Restructuration: les salariés d'IBM France se mobilisent
Cette journée du 23 mai aura été synonyme de protestation pour une grande partie des salariés d'IBM France. Partout dans le monde, des rassemblements et manifestions ont eu lieu afin de dénoncer le plan de restructuration annoncé par Big Blue: 13.000 suppressions de postes, essentiellement en Europe. Difficile à avaler pour les salariés qui soulignent que l'entreprise réalise des profits conséquents.
Un millier d'emplois seraient menacés sur quelque 11.000 en France, affirment les syndicats. En France, plusieurs manifestations étaient organisées par les syndicats. C'est une première: l'entreprise n'est pas habituée à une telle mobilisation sociale sur l'ensemble de ses sites. A Paris, plus de 100 grévistes selon la police, environ 400 selon les syndicats, ont manifesté devant le siège social d'IBM. « La direction veut faire en sorte d'augmenter le prix de l'action de 10%, elle l'admet. Alors même qu'IBM a des très bons résultats », a déploré Annie Jarry, déléguée CFDT à IBM. « Après la délocalisation du système de production, maintenant c'est la délocalisation des cerveaux. Des postes d'ingénieurs sont supprimés ici, et délocalisés dans d'autres pays: Tchéquie, Hongrie, Roumanie, Biélorussie, Inde, Philippines. Il y a 10 ans, on était 24.000 à IBM France, aujourd'hui on est 11.000 », a déploré la syndicaliste. A Orléans, environ 300 salariés se sont rassemblés devant les grilles du site. Le site de Saint-Jean-de-Braye, dans la banlieue d'Orléans, compte 750 salariés environ. Selon les syndicats, une quarantaine d'emplois pourraient y être supprimés. A Bordeaux, environ 130 salariés, grévistes, d'IBM région sud-ouest se sont rassemblés devant le siège de leur entreprise, a constaté l'AFP. « 118 des 190 salariés présents sur le site de Bordeaux lundi ont observé un mouvement de grève jusqu'à midi« , a indiqué Philippe Schneider, délégué CFDT. Selon les syndicats, quelque 50 emplois sur les 450 que compte le site de Bordeaux sont menacés. « C'est la première fois en trente ans que l'on connaît un tel mouvement social, cela montre que les gens sont très inquiets », a expliqué Robert Lagos, délégué FO. Une pétition signée par plus de 130 salariés bordelais a été remise à la direction. Les salariés y expriment leurs inquiétudes sur des « risques sérieux d'affaiblissement de la capacité d'intervention de la maintenance chez les clients de la région et de délocalisations d'emplois à l'étranger », engendrés par « le plan dit de sauvegarde de l'emploi annoncé par IBM ». A Noisy-le-Grand, des salariés se sont invités à une réunion du Comité central d'entreprise (CCE) pour exiger « zéro licenciement sec » en France, selon une source syndicale. Quelque 300 salariés en grève étaient rassemblés devant les locaux depuis le début du CCE, à 10H30, lequel devait durer toute la journée. Une poignée d'entre eux ont fait irruption dans les locaux pour interpeller la direction. Le CCE devait aborder la question de la justification économique du plan social (livre IV), dans le cadre de la consultation obligatoire liée au plan de sauvegarde de l'emploi en cours, selon cette source. Soulignant qu'IBM est une « entreprise riche qui a du succès », avec 1,4 milliard de dollars de bénéfices au premier trimestre 2005, ils affirment que cette restructuration « va dans la mauvaise direction pour les salariés, l'entreprise et les clients », et demandent « l'arrêt des licenciements ». A Montpellier, environ 400 salariés d'IBM ont manifesté, coiffés de casquettes bleues sur lesquelles ont pouvait lire « le 23 mai, non aux licenciements ». Ils ont rallié dans le calme la direction départementale du travail où une délégation a été reçue. Seule une douzaine d'emplois, sur les 1.100 du site de Montpellier, pourraient être supprimés, indique-t-on de source syndicale. Mais les salariés sont inquiets pour l'avenir à moyen terme de l'usine qui emploie 600 personnes et où sont toujours fabriqués des grands systèmes ou « mainframes ». « Le rêve IBM à Montpellier est passé. Maintenant, c'est l'inquiétude. Il y a 20 ans, le site comptait 3.200 salariés. Depuis, chaque année, il s'affaiblit », a déclaré à l'AFP Jean-Claude Arfélix, délégué CFDT. Sur le site de La Gaude (640 salariés), près de Nice, environ 200 personnes ont également manifesté à l'appel de l'intersyndicale. A l'agence régionale de Marseille (176 personnes, 22 emplois menacés), une quarantaine de salariés étaient en grève, selon le secrétaire-adjoint du CE, Didier Julien (CFTC). Aux Etats-Unis, des salariés en bleu et noir
Les employés américains du géant informatique IBM ont été appelés par le syndicat Alliance à s'habiller symboliquement en bleu et noir lundi, en guise de participation à la journée mondiale de protestation contre le plan de 13.000 suppressions d'emplois. Le bleu symbolise IBM, qui est surnommé « Big blue », et le noir le deuil des emplois. Le syndicat a également appelé à une pause de 10 minutes à 13h00, heure de la côte Est américaine (17h00 GMT) en signe de solidarité.
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