EuroHPC prend le virage des AI Factories : les 7 premiers projets retenus
EuroHPC ouvre la voie à la constitution, autour de ses supercalculateurs, d'écosystèmes censés favoriser le développement de modèles et d'applications d'IA générative.
Quelle est la durée de vie utile d'un supercalculateur ? Pour LUMI, ce sera vraisemblablement 5 ans.
Ce système petascale sur base Cray EX est installé en Finlande, à Kajaani (Cajanebourg), dans le datacenter du CSC (Centre de technologie de l'information pour la science, entreprise publique à but non lucratif).
Inauguré mi-2022, il est l'un des fruits de l'initiative EuroHPC. Il ne devrait pas demeurer "compétitif" passé 2027. Il est donc question de le remplacer, au plus tard à cette échéance, par un autre superordinateur... "optimisé pour l'IA".
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En toile de fond, la volonté de l'UE de faire d'EuroHPC un véhicule GenAI. À ces fins, la coentreprise a vu ses missions modifiées en début d'année. Elles se sont étendues au développement et à l'exploitation des "AI Factories", présentées comme des "écosystèmes ouverts formés autour de superordinateurs publics pour développer des modèles et des applications d'IA générative". Par "écosystème", il faut notamment entendre "données d'entraînement" et "ressources humaines". Le public cible englobe la recherche et l'industrie.
Cette ambition s'est traduite par des appels à manifestations d'intérêt émis e septembre. Leur objet, dans les grandes lignes : établir une AI Factory, éventuellement en acquérant ou en mettant à jour des supercalculateurs EuroHPC. Il était possible de proposer, en parallèle, de monter une plate-forme d'expérimentation.
Les 7 dossiers déposés ont tous été retenus (une deuxième levée est prévue pour le 1er février 2025). Deux incluent la dimension de plate-forme d'expérimentation. Ils sont une autre particularité, pour le moment en tout cas : celle de ne pas impliquer le développement d'un nouveau supercalculateur.
L'un d'entre eux, nommé BSC AI Factory, s'appuiera sur MareNostrum 5, hébergé par le Centre national de calcul intensif de Barcelone. Le budget pour son "upgrade IA" avoisine 200 M€. EuroHPC en apportera à peu près la moitié. Le reste proviendra essentiellement de l'Espagne (62 M€) et de la Generalitat de Catalunya (14 M€), ainsi que des trois pays associés à la démarche. En l'occurrence, le Portugal (représenté par la Fundação para a Ciência e a Tecnologia), la Roumanie (Institut national pour la R&D dans l'informatique) et la Turquie (Conseil de la recherche scientifique et technologique). Le projet doit devenir opérationnel pour fin 2025.
L'autre initiative qui exploitera un supercalculateur EuroHPC existant s'appelle Pharos. Elle reposera sur DAEDALUS. En cours de déploiement au Parc technologique et culturel de Lavrion (sud de la Grèce), le système sera géré par GRNET, entreprise publique placée sous les auspices du ministère de la Gouvernance numérique.
Le consortium Pharos inclut deux centres de recherches (dont le "CNRS grec") et l'université polytechnique nationale d'Athènes. Le projet doit démarrer en mars 2025, pour 3 ans. Budget total : 30 M€, à 50/50 entre EuroHPC et la Grèce.
Pour développer la LUMI AI Factory, la Finlande investira jusqu'à 250 M€. L'UE apporte environ 300 M€. Une partie de l'enveloppe proviendra des cinq pays associés (Danemark, Estonie, Norvège, Pologne et République tchèque).
En Italie, la com autour du projet IT4LIA (auquel se sont jointes l'Autriche et la Slovénie) s'oriente moins sur les budgets que sur les KPI. On nous promet notamment "plus de 40 exaflops" en précision mixte sur Linpack. Le système qui sera déployé à ces fins s'inscrira dans la lignée de LEONARDO, supercalculateur EuroHPC hébergé à Bologne par le consortium interuniversitaire CINECA.
En Allemagne, le centre de calcul de l'université de Stuttgart hébergera un projet à 85 M€ qu'il coordonnera : HammerHAI (Hybrid and Advanced Machine Learning Platform for Manufacturing, Engineering and Research). L'Académie bavaroise des sciences est aussi de la partie, comme l'université Georg-August de Göttingen et l'Institut de technologie de Karlsruhe.
À Bissen (Luxembourg), le supercalculateur MeluXina voisinera avec MeluXina-AI, sa déclinaison "optimisée IA". Le consortium qui porte le projet réunit Luxinnovation (agence nationale d'innovation), le LNDS (service national des données), l'université de Luxembourg et l'Institut des sciences et technologies du Luxembourg.
En Suède, MIMER utilisera un supercalculateur "de milieu de gamme" hébergé à l'université de Linköping pour se concentrer notamment sur la santé-médecine (biologie structurale en particulier). L'institut public RISE (Research Institues of Sweden) est dans la boucle.
Dans le cadre des deux AMI, une deuxième relève aura lieu le 1er février 2025.
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