Cesare Garlati (Trend Micro) : « La consumérisation exclut l'IT de l'entreprise »
Trend Micro, éditeur de solutions de gestion et de sécurité pour l'entreprise, se penche sur le phénomène de la consumérisation. Particulièrement celle qui touche les terminaux mobiles personnels, de plus en plus utilisés à des fins professionnelles. Une manière pour l'éditeur installé au Japon de mieux connaître les usages afin d'y répondre le plus finement possible. L'entreprise a d'ailleurs recruté Cesare Garlati, directeur consumérisation de Trend, devenu, après la question du cloud, le second évangéliste maison. C'est dire l'importance que Trend accorde à la question.
Pour débroussailler le terrain, Trend a donc commandé une étude réalisée en juin 2011 par DecisiveAnalytics auprès de 2000 entreprises de toutes tailles, tous secteurs et installées aux États-Unis, en Allemagne et au Japon. Premier enseignement, la consumérisation et, plus encore, le BYOD (Bring Your Own Device) sont une réalité dans les entreprises aujourd'hui. Elles sont en moyenne 56 % à autoriser l'usage des terminaux personnels (smartphones et tablettes, mais aussi laptops). Ce qui ne veut pas dire que ces usages sont absents des 44 % des organisations qui n'autorisent pas les nouvelles pratiques.
On constate néanmoins des différences selon le profil et la culture des entreprises. Aux États-Unis, le taux d'autorisation monte à 75 %. Tandis que le Japon se montre frileux avec seulement 36 % des entreprises qui accueillent officiellement les terminaux personnels. L'Allemagne se situe dans la moyenne avec 59 %. Ce qui, selon Cesare Garlati, est une représentation assez fidèle de la situation européenne. Dans une autre étude européenne, conduite par Loudhouse Research, les entreprises françaises seraient 52 % à autoriser l'usage des terminaux personnels à des fins professionnelles pour des taux évoluant entre 35 % (Suède) à 67 % (Pays-Bas). La France se situerait donc parmi les pays européens les plus progressistes en la matière.
La consumérisation, un choix économique ?
La taille de l'entreprise joue par ailleurs. Celles qui emploient 1500 personnes sont 65 % à autoriser le BYOD. Un taux relativement proche (63 %) pour les organisations de 2500 à 5000 personnes. Enfin, au-delà et sous un millier d'employés, l'accueil des appareils personnels tombe à 50 %. Si le secteur de l'éducation est le plus ouvert (80 % des autorisations), ceux propres à la mobilité affichent des taux élevés : 69 % pour la santé, 68 % pour les services IT, 65 % pour les métiers de l'hôpital, autant pour les consultants. Le secteur le moins ouvert restant celui des organisations gouvernementales.
Est-ce un choix économique qui pousse l'entreprise à accepter les terminaux personnels (en économisant l'achat des appareils) ? « Je ne sais pas, répond franchement Cesare Garlati qui avoue manquer de données pour y répondre. Mais c'est un phénomène qu'on ne peut pas empêcher. La consumérisation n'est pas tirée par l'IT mais par les usages, eux-mêmes renforcés par la facilité d'utilisation et la gratuité ou l'offre économique des services. Et chercher à interdire ces usages, c'est prendre le risque de pousser les salariés à basculer dans l'interdit, dans l'underground. Il y a toujours un moyen de contourner les règles de l'entreprise. La consumérisation exclut l'IT de l'entreprise. »
Il n'est effectivement pas certain que le BYOD génère beaucoup d'économies pour l'entreprise, qui doit alors supporter la gestion multiplateforme des terminaux et régler la question de la gestion des données professionnelles et personnelles. D'ailleurs, dans 69 % des cas, les terminaux mobiles sont la propriété de l'entreprise, selon l'étude. « Le bénéfice pour l'entreprise se trouve dans l'agilité, c'est-à-dire la capacité à intégrer de nouvelles technologies rapidement pour répondre au marché, soutient l'évangéliste de Trend Micro. De plus, cela attire et retient les talents. » Avec la consumérisation, le bénéfice de l'entreprise est donc ailleurs, plus dans la richesse humaine que dans la recherche d'économies. D'autant que le laptop reste le premier outil personnel de travail : c'est lui qui se connecte au réseau de l'entreprise dans 66 % des cas en moyenne contre 25 % pour les smartphones et 9 % pour les tablettes.
Une approche en trois étapes
Aussi incontournable soit la consumérisation dans l'entreprise, cela ne signifie pas que celle-ci l'intègre à sa politique intérieure : 41 % des organisations n'offrent aucun support IT aux terminaux personnels. Et 39 % proposent un service limité alors que seuls 20 % assurent une prise en charge complète. « On est dans la pratique du "apporte tes appareils personnels si tu veux, mais ne me demande pas de m'en occuper", ce n'est pas très stratégique », souligne Cesare Garlati. Néanmoins, lorsque c'est le cas, la sécurité est le premier poste pris en compte (37 %) devant l'assistance technique (24 %), les terminaux (23 %) et même la mobilité (14 %). Car, rappelle notre interlocuteur, « il n'y a pas encore de département consumérisation dans les entreprises ».
La solution commence donc, aux yeux de Trend Micro, par l'urgence à « embrasser la consumérisation ». Une approche que l'éditeur présente en trois étapes : instaurer une stratégie pour intégrer la consumérisation dans les murs de l'organisation aux côtés des premiers utilisateurs, quitte à revoir sa politique de sécurité ; définir des priorités, les départements et les profils d'utilisateurs qui bénéficieront de la consumérisation ; enfin, déployer les terminaux à l'aide des outils de contrôle de sécurité et de gestion adéquates.
C'est évidemment lors de cette troisième étape que Trend Micro entend intervenir avec ses solutions type OfficeScan de gestion de parc et ses modules optionnels Mobile Security (dédié aux mobiles) et DLP (protection des données), Deep Security ou encore Titanium for Android et SafeSync. Cesare Garlati en profite pour nous annoncer que, dès cet été, l'offre Trend Micro sera étendue au support des smartphones Windows Phone. Selon lui, s'il est encore difficile de savoir comment va évoluer le marché des smartphones et tablettes, Android, Windows Phone, iOS et BlackBerry constitueront les seules plates-formes mobiles du marché mondial pour les trois prochaines années avec 44 %, 20 %, 17 % et 13 % du marché chacun respectivement en 2015 (selon IDC).
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