DevOps : le marché sous l’angle des plates-formes

Magic Quadrant DevOps 2024

Périmètre resserré pour le deuxième Magic Quadrant des plates-formes DevOps, concentré sur les offres « généralistes ». Qu’en ressort-il ?

Les plates-formes DevOps, assez en vogue pour y consacrer un Magic Quadrant ?

Gartner avait franchi le pas l’an dernier. Le cabinet américain avait souligné que l’approche toolchain restait majoritaire, mais que le mouvement vers des offres intégrées était une tendance suffisamment forte. Il avait classé 14 fournisseurs et dégagé 3 « leaders » : Atlassian, GitLab et Microsoft.

Ils sont moins nombreux cette année, notamment en conséquence d’un durcissement des critères d’inclusion. Bitrise, par exemple, perd sa place à défaut de proposer une plate-forme suffisamment générique (la sienne se focalise sur les usages mobiles).

Codefresh aussi est sorti des radars. Pour une autre raison : il ne figure pas dans le top 20 du marché sur la foi d’un indicateur d’« intérêt client » (Consolidated Customer Interest). Il se fonde sur plusieurs dimensions, dont le volume d’offres d’emploi sur un panel de sites, les mentions sur les Peer Insights de Gartner et les « innovations relevées par des publications majeures »…

Google Cloud quitte auss le Magic Quadrant des plates-formes DevOps, n’ayant plus de produit dédié. Même sort pour VMware, mais c’est faute d’avoir atteint les paliers requis de clientèle et de croissance de revenus.

Plates-formes DevOps : 11 fournisseurs, 4 « leaders »

Un fournisseur fait son entrée : Buildkite, comme « acteur de niche », aux côtés de JetBrains. Les « leaders » sont désormais quatre : Harness a rejoint ce cercle.

Sur l’axe « vision », censé refléter les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…), les fournisseurs se positionnent comme suit :

  Fournisseur Évolution annuelle
1 GitLab + 1
2 Microsoft – 1
3 Harness =
4 Atlassian =
5 AWS + 1
6 Red Hat + 3
7 JFrog + 3
8 CircleCI + 5
9 CloudBees + 2
10 Buildkite nouvel entrant
11 JetBrains – 6

 

Sur l’axe « exécution », porté sur la capacité à répondre effectivement à la demande (expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…) :

  Fournisseur Évolution annuelle
1 GitLab =
2 Microsoft =
3 Atlassian =
4 JFrog + 1
5 Harness + 4
6 CircleCI + 2
7 CloudBees =
8 Red Hat – 4
9 Buildkite nouvel entrant
10 AWS + 1
11 JetBrains – 1

 

Atlassian manque de flexibilité commerciale…

Salué l’an dernier pour l’exhaustivité de sa marketplace, Atlassian l’est à nouveau. Gartner y ajoute l’ampleur du réseau de partenaires.
Autre point positif toujours d’actualité : l’aspect collaboration, symbolisé par l’intégration efficace de Jira, Jira Service Management et Confluence… lequel a « peu de concurrence ».
Bon point également sur le volet innovation (planification DevOps intégrée, modèle de données commun, etc.).

Comme l’an dernier, Gartner relève la faible adoption de la brique CI/CD Bitbucket par rapport aux autres produits d’Atlassian. Le cabinet note aussi la nécessité d’intégrer des outils externes pour des fonctionnalités telles que la gestion des feature flags.
Vigilance également sur le modèle commercial. Les ventes se font principalement en direct, à prix fixe. Attention par ailleurs à la conformité limitée des produits cloud : pas de certifications que Gartner juge importantes, comme FedRAMP, alors même que l’une des options on-prem (gamme Server) est arrivée en fin de vie cette année.

… comme GitLab

La sécurité native reste un point fort de GitLab. Et elle continue à se renforcer, y compris via des acquisitions comme celle d’Oxeye.
Gartner relève aussi une forte satisfaction client (un des NPS les plus élevés sur les Peer Insights). Ainsi que, plus globalement, la variété des outils proposés et leur capacité à couvrir les nombreux rôles métiers.

Comme pour Atlassian, Gartner a à redire sur le modèle commercial. En particulier au vu des remises « moins agressives » que chez la concurrence, surtout sur le premium. Mais aussi du fait du manque de flexibilité de l’offre, vendue comme un seul produit (même s’il est depuis peu possible d’ajouter des sièges sur les licences Ultimate).
GitLab peut également mieux faire sur l’intégration de l’open source, variable en qualité, y compris sur la documentation et sur les calendriers de mise à disposition.

Harness, en retard sur la satisfaction client

Harness se distingue sur la capacité de son offre à soutenir le DevOps cloud-native. De récentes acquisitions comme celle d’Armory ont contribué à renforcer cette position.
Sur l’année prise en considération, l’entreprise américaine a ajouté davantage de capacités DevOps à son produit que tout autre fournisseur classé au Magic Quadrant. Par exemple, un dépôt de code, de l’IDP et de quoi mettre à l’échelle les déploiements Terraform.

La plate-forme de Harness suppose une certain courbe d’apprentissage. D’autant plus qu’elle manque d’une UI intuitive et de bonnes pratiques détaillées. En outre, la satisfaction client est en retrait (sur la foi des Peer Insights), aussi bien sur l’intégration que le service et le support. Quant à la localisation des données, elle se limite aux États-Unis.

Microsoft avance toujours avec un doublon

Comme en 2023, les points positifs de Microsoft sont sa communauté d’utilisateurs, son IA Copilot et son focus collaboratif. Sur le premier point, GitHub obtient le plus haut score de reconnaissance dans les Peer Insights. Sur le deuxième, GitHub Copilot, en plus d’être innovant aux yeux de Gartner, est souvent un levier d’investissements.

D’une année sur l’autre, la remarque « risque de doublons en plus des écarts fonctionnels » entre GitHub et Azure DevOps demeure. Même chose pour l’absence de support natif des métriques de performance. S’y ajoute, cette année, la complexité de GitHub, qui n’a pas la facilité d’usage d’autres outils fondés sur la construction visuelle de pipelines. Attention aussi sur la mise en place des intégrations.

Illustration © ArtemisDiana – Adobe Stock