IA générative : l’Autorité de la concurrence pointe de sérieux risques

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Dans un avis consultatif, l’Autorité de la concurrence a identifié les risques concurrentiels liés à l’intelligence artificielle générative et formule des recommandations pour y remédier.

Les risques concurrentiels identifiés par l’Autorité de la concurrence sont nombreux et variés.

Tout d’abord, les grandes entreprises du numérique bénéficient d’un accès privilégié aux intrants nécessaires pour l’entraînement et le développement des modèles de fondation, ce qui leur confère un avantage concurrentiel important.

Ces intrants comprennent la puissance de calcul, les données et les talents. Les grandes entreprises ont la capacité d’acheter en grande quantité et de négocier des accords préférentiels avec des fournisseurs de processeurs graphiques tels que Nvidia, ainsi que de développer des accélérateurs d’IA spécifiquement adaptés à leurs écosystèmes. Elles ont également accès à un grand volume de données, grâce à leurs propres services ou à des accords avec des propriétaires de données tierces. Enfin, elles attirent les talents grâce à des salaires attractifs et des conditions de travail avantageuses.

Cet accès privilégié aux intrants clés du développement de l’IA générative renforce la position dominante de ces entreprises sur les marchés en lien avec cette technologie. Les avantages découlant de leur intégration verticale et conglomérale, tels que les économies d’échelle et de gamme, les effets de réseau et l’accès à une masse critique d’utilisateurs, leur permettent de proposer des services et des produits innovants et compétitifs. Cependant, cette position dominante peut également générer des risques concurrentiels importants.

L’Autorité de la concurrence a identifié plusieurs risques concurrentiels en amont de la chaîne de valeur de l’IA générative. Tout d’abord, les grandes entreprises du numérique pourraient abuser de leur position dominante sur les marchés des composants informatiques, tels que les processeurs graphiques et les logiciels de programmation, en fixant les prix, en limitant la production ou en imposant des conditions contractuelles déloyales.

De plus, la dépendance du secteur envers le logiciel de programmation CUDA de Nvidia, qui est le seul environnement parfaitement compatible avec les GPU devenus incontournables pour le calcul accéléré, suscite des préoccupations. Les récentes annonces d’investissements de Nvidia dans des fournisseurs de services cloud spécialisés dans l’IA, tels que Coreweave, renforcent ces inquiétudes.

Le rapport souligne également les risques de verrouillage par les grands fournisseurs de services cloud, qui proposent des offres de crédits cloud élevés aux start-ups actives dans le secteur de l’IA générative, ainsi que des pratiques de verrouillage technique telles que des obstacles à la migration. Ces pratiques pourraient être appréhendées sur le fondement de l’abus de position dominante.

Les entreprises innovantes du secteur pourraient également être confrontées à des pratiques de refus d’accès ou d’accès discriminatoire aux données, ainsi qu’à des accords d’exclusivité entre les grandes entreprises du numérique et les créateurs de contenu, qui limitent l’accès aux données des utilisateurs. Enfin, les accords de non-débauchage et de fixation des salaires entre entreprises pourraient constituer des pratiques anticoncurrentielles prohibées.

Risques concurrentiels

Face à ces risques concurrentiels, l’Autorité de la concurrence  formule plusieurs recommandations pour favoriser une concurrence loyale et équitable sur les marchés en lien avec l’IA générative. Tout d’abord, elle recommande de renforcer la transparence des algorithmes utilisés par les grandes entreprises du numérique, afin de permettre aux régulateurs et aux concurrents de mieux comprendre leur fonctionnement et d’identifier d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles.

L’Autorité  préconise également de promouvoir l’interopérabilité et la portabilité des données, afin de faciliter le changement de fournisseur de services cloud et de réduire les coûts de migration pour les entreprises innovantes du secteur. Elle encourage également les acteurs du marché à adopter des pratiques commerciales loyales et transparentes, telles que la divulgation complète des conditions d’accès aux données et la mise en place de mécanismes de règlement des différends.

Enfin, l’Autorité recommande de renforcer la coopération entre les régulateurs nationaux et internationaux, afin de mieux appréhender les enjeux concurrentiels liés à l’IA générative et de coordonner les actions de régulation. Elle souligne également l’importance de la sensibilisation et de la formation des acteurs du marché aux enjeux concurrentiels, afin de favoriser une culture de la concurrence loyale et équitable.