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Au Sommet de l'IA, chacun cherche son chat

Au Sommet de l'IA se croisent des initiatives tantôt concordantes, tantôt discordantes. En voici quelques-unes.

Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le
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Au Sommet de l'IA, chacun cherche son chat
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Nos sociétés, pas prêtes pour les transformations qu'induisent l'intelligence artificielle ?

L'UNI Global Union tient ce discours à l'occasion du Sommet de l'IA. Cette fédération syndicale internationale dit représenter 20 millions de travailleurs du secteur des services. Elle pointe le manque de confiance des travailleurs quant à leur inclusion dans les décisions sur l'usage de ces technologies. Et sur la chance qu'on leur donnera d'acquérir les compétences nécessaires.

Hiatus, un mouvement de résistance au "déploiement massif" de l'IA

En parallèle s'est montée une coalition d'organisations de la société civile qui "entendent résister au déploiement massif et généralisé de l'IA". Nommée Hiatus, elle dénonce "l'inféodation des politiques publiques aux intérêts de la technologie" et les "coûts humains et environnementaux de l'IA". La Quadrature du Net, Framasoft, Attac France et Scientifiques en rébellion figurent parmi ses premiers signataires, au même titre que le Syndicat des avocats de France et le Syndicat de la magistrature.

Financement, outillage, formation : les 10 propositions du MEDEF

Du côté du MEDEF, on émet 10 propositions pour stimuler le déploiement de l'IA. Dans les grandes lignes :

  • Mettre en oeuvre des dispositifs proposés par la Commission de l'intelligence artificielle : création du fonds d'investissement "France & IA" de 10 Md€ et investissement annuel de 5 Md€ sur 5 ans
  • Permettre le déploiement massif de datacenters sur le territoire national
  • Déployer un "répertoire IA" (sélection d'outils standardisés) pour les PME
  • Sensibiliser dès la classe de 6e à l'utilisation de l'IA
  • Pour orienter les jeunes vers des carrières scientifiques, massifier des dispositifs comme les demi-journées "avenir" (collège) et le programme national de rencontres entre femmes ingénieures et scientifiques (collège-lycée)
  • Intégration de modules de formation dans les parcours d'enseignement supérieur
  • Formation des salariés, notamment à travers un usage priorisé du CPF
  • Création d'un "mentorat" de l'IA interentreprises
  • Incitation des salariés à s'emparer de l'IA, y compris en généralisant les chartes de bonnes pratiques
  • Encourager les entreprises à intégrer dans leur maquette RH un Chief Data & AI Officer

Un manifeste "IA éthique" à la Macif...

La Macif a quant à elle profité du Sommet pour publier un "manifeste pour l'utilisation éthique de l'IA". Il introduit notamment un principe de jurisprudence par typologie de cas d'usage, pour ne pas freiner leur diffusion (à partir de chaque projet suivi, on élabore des recommandations à appliquer aux cas similaires). L'analyse éthique mobilise trois types de raisonnements :

  • Conséquentialiste (on considère les effets connus ou anticipés en termes organisationnels, économiques, stratégiques, politiques et sociétaux)
  • Déontologique (on mobilise la réglementation et les normes de la profession)
  • Axiologique (on interroge le sens et le devenir des concepts fondamentaux de l'activité assurantielle)

... et un code de conduite sous la houlette de l'OCDE

L'OCDE a pour sa part communiqué le lancement d'un cadre mondial pour le suivi de la mise en oeuvre du code de conduite élaboré dans le cadre du processus d'Hiroshima sur l'IA. Ce dispositif s'adresse aux organisations qui développent des systèmes d'IA avancés. Amazon, Anthropic, Fujitsu, Google, Microsoft, NEC, NTT, OpenAI, Rakuten, Salesforce et SoftBank, entre autres, y ont souscrit. Le cadre que propose l'OCDE doit permettre d'harmoniser la manière dont ils communiquent leurs mesures et leurs pratiques de gestion des risques.

L'AI Energy Score, distingué par le Gouvernement

On retrouve Salesforce dans une autre initiative mise en avant lors du Sommet : l'AI Energy Score. Cohere, Hugging Face, Meta et l'université Carnegie-Mellon sont aussi dans la boucle. Le principe : un cadre standardisé pour communiquer l'efficacité énergétique des modèles d'IA, mesurée sur 10 tâches. L'évaluation se fait sur un cluster de GPU NVIDIA H100-80 avec Optimum Benchmark ; le suivi de la consommation, avec CodeCarbon. Un environnement sécurisé est disponible pour les modèles propriétaires.
Le gouvernement français a distingué l'AI Energy Score dans le cadre de ses défis "Convergence IA" lancés en novembre 2024 pour "valoriser des projets centrés sur des problèmes technologiques ambitieux ou des problématiques de société visant à démontrer l'utilité de l'IA pour l'humanité dans son ensemble".


