Que d'eau ! Les engagements d'AWS pour en économiser
AWS entend devenir « water-positive » pour 2030. Que recouvre cet objectif ?
AWS, « water-positive » en 2030 ? Cet engagement jalonne le dernier rapport de durabilité d’Amazon.
Le groupe américain promet qu’à cette échéance, sa branche cloud restituera davantage d’eau que n’en consommeront ses activités directes. L’indicateur censé en rendre compte se calcule ainsi : (eau réutilisée + eau restituée dans le cadre de projets de réapprovisionnement) / (volume total d’eau utilisé – volume d’eau issu de sources durables).
L’objectif sera atteint lorsque le résultat sera supérieur à 1.
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Par « eau réutilisée », il faut entendre celle à laquelle AWS parvient à donner un usage en aval de ses installations. En première ligne, l’irrigation. Sur la partie sources durables, on parle essentiellement eau de pluie.
Les projets de réapprovisionnement ne sont pas forcément en lien direct avec les activités d’AWS. À fin 2023, la filiale d’Amazon en menait quinze, dans dix pays. Parmi eux :
– Restauration de bassins en Australie avec l’ONG Great Eastern Rangers
En particulier le principal bassin desservant Sydney… et mis à mal par les feux de forêt en 2019-2020. Objectif : 32 millions de litres d’eau supplémentaires par an.
– Réduction des fuites d’eau en Espagne
Plus précisément dans la municipalité de Villanueva de Gállego (région de Saragosse). Dans cette zone en stress hydrique, des capteurs sonores ont été placés sur les conduites d’eau. Objectif : sauver 33 millions de litres par an.
– Aide à l’agriculture en Inde et en Indonésie avec Water.org et WaterAid
Cela comprend la récupération d’eau de pluie, la réparation de pipelines, la recharge de nappes phréatiques… et l’octroi de micro-prêts pour mener à bien ces initiatives.
Sur l’ensemble de ses projets de réapprovisionnement, AWS estime avoir restitué 3,5 milliards de litres d’eau en 2023. Au global, il a, cette année-là, rempli à 41 % son objectif « water-positive ».
À l’eau, à l’huile
Au sein des datacenters, l’indice WUE (Water Usage Effectiveness) s’est légèrement amélioré. Il est passé à 0,18 l/kWh en 2023, contre 0,19 en 2022 (et 0,25 en 2021). AWS l’impute notamment à ses investissements dans les systèmes limitant la formation de minéraux.
L’année 2023 a aussi marqué le début de la transition vers l’huile végétale hydrotraitée pour les générateurs de secours en Europe (Irlande et Suède en particulier). Ainsi qu’aux États-Unis… mais pas sur l’ensemble du territoire (sourcing difficile dans l’est et le Midwest).
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La construction, l’exploitation et le décommissionnement des bâtiments – dont les datacenters – a représenté ? des émissions GES d’Amazon en 2023. Dans ce contexte, AWS s’emploie à généraliser des matériaux à l’empreinte plus faible. Parmi eux, de l’acier structurel plus résistant (métal refroidi plus rapidement lors de la fabrication). Il estime économiser, par ce biais, 70 t de matière pour chaque datacenter à deux niveaux (et 137 t pour trois niveaux).
Même approche pour le béton. Avec, entre autres, une exigence, codifiée début 2024 dans ses normes de conception : 35 % moins de « carbone embarqué » (= émissions amont) que la moyenne de l’industrie.
Ces travaux sur le béton et l’acier ont permis d’économiser environ 47 tonnes d’équivalent CO2 en 2023, affirme Amazon. Un chiffre à mettre en perspective de l’empreinte globale du groupe : 68,82 mégatonnes. Une valeur en baisse par rapport à 2021 (71,54 Mt) et 2022 (70,74 Mt), mais toujours au-dessus de celles calculées pour 2019 (51,17 Mt) et 2020 (60,64 Mt).
Un travail sur les plastiques dans le datacenter
Les trois quarts de cette empreinte entrent dans le scope 3 (émissions sur la chaîne de valeur). À ce niveau, outre la construction des bâtiments, des progrès ont été faits sur la logistique, à la faveur de réinternalisations et d’une réorganisation du réseau aux USA.
Réduites sur le scope 3 (- 5 %), les émissions le sont aussi sur le scope 2 (émissions indirectes liées à l’électricité achetée) : – 11 %, à 2,79 mégatonnes. La baisse est continue depuis 2019 (5,5 mégatonnes). La conséquence d’un accroissement de la part des énergies renouvelables… et de l’achats de crédits.
Sur le scope 1, au contraire, l’augmentation est ininterrompue depuis 2019. Il faut dire que ce périmètre inclut les flottes de transport et de logistique d’Amazon. Lequel préfère insister sur un KPI d’« intensité carbone » : le volume d’émissions par dollar de ventes brutes. À 80,8 g en 2023, il a diminué de 13 % sur un an.
On aura noté, sur la partie e-commerce, l’usage d’algorithmes d’IA pour optimiser le remplissage des cartons et les types d’emballages fournis aux centres logistiques (en fonction des patterns de commandes).
Dans le datacenter, la durée de vie moyenne des serveurs est officiellement passée de 5 à 6 ans il y a peu. AWS a aussi mené « avec succès » des expérimentations allongeant de jusqu’à deux ans le cycle d’exploitation des disques durs liés à S3. Les racks contiennent quant à eux, depuis l’été 2023, au moins 30 % de plastique recyclé ou biosourcé.
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