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Stockage : les dessous de la guerre déclarée entre EMC et Pure Storage

Que cache l'affrontement qui oppose EMC et Pure Storage ? L'un dénonce une violation de sa propriété, tandis que l'autre accuse son rival de vol de matériel. Une guéguerre qui a pour toile de fond la mutation des architectures de stockage des disques durs aux mémoires Flash.

Publié par La rédaction le | Mis à jour le
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Stockage : les dessous de la guerre déclarée entre EMC et Pure Storage

EMC vs Pure Storage. Le premier est LE géant du stockage de données, mais comme tous ses compétiteurs historiques, le groupe a tardé à mettre les pieds dans le stockage Flash. Le second est l'une des premières start-up de la Valley à avoir proposé une solution d'appliance de stockage tout Flash, qui plus est à une tarification si agressive qu'elle en serait moins chère qu'une solution sur disques durs.

Toutes deux s'affrontent sur un marché en devenir, mais au potentiel énorme, tant en raison de l'importance des volumes concernés que de leur explosion avec l'augmentation exponentielle des volumes de données : le remplacement du stockage mécanique par la mémoire Flash.

Des solutions full Flash

Ainsi EMC vient de présenter sa solution full Flash XtremIO (lire « XtremIO : EMC dévoile - enfin ! - son stockage 100 % flash » et notre interview « La performance vient naturellement avec le stockage flash »). Tandis que Pure Storage, qui en est déjà à la v3 de ses solutions 'full Flash', ne vous est pas inconnu, nous l'avons rencontrée par deux fois dans la Silicon Valley (lire « Retour chez Pure Storage, stockage flash économique » ). La start-up s'implante en Europe via des partenaires, après un nouveau tour de table (lire « Pure Storage lève 150 millions de dollars pour jouer dans la cour des grands »).

Toutes les start-up américaines du stockage Flash - nous vous avons fait rencontrer la plupart d'entre elles, Pure Storage, donc, mais également Nimble Storage, Violin, SolidFire. - se sont précipitées dans la brèche laissée vacante par les EMC, NetApp, HDS, IBM, HP, Dell. Ces derniers tentent aujourd'hui de revenir dans la course. Soit avec leurs propres produits (EMC XtremIO), ou en intégrant des produits provenant de ces start-up (Cisco UCS avec Nimble ou Fujitsu avec Violin).

De la concurrence à l'affrontement

Mais, parfois, ces tensions concurrentielles dérapent. Et virent à l'affrontement pur et simple. Ainsi EMC et Pure Storage s'affrontent et se retrouvent devant des juges ! EMC a tiré le premier, accusant un de ses commerciaux qui a rejoint Pure Storage, Chadwick Johnson, d'avoir emporté avec lui un fichier client comportant 93 000 entrées. On se souvient que lorsque Dave Donatelli, un proche de Joe Tucci, le CEO de EMC, certainement frustré que son patron continue de tenir les rênes du groupe et ne lui cède sa place, avait rejoint HP, EMC avait obtenu d'un juge l'interdiction de s'approcher d'une entreprise de stockage de données durant un an.

EMC s'est ensuite retournée une seconde fois contre Pure Storage, affirmant que le recrutement d'une douzaine de ses employés par la start-up s'est accompagné « du vol de dizaines de milliers de pages et matériaux EMC propriétaires, hautement confidentiels, et sensibles sur un plan concurrentiel ». La poursuite pour violation de brevet n'est pas loin.

Pure Storage vient de riposter en produisant des documents qui affirment que EMC aurait « subrepticement obtenu une appliance Pure Storage, qui a rejoint les bureaux d'EMC, et illégalement testé la machine afin de découvrir les secrets commerciaux sous-jacents au succès de Pure Storage. Le vol d'EMC n'était pas un incident isolé, mais fait partie d'une pratique institutionnelle qui emploie régulièrement des moyens illégaux et anti-concurrentiels pour dominer le marché du stockage de données. »

Scott Dietzen, agent provocateur

Les accusations sont graves ! Même si ce type de pratiques est probablement courant, dans les deux cas - recruter du personnel des concurrents ou dérober des informations confidentielles -, ces agissements ont vocation à rester secrets. Les porter en justice est en revanche la démonstration d'un marché tendu, où chacun tente de se faire sa place, mais où tout le monde ne sera pas gagnant.

L'attitude de Scott Dietzen, le CEO de Pure Store, qui lors d'une interview récente avec Silicon.fr n'a pas hésité à proclamer son ambition d'« atteindre la taille d'un EMC ou d'un NetApp ! » (lire Scott Dietzen : « atteindre la taille d'un EMC ou d'un NetApp ! »), n'est évidemment pas là pour calmer le jeu.

La révolution est en marche.

L'affrontement cache un malaise profond qui étreint les géants du stockage de données. Nous sommes à une étape majeur à la fois des technologies et du marché, une probable révolution, la bascule du mécanique (disque dur) vers le statique (mémoire flash).

Chacun défend sa position. Les 'anciens' affirment que le disque dur est incontournable et reste le moins cher, avantage qui tend à se réduire. Ils ont surtout à défendre deux à trois décennies d'investissements dans les fermes de stockage, et des DSI qui hésitent à changer de paradigmes. Les 'nouveaux', en revanche, avancent les avantages technologiques des mémoires Flash - performances, basse consommation, design - et misent sur un avenir 'full Flash' alimenté par l'augmentation des capacités et la chute des prix.

S'il est prématuré d'annoncer la fin du disque dur, elle est cependant inéluctable. Elle offre surtout l'opportunité à quelques opportunistes férus de technologies de se faire une place au soleil, et d'aller chatouiller les orteils fragilisés des géants. Il n'est donc pas surprenant que la bataille qu'ils se livrent se déplace vers des horizons moins glorieux.

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