Sébastien Chevrel: Devoteam se muscle pour atteindre une masse critique
En début d'année, Devoteam présentait son plan « Scale ». Le précédent « Eagle » avait permis de redresser les comptes de la firme spécialisée en conseil en technologies innovantes et management.
Cette nouvelle feuille de route est tracée pour mener l'entreprise de services numériques à tutoyer le milliard d'euros de chiffre d'affaires pour 2020. Soit près du double des résultats présentés en 2016 (555 millions).
Bien qu'encore trop tôt pour confirmer la pertinence du nouveau plan, les résultats des premiers mois d'application de « Scale » tendent à conforter la stratégie.
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Au 30 juin dernier, l'ESN, fondée en 1995 par Godefroy et Stanislas de Bentzmann, affichait un chiffre d'affaires en hausse annuelle de 7,7% à 256,5 millions d'euros et pour un résultat net en forte hausse de 57% à 11,9 millions.
La marge affiche également une hausse notable (+0,7 point à 9,9% du CA, conforme à l'objectif des 10% initialement visés pour 2016). Ce qui soulage une trésorerie qui passe de 9,6 millions à 49 millions d'euros.
L'international en soutien
Le développement de Devoteam passe par l'international où l'entreprise de conseils IT réalise plus de 55% de son CA à travers sa présence dans 17 pays.
Mais « avec Scale, nous nous concentrons sur quatre géographies : La France, l'Allemagne, l'Espagne et le Benelux », évoque Sébastien Chevrel, Directeur général de Devoteam depuis 2012, que Silicon.fr a rencontré la semaine dernière.
La Scandinavie (Danemark, Norvège) et le Moyen-Orient figurent également dans la liste des territoires-clés.
Quant au Royaume-Uni, « nous sommes en phase de réflexion » face à un marché déjà richement couvert par la concurrence.
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Si la démarche de Devoteam reste d'aller « sur la vague high level technologique » (architecture, design, construction), l'idée est de « laisser l'autonomie aux plates-formes dans les pays ».
Autrement dit, la société de service adopte son catalogue d'offres aux besoins des clients locaux.
Presque du sur-mesure en somme.
Les SMACS en priorité
La direction est déjà bien balisée. A savoir celles du package SMACS (acronyme de « Social, Mobile, Analytics, Cloud, Security ») dont Gartner prédit qu'ils devraient doubler d'ici 2020 pour occuper 30% des services IT.
Autrement dit, « profiter de la transformation digitale [des entreprises] pour transformer nos offres et notre chiffre d'affaires vers les SMACS », glisse notre interlocuteur.
Devoteam entend ainsi appuyer son plan de transformation sur 4 tendances?:
- l'accélération des SMACS donc (qui alimentera 70% du chiffre d'affaires d'ici trois ans contre 28% aujourd'hui);
- la relocalisation « car les entreprises préfèrent avoir des gens de proximité pour gagner en agilité »;
- l'accélération du Cloud (« on veut être enabler des grands du Cloud » qui apportent une croissance de 45% par an);
- la poursuite de l'approche «?DSI centric?» (« c'est important car ce nouvel élan remet le DSI au centre de l'échiquier »).
Accélération des partenariats stratégiques
La transformation de Devoteam passe aussi par l'accélération de ses partenariats stratégiques?: ServiceNow (pour l'IT et les processus d'entreprises), Red Hat (pour ses technologies émergentes dans l'orchestration du Cloud avec OpenStack, OpenShift) et Google « très dynamique sur le Cloud, dans l'intelligence artificielle et avec une belle solution de stockage ».
Des partenariats que Devoteam déploie à l'échelle européenne.
La SSII n'entend néanmoins pas couper les ponts avec les autres grands du Cloud mais à travers des partenariats locaux.
C'est le cas de Microsoft en France et Belgique. « C'est moins stratégique [qu'avec Google] car Microsoft fédère une grosse masse de concurrents, justifie Sébastien Chevrel. Avec Google, nous avons une relation sincère et suivie, c'est un pari. »
L'acquisition du spécialiste du Cloud public D2SI en août apporte de son côté une expertise en matière d'offres Amazon Web Services.
Acquisitions et cessions
Si la transformation de l'ESN devrait lui assurer une croissance de 7 à 8% annuelle, « il manquera 200 millions » pour atteindre le milliard d'euros. Devoteam va donc poursuivre ses acquisitions.
Lesquelles continueront de se concentrer sur les secteurs de l'IT agile, le workplace et l'incontournable sécurité. « Nous visons les sociétés à plus de 10 millions d'euros dans ces domaines », confie le dirigeant. Sans avancer de noms de cible pour l'heure.
Les acquisitions avanceront en parallèle de cessions d'activités « sans impact visible ». A l'image du broker Between, sa filiale hollandaise dont Devoteam prévoit la cession de 40% du capital afin de limiter sa participation à 35%.
« On remet du muscle sur les deux prochaines années pour atteindre une masse critique qui nous donnera une masse visible », résume Sébastien Chevrel.
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