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La fibre aérienne au service du Très Haut Débit en France

Alternative économique aux boucles locales souterraines, la fibre aérienne constituera un tiers des prises optiques en France en 2022. Un guide pour harmoniser ces déploiements est publié.

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La fibre aérienne au service du Très Haut Débit en France

En 2022, 80% des foyers et locaux professionnels français profiteront du très haut débit (au moins 30 Mbit/s) en FTTH (fibre à domicile). C'est du moins l'ambition affichée par le plan France THD du gouvernement. Ce qui implique le déploiement d'une nouvelle infrastructure de télécommunication où les technologies optiques viendront remplacer le vieillissant réseau téléphonique à base de paires de cuivre. Un projet estimé à 20 milliards d'euros financé de manière tripartite entre les opérateurs privés (chargés de couvrir 57% des foyers des zones denses et moyennement denses à hauteur de 6 à 7 milliards d'euros), les collectivités locales (pour les zones moins denses via les réseaux d'initiative publique (RIP) pour plus de 13 milliards d'euros) et l'Etat (qui injectera 3,3 milliards d'euros issus des fonds du Programme des investissements d'avenir).

Si la plupart des déploiements de la fibre jusque chez l'abonné (la boucle locale) se fait en souterrain sur les infrastructures existantes, les fourreaux, afin d'optimiser les investissements, il arrive que le déploiement aérien s'inscrive comme une alternative nécessaire pour la construction du réseau de nouvelle génération. Particulièrement dans les zones rurales où l'aérien présente un facteur d'économie sans commune mesure avec les dépenses nécessaires en génie-civil pour l'installation de fourreaux sous terre. La fibre aérienne viendra donc s'appuyer sur des infrastructures préexistantes qui n'ont pas été conçues pour supporter ce media et dont le déploiement ne doit pas gêner les services pour lesquels ils ont été construits. Poteaux de support de câbles électriques (exploités par ERDF) et téléphoniques (d'Orange) pour l'essentiel.

132 pages pour accompagner la fibre aérienne

C'est dans cette optique que la plate-forme interprofessionnelle Objectif Fibre, à laquelle contribue le Serce, le Syndicat des entreprises de génie électrique et climatique qui réunit quelque 260 entreprises, publie aujourd'hui un guide pratique sur le déploiement de la boucle locale optique mutualisée (Blom) sur support aérien. Destinés aux acteurs chargés du déploiement de la fibre en zones moins denses (aménageurs, concepteurs, installateurs électriques, opérateurs, collectivités territoriales, conseils, centres de formation.), ce guide de 132 pages recense l'ensemble des problématiques propre au choix des câbles et matériaux, aux méthodes de déploiement, aux modes de pose, aborde les questions de la sécurité, présente les boîtiers de branchements, propose des outils de mesures et vérification, mais aborde aussi la réglementation de travail, les nécessaires conventions multipartites, le cadre législatif, et même la formation des installateurs.

Un travail exhaustif réalisé en concertation avec les différentes parties prenantes (représentants des équipementiers, opérateurs, installateurs, centres de formation, Afnor, la Mission Très Haut Débit de l'Agence du Numérique, Arcep, Firip, Avicca.) qui vise à homogénéiser les architectures et les méthodes de déploiement de la Blom, tant dans le domaine public que privé, afin de répondre au besoin de pérennité et de qualité d'une infrastructure optique taillée pour les quarante prochaines années au moins. Plus d'un tiers de l'ensemble des déploiements optiques devraient se faire en aérien. Jusqu'à 80% dans les zones particulièrement peu denses. « La qualité des déploiements en aérien constitue donc une condition indispensable à la réussite du Plan France Très Haut Débit », souligne Antoine Darodes, directeur de l'Agence du numérique, dans la préface du guide.

L'indispensable harmonisation des réseaux optiques

Cette initiative s'inscrit dans la nécessaire harmonisation des techniques propres au déploiement de la fibre optique à l'échelle nationale en regard du grand nombre d'intervenants. Dans cette optique, rappelons que l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a pris des dispositions, l'été dernier, pour harmoniser l'interconnexion des réseaux optiques mutualisés entre opérateurs d'immeubles et opérateurs commerciaux d'une part mais aussi entre les opérateurs eux-mêmes.

En juillet 2015, 74 collectivités territoriales avaient déposé des demandes de subvention auprès de l'Etat pour déployer des RIP dans 87 départements. Selon les projections, 500?000 prises FTTH devraient avoir été déployées à la mi-2016 par les RIP et atteindre alors un rythme d'un million de prises optiques par an. Plus de 6,3 millions de foyers et locaux d'ici 2020 (et 800?000 bénéficieront de la montée en débit ADSL) en zones peu denses. Au deuxième trimestre 2015, 4,7 millions de logements et locaux étaient raccordables à un réseau FTTH pour 1,14 million d'abonnés effectifs. Néanmoins, le très haut débit est aujourd'hui essentiellement porté par l'offre «?câblo-optique?» (FTTB/LA) de Numericable-SFR qui, toujours au deuxième trimestre 2015, couvrait 6,5 millions de résidences. Et le câblo-opérateur affiche son ambition de déployer 22 millions de prises THD, dont 10 millions en «?empreinte câble?», en 2022. Une alternative technologique à la fibre de bout-en-bout qui risque de porter un coup à l'harmonisation des technologies optiques de la boucle locale, qu'elle soit souterraine ou aérienne.

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