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RPA : l'hyperautomatisation, horizon (vraiment) lointain ?

La dernier Magic Quadrant de la RPA dépeint un marché qui sert des usages touchant encore peu à l'hyperautomatisation.

Publié par Clément Bohic le - mis à jour à
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RPA : l'hyperautomatisation, horizon (vraiment) lointain ?

L'hyperautomatisation ? Gartner en parle dans la dernière édition de son Magic Quadrant consacré à la RPA. Mais en filigrane. Le reflet d'usages encore majoritairement axés sur l'automatisation « tactique » de tâches, ainsi que le constate le cabinet américain.

La réalité du marché se ressent dans les critères technologiques d'inclusion au Quadrant. L'automatisation par API était une capacité « optionnelle ». Tout comme la découverte de tâches (mining), la conception low code et le traitement de documents.

Gartner juge les fournisseurs sur deux axes. L'un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). L'autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...).

Sur l'axe « vision », les fournisseurs classés au Quadrant se placent dans cet ordre :

  Fournisseur Date de création
1 UiPath 2005
2 Salesforce (MuleSoft) 1999 (2006)
3 Microsoft 1975
4 Automation Anywhere 2003
5 Pegasystems 1983
6 Appian 1999
7 SS&C Blue Prism 2001
8 SAP 1972
9 NICE 1995
10 IBM 1911
11 Laiye 2015
12 Cyclone Robotics 2015
13 WorkFusion 2009
14 Nintex 2006
15 Samsung SDS 1985

Sur l'axe « exécution » :

  Fournisseur
1 UiPath
2 SS&C Blue Prism
3 Automation Anywhere
4 Microsoft
5 NICE
6 WorkFusion
7 Pegasystems
8 Cyclone Robotics
9 Samsung SDS
10 Appian
11 Nintex
12 SAP
13 Salesforce (MuleSoft)
14 IBM
15 Laiye

Salesforce fait son entrée au Quadrant cette année, dans la catégorie des « visionnaires ». Quatre fournisseurs en sortent. D'une part, Kryon Systems et Servicetrace, respectivement passés dans le giron de Nintex et de Salesforce. De l'autre, EdgeVerve (qui ne satisfait pas aux critères technologiques) et NTT AT (qui a quitté le marché).

Aux quatre « leaders » de l'an dernier (UiPath, Automation Anywhere, Blue Prism, Microsoft) s'en ajoute un cinquième : NICE.

La RPA s'intègre dans les progiciels

Concernant Automation Anywhere, Gartner salue les capacités d'innovation. Bons points également sur la partie cloud (architecture native, 4 versions par an, sécurité managée) et la compréhension du marché (intégration de la RPA Automation Anywhere dans les applications d'entreprise).
L'appréciation est moins favorable à propos de l'absence d'une brique native de découverte de processus (l'acquisition de Fortress IQ devrait permettre de corriger le tir). Ainsi que le retrait d'une partie des équipes ventes et support en Europe. Tout comme la difficulté à migrer vers la plate-forme Automation 360 lancée en 2019.

Chez Microsoft, l'offre Power Automate se distingue toujours par son intégration avec l'écosystème Microsoft 365 (et les incitations économiques que cela procure). Aussi par la communauté et l'écosystème de partenaires, assortie d'une version gratuite (Power Automate Desktop) intégrée à Windows 10/11.
L'UX, en revanche, est un point faible : difficile de basculer entre les interfaces (portail web, RPA de bureau, apps dans Teams...). Power Automate s'avère par ailleurs moins efficace que ses concurrents sur les environnements Citrix. La gestion du cycle de vie des automatisations exige en outre l'intégration et la configuration de multiples composantes.

UiPath garde une longueur d'avance

Comme Automation Anywhere, NICE a un bon point sur l'innovation. En particulier pour avoir activé, sur sa brique mining, de l'apprentissage semi-supervisé pour la priorisation des processus. Sa stratégie commerciale lui vaut aussi une appréciation favorable, autant pour les prix d'entrée « relativement bas » que pour l'approche sectorielle portée par des bots spécialisés.
Cette approche est aussi un point faible, en ce qu'elle donne de NICE une image de fournisseur axé sur les services de support et les centres d'appels. Gartner trouve aussi à redire sur les fonctionnalités de l'offre (absence d'autoML, de traitement natif de documents...) et sur l'expérience client (GUI datés sur les anciennes versions encore utilisées).

SS&C Blue Prism, au contraire, se démarque par la profondeur de son portefeuille. Ainsi que son modèle économique, fondé sur une plate-forme unifiée (coeur RPA, intégration avec le BPA Chorus de SS&C, partenariats multicloud). Et, plus globalement, la viabilité de son activité (couverture géographique, communauté, base active).
Comme chez NICE, l'expérience client n'est pas le fort. On est en tout cas, dans certains cas, sur des cycles de conception plus longs que chez les concurrents. On restera par ailleurs attentif aux changements que pourrait impliquer la fusion avec SS&C (architecture des produits, support, pricing...).

Chez UiPath, le pricing, justement, n'emporte pas les faveurs de Gartner. Non seulement parce que « relativement cher », mais aussi de par les nouvelles options de tarification pas simples à interpréter. Il y a également des bémols sur le service client (temps de réponse) et les capacités annexes (mining, low-code) : les entreprises en phase d'hyperautomatisation ne peuvent pas s'appuyer intégralement sur UiPath.
Au rang des points positifs figure l'écosystème (partenaires spécialisés, richesse de la marketplace), la stratégie produit (notoriété, vision, capacité à toucher les métiers) et plus globalement la viabilité du modèle.

Photo d'illustration © Murrstock - Adobe Stock

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