Plates-formes low code : avec la GenAI, ça change tout ?
Le dernier Magic Quadrant des plates-formes de développement d'applications low code intègre de façon substantielle la dimension GenAI dans l'évaluation des offres. Qu'en ressort-il ?
La GenAI, désormais incontournable dans les plates-formes d'applications low code (LCAP) ?
Gartner en a fait un critère d'inclusion dans le dernier Magic Quadrant consacré à ce segment de marché. Mais uniquement sous l'angle des développeurs. La mise à disposition de telles capacités pour les utilisateurs finaux était effectivement optionnelle. L'intégration de systèmes de design - internes ou externes - l'était aussi. Comme les services de data hub et de data fabric, la prise en charge d'outils d'automatisation des tests ainsi que le support d'architectures "modernes" de type microservices.
Salesforce n'est plus un "leader"
Le positionnement des fournisseurs dans le Magic Quadrant se fonde sur deux dimensions. D'un côté, un axe « exécution » qui reflète la capacité à répondre effectivement à la demande (expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...). De l'autre, un axe « vision » centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...).
Sur l'axe "exécution", la situation est la suivante :
Rang | Fournisseur | Évolution annuelle |
1 | Mendix | = |
2 | Microsoft | + 1 |
3 | OutSystems | - 1 |
4 | Oracle | + 2 |
5 | Salesforce | = |
6 | Appian | + 2 |
7 | ServiceNow | - 3 |
8 | Pegasystems | + 3 |
9 | Zoho | + 1 |
10 | Creatio | + 5 |
11 | Retool | - 4 |
12 | SAP | nouvel entrant |
13 | Newgen | + 1 |
Sur l'axe "vision" :
Rang | Fournisseur | Évolution annuelle |
1 | OutSystems | + 2 |
2 | Mendix | - 1 |
3 | Microsoft | - 1 |
4 | Appian | + 1 |
5 | SAP | nouvel entrant |
6 | ServiceNow | - 2 |
7 | Pegasystems | + 1 |
8 | Retool | + 4 |
9 | Salesforce | - 2 |
10 | Zoho | + 1 |
11 | Oracle | - 1 |
12 | Creatio | - 6 |
13 | Newgen | + 3 |
Salesforce faisait, l'an dernier, partie des "leaders". Il a rétrogradé chez les "challengers". Dynamique plus positive pour Pegasystems, qui passe du carré des "visionnaires" à celui des "leaders". Il y rejoint Appian, Mendix, Microsoft, OutSystems et ServiceNow.
D'une année sur l'autre, un nouvel entrant : SAP. Et cinq sortants. Nommément, Globant (ex-"visionnaire"), HCLSoftware (ex-"challenger"), Huawei, Kintone et Unqork (tous trois ex-"acteurs de niche"). Aucun n'a atteint un CII [customer interest index] d'au moins 50 %. Pour estimer cet indicateur, Gartner s'appuie, notamment sur une analyse du trafic web, des abonnés sur les réseaux sociaux, du volume de recherches et des commentaires sur ses Peer Insights.
Appian et le défi des compétences
L'an dernier, Gartner avait salué, chez Appian, l'intégration de la composante LCAP dans une offre plus large englobant aussi RPA, data fabric et process mining, entre autres. Il avait aussi donné des bons points pour l'écosystème (en particulier l'AppMarket) et la capacité de montée en charge des produits.
Cette fois-ci, Appian est distingué pour l'étendue de sa présence commerciale et la qualité de son réseau d'intégrateurs. Il l'est aussi pour son partenariat avec AWS (combinaison de sa data fabric avec Bedrock et SageMaker) et, plus globalement, sa stratégie produit (modèles GenAI managés, portails de développement de sites, support de standards ouverts et de formats portables).
En 2023, Gartner avait souligné la "courbe d'apprentissage" nécessaire à la maîtrise de l'offre Appian. Il avait aussi relevé que l'entreprise américaine n'était toujours pas rentable (la faute, en particulier, à son expansion sur la plaque Asie et au développement de son réseau de partenaires). Et que ses prix étaient élevés, même si l'édition communautaire aide à mettre le pied à l'étrier.
Cette année encore, le pricing vaut une remarque à Appian. Plus précisément en raison des coûts supplémentaires qu'engendrent des fonctionnalités comme le Case Management Studio et les modèles GenAI managés. Gartner pointe aussi une stratégie commerciale peut cohérente vis-à-vis des organisations de moins de 5000 employés et la difficulté des clients à trouver les compétences adéquates au vu des multiples use cases sur lesquels Appian cherche à s'étendre.
Mendix, à capacité restreinte
En 2023 Gartner avait apprécié, chez Mendix, l'intégration avec les portefeuilles IT et OT de la maison mère Siemens. Il avait aussi noté la bonne perception des produits de l'éditeur sur la plupart des fonctionnalités-clés (tout particulièrement l'intégration API, la sécurité et la gouvernance). Ainsi que les capacités d'innovation (assistance par IA, prise en charge des UX en VR et des jumeaux numériques).
Cette fois-ci, Mendix se distingue sur sa compréhension du marché comme sur sa stratégie marketing, que Gartner juge bien ciblée sur les principales typologies d'acheteurs. Il a aussi pour lui une amélioration du support... et, en conséquence, une proportion importante de clients étendant leurs licences à davantage de use cases et d'utilisateurs.
L'an dernier, Gartner avait regretté un message marketing "trop technique" en plus d'un nombre d'événements communautaires limité. Il avait aussi évoqué un écossytème moins étendu que chez les principaux concurrents et un modèle économique manquant de flexibilité pour couvrir tous les use cases - en plus de prix élevés.
