France : 95% des mails sont des spams
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Soit 15 points de plus qu'il y a un an.
Le fléau du spam a encore frappé nos boîtes mail cette année. Et la tendance semble empirer malgré des techniques de protection plus fortes. Mais le nombre croissant d'internautes et l'appât du gain des escrocs de la Toile font la différence.
En France, personne n'échappe au phénomène de la messagerie polluée. Tellement polluée qu'il en devient difficile de discerner les messages légitimes de ceux qui ne le sont pas. Une étude de Secuserve apporte quelques éléments chiffrés sur ce cauchemar que nous vivons tous au quotidien.
Selon cet éditeur de solutions de messageries et de services managés, 95% des mails reçus dans les boîtes françaises en décembre 2006 sont des spams, contre 80% il y a un an. Dans le même temps, le nombre de messages indésirables a presque doublé en un an (+ 95% entre décembre 2005 et décembre 2006).
Pour Philippe Rèbre, Directeur Technique et Responsable du laboratoire de Secuserve, « nous prédisons en 2007 que le seuil des 99% de spams sera atteint. Ce seuil ne sera pas perceptible directement par les utilisateurs, mais les opérateurs et fournisseurs de services emails seront les premiers concernés par cette explosion? « .
Précisions qu'en décembre 2006, un utilisateur professionnel recevait en moyenne 92 mails par jour (mails valides et mails invalides) contre 56 il y a un an et 20 en janvier 2004.
Dans cette avalanche de spams, l'éditeur observe deux tendances qui confirment les conclusions des spécialistes de la sécurité. Les spams sont diffusés par des armées de PC zombies, Secuserve en évalue la proportion à 30%. Ces PC contrôlés à distance à l'insu de leurs propriétaires sont infectés car mal protégés. Ensuite, le spam image devient une tendance lourde. Quasiment inexistants au début de l'année 2006, ils représentent près de 25% des spams à la fin décembre 2006.
La plupart de ces spams image ont une vocation boursière. « Nous avons étudié et suivi pendant un mois les différentes valeurs ?soutenues' par ces spams, et nous avons constaté effectivement des progressions sensibles de cours, au moment des campagnes. Le faible coût de la messagerie comme moyen de propagande, et le Retour Sur Investissement occasionné, sont les explications principales de cette ?innovation' », explique Stéphane Bouché, directeur de Secuserve.
En France, mais aussi en Europe, le manque de réglementations et de coopération ne favorise pas la lutte. D'ailleurs, selon la Commission européenne, le spam coûterait à l'économie française 1,4 milliard d'euros.
Pourtant, des mesures ont été prises. En 2002, une directive est votée et transposée. Mais Bruxelles constate qu'elle est peu appliquée et dénonce le manque d'organisation des Etats, le petit nombre de plaintes déposées et l'absence de coordination entre les institutions concernées.
« Les menaces que représentent les pourriels, les espiologiciels et les logiciels malveillants entament la confiance du public dans la société de l'information. Les actions entreprises au sein de l'Union sont insuffisantes pour faire face à cette évolution », explique Bruxelles.
La Commission pourrait proposer de nouvelles mesures comme un système de plainte en ligne déjà utilisé avec succès aux Pays-Bas. De nouvelles obligations pourraient être imposées aux opérateurs et aux FAI. Une peine plancher pourrait même être appliquée aux auteurs de spams.