dévoilé sa nouvelle stratégie mobile axée autour de Windows Mobile 6.5, MyPhone et Market Place le reconnaît bien volontiers. « Au départ des opérateurs mobiles ne voulaient pas entendre parler de ce genre de service car ils entendaient garder la main sur la fourniture de contenus ou d'applications en ligne », nous explique Nicolas Petit, directeur France de Windows Mobile. « Mais le succès d'Apple leur a forcé la main et aujourd'hui, les propositions des acteurs du mobile ou du Web trouvent écho ». Traduction, les tentatives de services développés par les opérateurs eux-mêmes n'ont pas fonctionné.
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Reste que les concurrents d'Apple doivent se différencier. Nokia a dévoilé son OVI Store associé à son portail de contenus. Rien de bien révolutionnaire dans la proposition : cette boutique en ligne proposera des applications développées notamment par des tiers, comme sur Apple.
Le finlandais a néanmoins trouvé le point de décalage : la personnalisation. « C'est une boutique intelligente », souligne Niklas Savander, executive vice-président de Nokia.
OVI Store adaptera en effet son offre en fonction de l'endroit où se trouve l'utilisateur.« Avec Ovi Store, les utilisateurs de mobiles Nokia pourront se procurer des contenus personnalisés en fonction des personnes qui comptent le plus pour eux et du lieu où ils se trouvent. » explique Tero Ojanperä, vice-président de Nokia Services.
Le service ciblera chaque utilisateur en lui proposant des contenus personnalisés sur la base des informations que Nokia est en mesure d'obtenir sur le lieu où il se trouve et sur les personnes avec lesquelles il est en contact, explique encore le fabricant.
La réalité de cette annonce reste à vérifier mais elle pourrait constituer une belle manne publicitaire pour Nokia. La personnalisation et la localisation sont deux éléments qui séduiront certainement les annonceurs.
Chez Microsoft, on mise sur le nombre d'applications déjà disponibles (20.000) et sur une communauté des 7.000 développeurs. « Nous avons déjà une longue expérience, d'ailleurs nous avions déjà proposé une sorte d'AppStore aux opérateurs il y a quelques années mais ils l'avaient refusé »,poursuit Nicolas Petit.
Du côté de RIM, le fabricant du BlackBerry, on s'engouffre également dans la brèche avec une place de marché qui devrait être disponible à la fin mars. Le canadien se la joue profil bas et reconnaît suivre le mouvement :« Les utilisateurs veulent pouvoir télécharger simplement des applications depuis leurs terminaux en fonction de leurs usages, c'est une grosse tendance »,explique à silicon.fr, Jeff McDowell en charge des partenariats chez RIM.
Là encore, le fabricant met en avant la communauté des développeurs extérieurs travaillant sur les BlackBerry (plus de 12.000) pour promettre une offre originale. Attendons de voir.
Reste la question du modèle économique. Apple a réussi le tour de force d'imposer son AppStore aux opérateurs sans leur reverser un seul centime sur les achats d'applications. Réduits au rôle de tuyaux, ils ont vu ainsi s'échapper des sommes importantes qui vont tout droit dans les poches de la pomme et des développeurs. Mais si Apple a pu imposer sa loi grâce au succès de son iPhone, ses concurrents ont dû négocier et partager.
Le principe appliqué est simple : les revenus sont partagés entre le développeur à l'origine de l'application (70% pour Nokia, 80% pour RIM), le fabricant et l'opérateur.
Pour Microsoft, « Il faut être capable de créer un écosystème et donc associer les opérateurs à la chaîne de valeur. L'idée est par exemple de leur dire : vous pouvez intégrer vos propres applications à notre boutique. C'est un accord gagnant-gagnant », souligne Nicolas Petit.
Même tonalité chez RIM : « Nous sommes à l'opposé d'Apple. Nous payons les opérateurs et nous passons des accords avec eux. Il faut que tout le monde soit sur la même longueur d'onde », affirme Jeff McDowell.
Pour autant, le chiffre d'affaires généré par ce type de boutique ne bouleversera pas à court terme les résultats financiers des fabricants de mobiles. Mais comme le souligne Jeff McDowell, l'offre pourrait inciter les gens à changer de terminal plus rapidement et donc doper le marché des smartphones. Certainement l'objectif premier de tous ces AppStore.
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