Des lancements de produits, de PoC ou d'activités

Le Sommet de l'IA est aussi le théâtre de lancements de produits. Voire d'activités. Il en est ainsi pour Blue Bridge, société de conseil en IA fondée par une ancienne de Publicis et d'Accenture. Une autre ancienne du cabinet américain est au poste de responsable des offres supply chain. Le reste de l'équipe sera annoncé au deuxième trimestre...

Pas de nouveau produit chez Neuralk-AI, mais l'annonce d'un PoC avec Lucky cart pour la création de profil d'acheteurs à partir de l'analyse de tickets de caisse. L'entreprise, fondée par un polytechnicien et un centralien, a développé un modèle d'embedding spécialisé sur les données structurées. Elle a récemment déclaré avoir levé 3,8 M€, avec la participation de business angels tels Thomas Wolf (Hugging Face), Charles Gorintin (Alan) et Xavier Perret (Microsoft).

Cisco a annoncé, pour sa clientèle, un premier fruit de son partenariat avec Mistral AI. En l'occurrence, un agent qui génère des propositions de renouvellement.

Infrastructure : Eclairion vise la Sarthe ; Sesterce, le Rhône-Alpes et le Grand Est

Du Mistral AI, il y en a aussi dans les annonces d'Eclairion. Et pour cause : le premier va héberger un cluster d'IA chez le second. Lieu : Bruyères-le-Châtel (Essonne), où Eclairion a installé son premier site (300 M€ d'investissement initial pour 60 à 80 MW de capacité). La filiale du groupe HPC (du promoteur immobilier Patrice Cavalier) compte en ouvrir un deuxième sur la commune de Bessé-sur-Braye (Sarthe), moyennant 600 M€ d'investissement pour une puissance de 120 MW à l'horizon 2027-2028. Elle est soutenue notamment par Tikehau Capital, qui vient d'annoncer porter son engagement à 160 M€ (il avait injecté 110 M€ en 2023).

Le projet de Mistral AI avec Eclairion implique aussi Fluidstack. Cette entreprise britannique qui fournit des GPU as a service avec des outils d'entraînement et d'inférence. Elle a l'intention de construire, en France, son propre supercalculateur. Investissement initial annoncé : 10 Md€. Objectif : livrer 1 GW de capacité IA en 2026 (avec près de 500 000 GPU) et aller au-delà à l'horizon 2028.

Chez Sesterce, on engage le déploiement d'un datacenter à Valence. Il est censé ouvrir "avant fin 2026". Coût : 450 M€ en infrastructure... et 1,8 Md€ si on intègre le prix des 40 000 GPU prévus. La société vise une deuxième phase dans le Grand Est, sur deux sites d'une puissance globale de 600 MW d'ici à 2028 (500 000 GPU) et 1,2 GW pour 2030 ("plus d'un million" de GPU). Il est aussi question de développer, pour la même échéance, un supercalculateur de 250 MW "dans le Sud [sic]".

"L'OpenAI émirien" à Grenoble... avec AMD

En amont du Sommet, la France avait signé, avec les Émirats arabes unis, un accord-cadre de coopération dans le domaine de l'IA. Celui-ci prévoit "des investissements de la part d'un consortium de champions franco-émiratis" dans le but de créer un campus de datacenters de 1 GW dédié à l'IA en France. Dans le consortium, il y a notamment MGX, véhicule d'investissement derrière lequel se trouvent le fonds souverain Mubadala et l'entreprise G42. Celle-ci tente de développer le "ChatGPT arabe". Un temps proche de la Chine, elle a fini par faire le choix de technologies américaines. Pour le datacenter qu'elle compte ouvrir mi-2025 à Grenoble, ce sera de l'AMD (GPU Instinct). Ce sera chez DataOne. Cette plate-forme d'hébergement créée par BSO et soutenue par Ardian s'est lancée dans deux campus français de DXC Technology.

Ampere n'a pas d'annonce équivalente à faire, mais profite du Sommet de l'IA pour attaquer sur un angle spécifique : la "compatibilité" de ses processeurs avec les systèmes refroidis par air. L'idée : pas besoin de moderniser son infrastructure de datacenter, "contrairement aux concurrents qui conçoivent des produits adaptés aux [systèmes récents] de liquid cooling et aux équipements modernes"...

Illustration © Siqarus - Adobe Stock

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