Guy Mamou-Mani, Syntec Numérique, à propos de gouvernance
Président de la chambre professionnelle Syntec Numérique, Guy Mamou-Mani précise dans cet entretien le rôle de l'organisation dans les réflexions ouvertes par l'exécutif français sur la gouvernance et la fiscalité de l'économie numérique.
Fédération patronale représentant près de 1200 groupes et sociétés membres de l'industrie informatique française, Syntec Numérique compte parmi les acteurs appelés à participer aux réflexions engagées par le gouvernement sur l'avenir de la filière numérique. Guy Mamou-Mani, président de l'organisation et codirigeant de la SSII Groupe Open, détaille dans cet entretien la stratégie engagée dans ce domaine.
Silicon.fr - Quelle est la participation de Syntec Numérique dans les réflexions sur la gouvernance et la fiscalité numérique ?
Guy Mamou-Mani - Syntec Numérique est en contact avec le Gouvernement, le cabinet de Fleur Pellerin et notamment Jean-Baptiste Soufron qui a lancé une consultation des acteurs du numérique afin de renforcer le CNNum.
Cette consultation est une très bonne chose et une chance. Je veux y voir la volonté de la ministre et du gouvernement de renforcer la concertation avec les acteurs de l'industrie du numérique, mais aussi ses utilisateurs et ses bénéficiaires, en prenant le meilleur de l'existant et en le renouvelant, parce que le numérique est un secteur en mutation rapide.
Le projet qui serait de renforcer à la fois la partie expertise et la représentativité de tous les acteurs des filières de cette nouvelle industrie et de ses utilisateurs a tout mon soutien.
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Il faut bien comprendre ce qu'est le numérique : c'est d'abord les producteurs de services et de technologies de l'information, qui fournissent services et produits sur le marché, pour les entreprises et les particuliers. On y trouve les SSII, les éditeurs de logiciels, les équipementiers et les opérateurs de télécoms. C'est ensuite l'économie web, celle des pure players, ces entreprises basées sur le web, e-commerce, médias et services en ligne BtoC.
C'est enfin l'ensemble des usagers, comprenant, d'une part, les autres industries et services en cours de transformation par le numérique, comme les administrations, les banques, l'aéronautique, les industries de santé et, d'autre part, les particuliers, utilisateurs du numérique qui transforme leur manière de travailler, d'apprendre, de consommer ou d'exercer leur responsabilité de citoyen.
Aussi, je souhaite que cette réflexion sur la gouvernance permette une meilleure articulation entre les différents outils tels l'observatoire du numérique et la « filière TIC ». Il est impératif que les décideurs publics puissent disposer de mesures et de références fiables sur l'ensemble de l'écosystème numérique et que ceux qui sont les producteurs du numérique puissent être consultés sur les politiques publiques de soutien en faveur de l'innovation numérique, le cadre juridique et fiscal de leurs activités et la structuration de leur industrie en pleine phase de croissance.
Notre secteur doit bénéficier de données partagées par tous sur l'emploi, la formation, la responsabilité sociétale et la création d'entreprises ainsi que des indicateurs comme, par exemple, la progression de la modernisation de l'État.
Je souhaiterais également que cette réflexion conduise aussi à renforcer le fonctionnement interministériel de la gouvernance partagée du numérique, afin que l'ensemble des politiques publiques, et les usages qui leur sont liés, soient pris en compte, dont : la santé, l'éducation, la recherche, l'apprentissage, la réforme de l'État et le développement à l'export. Une ouverture sur le Parlement qui permette d'associer la représentation nationale est également nécessaire.
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L'intervention de l'État se justifie-t-elle sur l'ensemble de la filière ?
Aujourd'hui, l'intervention d'un État agile est attendue sur le soutien à l'innovation et à la croissance des PME. Les financements du capital-risque et leurs supports manquent pour la phase B, pour la mise en production et son industrialisation. Il faut garder les champions français, les aider à grandir, les soutenir à l'export, et permettre la création d'ETI ainsi que la défense de business models prometteurs.
Le rôle essentiel de l'État est, pour résumer, de soutenir la création d'un écosystème favorable à l'émergence de champions mondiaux et de prendre toute sa responsabilité dans la valorisation du secteur du numérique qui représente les emplois de demain à forte valeur ajoutée, et qui porte des solutions concrètes pour la compétitivité de notre pays.
Quels sont, d'après vous, les principaux leviers de sortie de crise ?
Le principal levier de la sortie de crise est une volonté politique construite et affirmée de prendre à bras le corps le soutien à l'émergence d'une industrie du futur qui est aussi en même temps le futur de l'industrie.
C'est la compréhension de l'apport du numérique, levier de croissance et levier de reconfiguration de toute l'industrie française, qu'elle soit traditionnelle ou innovante, qui sera déterminante dans les politiques stratégiques de sortie de crise. Il nous faut savoir si la France va prendre le pli de cette révolution industrielle majeure, révolution qui commande plus à une néoindustrialisation qu'à une réindustrialisation.
Il faut, enfin, mener les bons combats. C'est dans les stratégies de sortie de crise qui prendront en compte le levier formidable de transformation du numérique que l'on reconnaîtra assurément une conduite de changement dans notre pays pour aller chercher la croissance.
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