Cette année, Gartner évoque un déficit d'investissement marketing par rapport à la concurrence. Il pointe aussi un réseau de partenaires plus restreint. Et peu de traction hors de ses secteurs de clientèle historiques (industrie manufacturière, services financiers, secteur public).
Le licensing demeure complexe chez Microsoft
En 2023, Gartner avait salué le volume de connecteurs disponibles sur l'offre de Microsoft, les avancées sur la GenAI et les capacités natives de gouvernance. Il avait aussi évoqué l'opportunité de Microsoft 365 et Dynamics 365 pour pousser la brique LCAP.
Cette fois-ci, les bons points viennent du modèle économique, de la stratégie géographique et de l'expérience client. Sur le premier point, de par l'accessibilité de l'offre pour une variété de typologies d'utilisateurs. Sur le deuxième, autant pour le niveau de présence commerciale que le réseau d'intégrateurs. Sur le troisième, pour l'aide à l'implémentation et l'amélioration de la gouvernance (mise à jour de pipelines, coauthoring, visualisation du code source...).
L'an dernier, outre le support des API custom limité à Dataverse, Gartner avait pointé le manque de cohérence des produits (pas évident d'unifier les pratiques, certains outils n'étant pas disponibles pour tous les modèles d'applications). Il avait aussi évoqué un pricing élevé et complexe.
Cette année encore, le cabinet américain mentionne la complexité de la tarification. Il évoque l'existence de frais supplémentaires pour des éléments tels que l'ajout de capacités dans Dataverse et les workflows déclenchés hors de Power Apps. Par rapport à la concurrence, Microsoft peut aussi progresser sur les use cases spécifiques aux équipes de développement logiciel. Ainsi que sur les investissements en conformité.
Des coûts peu prédictibles avec OutSystems
En 2023, OutSystems avait bénéficié d'un bon point pour ses initiatives marketing. La version cloud de sa LCAP lui en avait valu un autre. Comme les capacités d'ensemble de son offre, de l'assistance IA au CI/CD natif.
Cette fois-ci, la stratégie commerciale d'OutSystems est saluée (diversité de la clientèle et solidité du réseau d'intégrateurs). La stratégie sectorielle l'est aussi - elle est "plus avancée" que chez la concurrence. Gartner apprécie également l'engagement vis-à-vis des communautés de développeurs (événements, formations, certifications et projet Morpheus pour la GenAI).
L'an dernier, Gartner n'avait pas salué la stratégie sectorielle, soulignant la nécessité de se tourner vers des partenaires pour des intégrations et une expertise en la matière. Il avait aussi évoqué la montée en compétence nécessaire pour passer de la version sur site à la version cloud. Et la hausse potentielle des coûts avec le nouveau business model fondé sur des "objets d'application" (écrans, tables de base de données, méthodes API...).
Cette année, la stratégie marketing vaut un mauvais point à OutSystems, en ce qu'elle cible largement les équipes de développement logiciel, au détriment d'autres acheteurs. OutSystems est par ailleurs un des rares fournisseurs à avoir augmenté ses prix en 2023. Les coûts, de surcroît, se révèlent peu prédictibles sur le moyen et le long terme. Les clients tendent, en outre, à déplorer un manque de clarté sur la stratégie cloud vs on-prem.
Étiquette BPA pour Pegasystems...
Nouvel entrant chez les "leaders", Pegasystems se distingue sur sa stratégie produit ; entre autres au vu de la prévalance de l'IA dans son offre comme sur sa roadmap. Il affiche aussi un plus fort taux de rétention client que la concurrence. Ainsi qu'une présence globale, un réseau de partenaires et une part de marché importants.
Les revenus croissent toutefois modestement par rapport à ceux de la concurrence. La modèle à l'usage présente par ailleurs des limites notables de capacité qui réduisent son utilité pour les projets pilotes. Pegasystems a par ailleurs une marge de progression pour étendre sa base de use cases BPA vers les applications externes et les initiatives de modernisation.
... et pour ServiceNow
En 2023, Gartner avait noté l'expansion rapide de ServiceNow sur la plaque Asie. Il avait aussi souligné sa capacité de réponse au marché (programme de formation, investissement dans la modernisation ERP...). Et l'adoption des niveaux premium de sa plate-forme, participant de la stratégie d'expansion au-delà du coeur ITSM.
Cette fois-ci, ServiceNow a des bons points sur l'expérience client, la stratégie sectorielle et le marketing. Sur le premier point, il a la capacité de capitaliser sur ses technologies d'automatisation. Sur le deuxième, la clientèle est bien répartie entre secteurs et les partenariats se renforcent avec des entreprises susceptibles d'aider à livrer des solutions verticales. Sur le troisième, ServiceNow se montre capable de cibler les principaux décideurs IT et sa brique BPA reste un influenceur de décisions d'achat.
L'an dernier, l'impossibilité d'importer ses propres systèmes de design avait valu une remarque à ServiceNow. Tout comme l'absence de prise en charge des standards BPMN et DMN. Gartner avait aussi évoqué une offre "chère et complexe".
Cette année, un moindre ciblage des communautés de développeurs vaut à ServiceNow un point de vigilance. Sa stratégie commerciale aussi, en raison de l'absence d'une licence gratuite pour l'usage en prod. Les clients utilisent par ailleurs encore largement ses solutions pour le BPA et l'intégration. Moins pour le développement d'applications externes ou mobiles.
Illustration générée par IA
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