Le Cloud privé progresse plus vite que le Cloud public en Europe
Un paradoxe. Alors que, au troisième trimestre 2016, les dépenses dans les infrastructures IT du Cloud public ont été plus élevées que celle du Cloud privé à l'échelle mondiale (respectivement de 5,1 milliards de dollars et 3,3 milliards), en Europe, c'est l'inverse. Les entreprises de la zone EMEA (Europe, Moyen Orient, Afrique) ont investi 700 millions de dollars dans les serveurs, système de stockage et commutateurs réseaux des Cloud public contre 900 millions des infrastructures privées (équipements sur site et hors site) sur la même période, rapporte IDC.
Recul des équipements IT traditionnels
Si l'écart est mince, les deux segments se distinguent dans leur croissance annuelle. Celle-ci s'élève à 24,8% pour le Cloud privé qui occupe désormais 14% du marché des dépenses IT (10% en 2015), contre 13,9% pour le Cloud public qui s'accapare 11% du secteur (9% il y a un an). Si les solutions «?traditionnelles?» regroupent toujours, et de loin, la majorité dépenses IT avec 3,9 milliards de dollars (et 59% du marché), elles affichent un sérieux recul de 14,5 points. Conséquences, les investissements dans le hardware ont diminué de 8% au troisième trimestre. Ils sont passés de 7,3 milliards à 6,7 milliards.
Il n'en reste pas moins vrai que la demande pour construire le Cloud reste dynamique pour le plus grand profit de ses fournisseurs Cisco, DellEMC, Fujitsu, Hitachi, HPE, IBM, Lenovo, NetApp, Oracle, et les ODM principalement. Une demande qui se traduit par une croissance de 19,5% à 1,5 milliard de dollars. Un marché sur lequel les solutions de stockage constituent le premier centre des investissements Cloud avec 44,8% des achats (en valeur), en hausse de 8,6% sur l'année.
Près de 11 milliards en 2020
Une croissance qui devrait s'accélérer. « IDC s'attend à ce que ce marché atteigne une valeur de 10,9 milliards de dollars d'ici 2020, par rapport aux prévisions sur cinq ans, soit 35,4% des dépenses totales du marché », avance l'analyste Kamil Gregor, spécialisé sur l'offre d'infrastructure en Europe. Le marché sera notamment porté par l'Internet des objets (IoT) qui entraine les besoins en analytique et Big Data.
En revanche, la réglementation devient « un inhibiteur de plus en plus important dans l'adoption du Cloud dans la région », ajoute l'analyste qui fait référence à « la volatilité politique dans l'Union européenne » en 2016 et qui se poursuivra probablement en 2017 avec la fin de la période de transition vers le GDPR (General Data Protection Regulation). Paradoxalement, le Cloud s'inscrit bien comme une alternative à cette instabilité. « Les entreprises sur le fil de l'innovation cherchent des moyens d'atténuer ces problèmes, par exemple en utilisant la technologie blockchain du monde des transactions financières et en l'appliquant à l'automatisation de la conformité aux règles dans les environnements de Cloud complexes », justifie Kamil Gregor. A vérifier l'année prochaine.
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