RPA : vigilance sur la structuration des offres ?

Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le

Le dernier Magic Quadrant de la RPA met en avant l’importance du packaging des offres, dans un contexte de convergence avec des segments adjacents du marché IT.

Doit-on attendre des fournisseurs de RPA (automatisation robotisée des processus) qu'ils soient plus « créatifs » dans la manière de packager leurs offres ?

Il le faut, estime Gartner, dans le contexte de convergence avec d'autres briques fonctionnelles (low-code, process mining, iPaaS, automatisation des tests...).

Le cabinet américain rend compte de cette tendance dans le dernier Magic Quadrant de la RPA. Il l'avait déjà mise en avant l'an dernier. En toile de fond, la transition d'usages en silo vers des stratégies d'automatisation plus larges.

Les critères d'inclusion au Quadrant reflétaient ce phénomène : de nombreux éléments étaient laissés facultatifs, Gartner envisageant un « coeur fonctionnel » auquel on viendrait greffer, « à la carte », des technologies portant lesdites stratégies d'(hyper)automatisation.

Cinq « leaders » sur le marché de la RPA

D'une année sur l'autre, ces critères ont peu évolué. Tout comme la hiérarchie dans le carré des « leaders ». Automation Anywhere, Microsoft, SS&C Blue Prism et UiPath s'y trouvent toujours. Seul NICE en a disparu. Il est tout simplement sorti du Quadrant, ne se considérant plus comme un vendeur de RPA.

Trois autres fournisseurs classés en 2023 sont absents cette année. Cyclone Robotics, parce qu'il n'entre plus dans le champ étudié (l'éditeur se concentre désormais sur des produits à base d'agents IA). EdgeVerve Systems et Hyland, parce qu'ils ont un score CCI inférieur à 15/100.

Ce score est censé traduire l'intérêt des clients (Consolidated Customer Interest). Gartner mentionne cinq dimensions sur lesquelles il se fonde. Deux internes (volumes de demandes qui lui sont faites ; nombre de mentions en tant que concurrent dans les Peer Insights), trois externes (présence sur les réseaux sociaux, trafic web, recherches sur les moteurs tiers).

L'axe « vision » du Quadrant est centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). Les fournisseurs s'y positionnent comme suit :

  Fournisseur Évolution annuelle
1 UiPath + 1
2 Microsoft - 1
3 Appian =
4 Automation Anywhere =
5 SS&C Blue Prism + 1
6 Salesforce - 1
7 ServiceNow nouvel entrant
8 Pegasystems - 1
9 SAP - 1
10 Lalye + 1
11 Samsung SDS + 3
12 IBM - 2
13 Nintex + 3

 

Sur l'axe « exécution » (expérience client, performance avant-vente, qualité, des produits/services...), la situation est la suivante :

  Fournisseur Évolution annuelle
1 UiPath =
2 Automation Anywhere =
3 Microsoft + 1
4 SS&C Blue Prism - 1
5 SAP + 6
6 Pegasystems + 1
7 Salesforce + 5
8 Appian + 2
9 ServiceNow nouvel entrant
10 Samsung SDS - 2
11 Nintex + 3
12 Lalye + 3
13 IBM =

 

Automation Anywhere salué sur l'IA, moins sur les prix

Pointé du doigt l'an dernier sur la question des prix (essentiellement à cause de la hausse du ticket d'entrée liée à la suppression du Partner Pack), Automation Anywhere l'est encore cette fois-ci. Mais sous un autre angle : son offre à destination des grandes entreprises est plus chère que chez la concurrence. Gartner souligne aussi la réduction de sa présence dans certaines parties de l'Europe.

Bon point, en revanche, sur la stratégie intelligence artificielle. Autant pour l'intégration de la GenAI que les partenariats avec les « trois grands » du cloud et le « studio de développement IA » qui se trouve sur la roadmap. Gartner salue aussi la qualité de gestion des retours clients et, plus globalement, le degré d'innovation (analyse du code, intégration des API, création d'automatisations en langage naturel).

Le licensing demeure peu clair chez Microsoft

D'année en année, Microsoft se distingue sur le degré d'intégration de sa RPA avec le reste de son portefeuille logiciel. Il garde aussi un avantage sur les prix (ticket d'entrée nettement moins élevé que chez les concurrents pour les petits déploiements, versions gratuite de Power Automate Desktop livrée avec Windows 11...). Gartner mentionne aussi l'extension de son réseau de partenaires.

La clarté de l'offre reste un point à améliorer. En particulier sur le licensing : attention aux coûts qui s'ajoutent à mesure qu'on étend l'usage. Vigilance aussi sur certaines capacités, dont l'exécution Citrix/RDP, la gestion de file d'attente et le monitoring temps réel des automatisations. Gartner note par ailleurs que les grandes entreprises utilisent rarement Power Automate comme outil RPA principal. Elles tendent à le réserver aux use cases axés sur les apps Microsoft ou aux « développeurs citoyens ».

SS&C Blue Prism et le cas des « développeurs citoyens »

Le contenu de l'offre de SS&C Blue Prism avait fait mouche auprès de Gartner l'an dernier. C'est toujours le cas. Autre élément apprécié : le modèle économique, avec un coeur RPA fort intégré à l'ensemble du portefeuille de l'éditeur. Et une multiplicité de bundles assortie du développement de la tarification à l'usage.

On ne peut pas en dire autant de l'UI, que certains clients trouvent dépassée, lente et complexe à parcourir. Gartner regrette aussi l'absence de ressources  dédiées aux « développeurs citoyens » : pas d'environnement dédié, de support communautaire, de partenaires fournissant des formations... SS&C Blue Prism est, en outre, loin de générer le même intérêt qu'il y a quelques années.

UiPath : à fond les LLM... et à fond les prix

UiPath, au contraire, se distingue positivement par son écosystème (volume de clientèle, nombre de partenaires intégrateurs, taille de la communauté d'utilisateurs). Sa stratégie IA lui vaut un autre bon point, avec, en vitrine, la brique Autopilot qui met des LLM à contribution sur l'ensemble du portefeuille de l'éditeur.

Comme l'an dernier, UiPath fait l'objet d'un avertissement sur les prix. Il est l'un des fournisseurs les plus chers, avec des augmentations substantielles depuis 2022 dans le cadre du recentrage sur des bundles préconfigurés. Entre autres écueils que pointent les témoignages clients figurent un support client inefficace, la prise en charge limitée de Linux, le manque de bonnes pratiques et la difficulté à migrer entre locataires.

Illustration © Murrstock - Adobe Stock

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