Egregor : le ransomware frappé en plein coeur ?
Une opération de police franco-ukrainienne aurait visé Egregor. Le ransomware avait déjà montré des faiblesses ces dernières semaines.

Egregor, bientôt démantelé ? Rien d'officiel à ce sujet, mais des signaux de plus en plus forts. L'un des derniers en date : une opération que la police judiciaire française aurait menée la semaine passée avec son homologue ukrainienne*. À la clé, l'arrestation, sur place, d'individus possiblement liés à l'activité de ce ransomware.
Les enquêteurs auraient réussi à remonter la piste des rançons, payées en bitcoins. Ils auraient orchestré leur coup de filet vendredi.
Depuis ce jour-là, le site « vitrine » d'Egregor est inaccessible. Cette perturbation n'est cependant pas une première. On avait déjà pu constater des indisponibilités prolongées. À tel point que les cybercriminels avaient fini par afficher, à l'occasion d'un énième retour vers la mi-janvier, le message « Malgré vos espoirs, nous sommes à nouveau avec vous ».
Des perturbations, il y en a aussi eu plus récemment. Fin janvier en l'occurrence, à l'heure où une opération internationale mettait à mal un autre ransomware : NetWalker. Au-delà du site « vitrine », l'interface de dialogue avec les victimes d'Egregor semble avoir été inaccessible à ce moment-là. Quasiment en parallèle, une autre opération - impliquant également arrestations en Ukraine - portait un coup à l'un de ses vecteurs de diffusion : le botnet Emotet.
Egregor : 200 victimes revendiquées
Découvert en mai 2019 par un chercheur de Malwarebytes, Egregor présente des caractéristiques qui l'inscrivent dans la lignée de Maze. Il aura médiatisé la méthode dite de « double extorsion ». En d'autres termes, l'exfiltration des données avant de les chiffrer, pour engendrer un moyen de pression supplémentaire. Ses créateurs auraient par ailleurs impulsé la constitution d'un « cartel du ransomware », en nouant des alliances avec des pairs. Notamment le groupe connu sous le nom de LockBit.
Le CERT-FR lui a dédié un rapport, publié mi-décembre. Il recensait alors 69 organisations victimes. Un volume qui a triplé depuis. En tout cas si on en croit la liste qui figurait sur le « site vitrine » avant son extinction.
Ce schéma simplifié présente la chaîne d'infection « traditionnelle » d'Egregor. Elle implique un cheval de Troie. Généralement Qakbot, Ursnif ou IcedID (source : CERT-FR).
Egregor aura fait des victimes de marque en France. Parmi elles, l'éditeur de jeux vidéo Ubisoft et le groupe Ouest-France, touchés respectivement en octobre et en novembre 2020.
On l'aura vu user d'une technique notable chez l'entreprise de distribution chilienne Cencosud : imprimer des demandes de rançon aux caisses de certains magasins.
* En novembre, des affiliés d'un ransomware concurrent (REvil/Sodinokibi) avaient affirmé avoir identifié les exploitants d'Egregor. Qu'ils aient guidé les forces de l'ordre n'est pas à exclure.
Heard about the Maze-FSB connection for a while now.
REvil operators aren't the only ones who are saying it.
Wonder if they're jealous because the Maze gang can pull off so many brazen and reckless attacks while everybody else has to be on their tiptoes https://t.co/FNd3FIUFm6
- Catalin Cimpanu (@campuscodi) November 30, 2020
Photo d'illustration © Rawpixel.com - stock.adobe.com
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