Pascal Colin (Keynectis): «Tous les métiers auront recours à la dématérialisation»
Celui qui se voyait être « le fournisseur d'identité numérique de la France » en 2004 lors de la création de Keynectis a, depuis, revu ses objectifs. «On existe quand même,constate Pascal Colin,le directeur de cette société de 65 personnes spécialisée dans l'émission de certificats électroniques,c'est bien la preuve qu'il y a un marché. »
Et quel marché. « D'ici 4 à 5 ans, tous les métiers et tous les utilisateurs auront recours à la dématérialisation» ( certificat, facture, fiche de paie électronique.), affirme le chef d'entreprise. Une pratique devenue monnaie-courante pour certains pays comme l'Allemagne où « les PME signent leurs contrats électroniquement» ou dans « les pays du Nord de l'Europe tous équipés ».
La France, pour sa part, en est encore « à ses balbutiements », assure Pascal Colin. Jusqu'ici, notre « lenteur à la décision est quasiment impardonnable», rappelle-t-il. Des propos qui tendent à confirmer l'analyse de l'éditeur de solutions de sécurité STS Group quelques semaines plus tôt. « On a encore peut-être une chance d'être une société numérique, mais il ne faut plus laisser passer le train. »
Et le directeur de Keynectis d'enfoncer le clou: « Technologiquement, nous sommes plus que prêts ! Légalement aussi. Il reste désormais à savoir si les politiques vont y aller ? Car même si [la dématérialisation, l'identité numérique.] demandent des investissements, sur 5 ou 10 ans, on réaliserait des économies énormes. »*
Rassurer les utilisateurs
Partenaire du projet d'identité numérique multi-services, IDéNum, lancé par le secrétariat chargé de la prospective et du développement de l'économie numérique en février 2010, le directeur de Keynectis estime sans fanfaronner que « c'est une bonne idée », mais qu'il y a « encore un peu de travail ».
Un test grandeur nature sera réalisé à la fin de l'année. « De vrais IDéNum [clés USB, cartes, smartphones] seront distribués [.], cela nous permettra d'avoir un retour d'expérience sur le vécu, sur les performances des systèmes», commente Pascal Colin. Et bien avant le lancement de ce prototype, le secrétariat au Numérique indiquait le 2 juin dernier qu'un « cahier des charges [.] en cours de rédaction [allait être] soumis aux partenaires pour avis pendant l'été ».
Aujourd'hui, répète Pascal Colin, « dix millions de Français** télédéclarent leurs impôts, un million d'autres télésignent un crédit à la consommation. » N'empêche, avant que le tout numérique « [révolutionne] les habitudes des citoyens et les modèles économiques», ce dernier estime que « l'Etat et les industriels [ces derniers sont financiers du projet avec les banques] doivent éduquer et rassurer» les citoyens. Vaste projet.
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* Lors de la présentation d' IDéNum, le secrétariat au Numérique indiquait « plusieurs milliards d'euros par an de diminution des coûts », dont « 40 millions pour le commerce en ligne, 1,3 milliard pour le secteur financier, 150 millions pour les assurances, 1,3 milliard pour les administrations. »
** 9,7 millions de foyers en 2009 selon le gouvernement
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