Cloud souverain : OVHCloud et Google Cloud se séparent

Deux ans après son annonce, l’accord entre OVHCloud et Google Cloud sur l’exploitation de la plateforme Anthos est caduque. Les conditions d’exploitation des mises à jour de la plateforme seraient en cause.

Le partenariat entre OVHCloud et Google Cloud est terminé. Deux ans, quasi jour pour jour, après son annonce, les deux groupes l’ont annoncé dans une déclaration commune relayée par l’AFP.

« Cette décision résulte d’un constat conjointement partagé (…) mais ne remet en cause ni les technologies développées ni les possibilités de futures collaborations » indique-t-elle.

De quoi parle-t-on ? Il s’agit de Anthos, la plateforme kubernetes de gestion d’applications sur site et dans le Cloud.

A l’époque de l’accord avec Google Cloud, OVHCloud annonçait que Anthos serait proposée dans le cadre d’une nouvelle offre Hosted Private Cloud  « rendant cette technologie compatible avec les technologies opensource, depuis sa propre infrastructure dédiée, hyper évolutive et entièrement exploitée et gérée en Europe, par les équipes OVHcloud.»

Deux ans plus tard, ce sont ces conditions d’exploitation et de gestion d’Anthos sur l’infrastructure du fournisseur roubaisien qui aurait fait capoté l’accord.

 « Le groupe français OVHCloud a renoncé à utiliser un logiciel de Google pour son offre de cloud (informatique dématérialisée), faute d’accord sur les conditions de mise à jour du produit », ont indiqué les deux entreprises.

OVHCloud refuse les MaJ automatiques d’Anthos

Mais selon Octave Klaba et Michel Paulin, les deux dirigeants de OVHcloud, ce sont les conditions d’exploitation de la plateforme qui seraient en cause  : ils n’ont  pas réussi à obtenir de Google Cloud des garanties sur le maintien à l’avenir de la « déconnexion » entre ses propres serveurs et ceux du géant américain.

Selon leur explication, l’hyperscaler américain souhaitait que les mises à jour s’effectuent directement via une connexion informatique quand le groupe français voulait procéder par ses propres moyens . 

« Cette solution n’était pas acceptable pour OVHCloud, qui veut maintenir, par souci de sécurité des données, une séparation totale entre ses serveurs et ceux de Google. Il faut savoir que vous pouvez recevoir jusqu’à 50.000 modifications par jour » pour un service de cloud, a affirmé Michel Paulin, le directeur général d’OVHCloud, à l’AFP.

La souveraineté technologique en question

Si la rupture d’un accord technologique n’est pas rare dans le secteur IT, celle-ci est assez emblématique car elle s’inscrit dans une réflexion plus large sur la souveraineté technologique des pays de l’Union européenne, très dépendantes des technologies Cloud des GAFAM. 

Plusieurs alliances ont vu le jour pour offrir des services managés aux  entreprises  européennes via  les hyperscalers américains en garantissant l’intégrité et la confidentialité de leurs données    face aux éventuelles demandes des autorités US.

Dans ce cadre, l’équipementier Thalès s’est associé avec Google Cloud dans une co-entreprise baptisée S3NS qui devrait être opérationnelle en 2024

C’est à cette période que devrait aussi démarrer Bleu gérée par Orange et Capgemini en exploitant les technologies de Microsoft Azure.

La fin du partenariat entre OVHCloud et Google Cloud va-t-elle semer le trouble sur la capacité de ces alliances économico-diplomatiques à exister sur la durée ?  Et  sur le choix des entreprises de s’y engager sans craindre pour le développement de leur projets IT ?