IA Générative : la France devance le Royaume-Uni et l’Allemagne en matière de dépenses
Il n’y a plus aucun doute : l’intelligence artificielle générative est l’une des nouvelles technologies les plus novatrices de ces dernières années. Ses multiples fonctionnalités, telles que la génération de textes, d’images et de sons, peuvent contribuer à accroître la productivité de nombreuses manières, telles que la synthèse de réunions ou encore la production de codes intelligents.
Les entreprises ont compris son intérêt et s’engagent dans cette voie : une récente étude révèle que les entreprises européennes ont déjà dépensé 1,3 milliard $ dans des projets d’IA générative au cours de l’année écoulée.
La France arrive en tête (devant le Royaume-Uni) avec 352 millions $ dépensés par les entreprises françaises pour des initiatives liées à l’IA générative en 2023, soit 20 % de plus que l’Allemagne (294 millions $).1
Dans cette course technologique qui se joue à l’échelle mondiale, les pays européens sont confrontés à des défis qui creusent leur écart technologique avec la Chine et les États-Unis. Leurs investissements dans la R&D ont toujours été inférieurs à ceux des autres pays.
Cette disparité d’investissement entre l’Europe et les États-Unis pourrait être due au fait que les pays européens expérimentent encore l’IA générative alors que les entreprises américaines ont davantage innové et pris de l’avance dans son adoption.
Les réglementations et politiques locales telles que le RGPD et la loi européenne sur l’IA ont amené les entreprises européennes à se concentrer davantage sur les défis liés à l’éthique, aux préjugés qui entourent l’IA et à l’équité, et sont ainsi devenues bien plus prudentes…
GenAI : les raisons du succès français
L’avantage que les entreprises françaises ont eu sur leurs homologues américains et européens peut être attribué à l’initiative dont a fait preuve le gouvernement français.
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En juin 2023, le Président Emmanuel Macron a annoncé un financement de 500 millions d’euros pour créer des champions de l’IA, afin d’encourager la croissance de cette technologie en France et de jeter des bases solides pour en faire le leader technologique en Europe.
Une somme bien supérieure aux dépenses engagées par le Royaume-Uni. Le Président français a également dévoilé son intention de stimuler la formation en matière d’IA en France afin de créer des centres d’excellence dans ce domaine.
On note également le développement de Mistral.ai, une start-up française spécialisée dans l’IA, qui a levé 385 millions € de fonds en vue de développer un nouveau modèle de langage large open source qui concurrencera le ChatGPT d’OpenAI.
La France a également assisté au cours de la dernière décennie à l’émergence de laboratoires de recherche sur l’IA créés par des entreprises technologiques, en raison du nombre croissant de doctorants en informatique et en ingénierie qui souhaitent y travailler. Cela a notamment permis de lutter contre la pénurie de compétences qui menace les pays européens.
Par ailleurs, les mesures prises par le gouvernement français pour accroître les formations en IA contribueront à résoudre le problème du manque de programmes d’apprentissage en Europe.
Un avenir prometteur pour l’hexagone
Être à l’avant-garde de l’IA signifie avant tout établir des cas d’utilisation de l’IA générative qui génèrent de la valeur pour l’entreprise. La France se trouve pour cela en bonne position : alors que la proportion d’entreprises européennes ayant généré une valeur ajoutée émanant de l’IA générative est de 6 %, les entreprises françaises se situent à 9 %, entre l’Allemagne en tête (10 %) et le Royaume-Uni derrière (8 %).
Toutefois, ces chiffres montrent que malgré des dépenses moindres, l’Allemagne et le Royaume-Uni obtiennent davantage de résultats pour leurs investissements dans l’IA générative que la France : si la France dispose de budgets et de centres de formation, elle doit donc se concentrer sur des aspects complémentaires pour dégager davantage de valeur de ses projets d’IA générative !
Le respect de pratiques responsables et la nécessité de développer un modèle d’exploitation axé sur l’IA sont cruciaux. Les entreprises doivent suivre une approche qui repose sur 5 axes prioritaires :
– Produit : Mettre l’IA générative au cœur des produits et solutions, et permettre aux équipes de se concentrer sur le client et favoriser la croissance de l’entreprise.
– Design : L’importance du design pour les solutions d’IA générative favorisera la collaboration entre les équipes de concepteurs, data scientists et éthiciens afin de développer de meilleures expériences.
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– Données : Disposer de données de haute qualité permettra au modèle opérationnel de fonctionner le plus efficacement possible.
– Talents : Les entreprises doivent envisager la montée en compétences, la requalification de leurs talents et le recrutement en interne plutôt que s’appuyer sur des partenaires extérieurs. Le but est de constituer rapidement des équipes adaptées pour chacune des missions.
– Ingénierie : Utiliser une approche basée sur les micro-services, API-first, Cloud-native et Headless (MACH) pour permettre aux nouveaux systèmes d’IA générative d’être rapidement mis en pratique.
Si les entreprises françaises s’appliquent à mettre en œuvre ces bonnes pratiques, soutenues par une infrastructure numérique partagée, une gestion des micro-échanges et un écosystème de partenaires, la France pourrait bien être en passe de devenir l’un des plus importants pôles d’IA au niveau mondial !
1 Selon le « Generative AI Radar 2023 » élaboré par Infosys
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