Cloud hybride : NetApp déploie sa stratégie en France
Sous la direction de Guillaume de Landtsheer, NetApp développe en France sa stratégie Data Fabric. Quels en sont les marqueurs ?
Développer une stratégie cloud sans s'appuyer sur les hyperscalers ? C'est non pour NetApp.
Directeur technique de la filiale française, Mathias Robichon prône la « coopétition ».
« Beaucoup d'acteurs du stockage ont raté le virage du cloud, reconnaît-il quand on lui rappelle, entre autres, l'échec du rival EMC avec son service Atmos Online. NetApp a très vite compris qu'on n'était pas opérateur de cloud, mais qu'on avait toute la technologie qui était vraiment adaptée à ce modèle-là. »
Cette approche s'illustre dans les missions confiées confiées à Guillaume de Landtsheer , nommé le 2 septembre dernier à la tête de NetApp France*. D'un côté, « accélérer la transformation [de l'entreprise] vers le cloud ». De l'autre, « renforcer [sa] position auprès de ses partenaires clés ».
Atos, Orange et Outscale font partie de ces partenaires sur le territoire français. Mais les relations avec Amazon, Microsoft et Google sont d'un autre calibre. Elles sont les piliers de la stratégie « Data Fabric » que NetApp pousse depuis l'arrivée de George Kurian à sa tête (c'était en 2015).
« On a évolué vers une couche d'intelligence logicielle qui permet de piloter la donnée quels que soient les environnements », explique, à ce sujet, Guillaume de Landtsheer.
Le cloud hybride avec Keystone
L'un des axes de la stratégie consiste à intégrer cette couche en natif chez les hyperscalers. C'est le cas chez Microsoft, avec Azure NetApp Files. Et depuis peu chez Google, à travers l'offre Cloud Volumes Service.
Les deux groupes commercialisent la technologie (basée sur le système d'exploitation propriétaire ONTAP), la facturent et la prennent en charge. « Qu'un client aille acheter des services chez NetApp ou qu'il aille chez [les hyperscalers], le modèle économique est le même, résume Guillaume de Landtsheer. On est dans un écosystème [de] coopétiteurs. »
Pour le reste, le modèle - 100 % indirect - est fondé sur la vente en marketplace :
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- Soit à travers l'achat direct de solutions avec paiement à l'usage.
- Soit, dans les projets plus structurants, l'achat de licences utilisables chez les fournisseurs de cloud public. « Une réflexion est en cours du côté de l'Asie » pour étendre le dispositif, précise Mathias Robichon.
La vision Data Fabric implique aussi un modèle de consommation cohérent entre les clouds publics et les environnements sur site, avec un engagement de SLA.
NetApp entend mettre l'approche en ouvre début 2020, sous la marque Keystone. Il y tend déjà au niveau des infrastructures internes, que ce soit avec l'offre hyperconvergée HCI (proposée avec une option de paiement mensuel) ou avec Cloud Volumes Service on Premises (facturé à l'utilisation).
Le temps passe, le stockage reste
L'empreinte chez les clients finaux a son importance, selon Mathias Robichon. « Ce qui tire la consommation de services cloud, c'est d'être on-prem [.]. C'est parce qu'on est bien établi sur notre base installée traditionnelle qu'on va pouvoir facilement hybrider le cloud. »
Keystone se traduira, pour le client, par trois choix à effectuer : un niveau de performance (tier), un type de stockage (bloc, fichier ou objet) et l'attribution de la gestion (à lui-même ou à NetApp). Le tout avec un engagement d'un an.
Pour alimenter la Data Fabric, NetApp puise dans l'open source. En particulier avec son projet Trident, destiné à orchestrer les environnements de cloud hybride en résolvant le problème du stockage persistant pour les conteneurs.
Sur le volet conteneurs, l'entreprise dispose de son propre moteur de déploiement, porté par l'acquisition d'un spécialiste : StackPointCloud. Elle a récemment fait la passerelle avec son offre HCI pour la gestion des clusters sur site.
« Je suis assez impatient d'être dans un an [.] pour voir ce qu'on aura réalisé et qui illustrera vraiment, d'un point de vue métier, ce dont on [parle] sur la Data Fabric », résume Guillaume de Landtsheer.
Et le stockage, dans tout ça ? « On a un business historique [.] sur lequel on continue d'investir et d'innover », assure le patron de NetApp France. Non sans mentionner les 24 % de part de marché dont IDC crédite l'entreprise sur le marché français.
Après le passage au SAN et l'intégration du NVMe, l'un des enjeux actuels consiste à optimiser la connexion entre RAM et stockage. Le système de fichiers in-memory Max Data symbolise ces travaux.
Dans la pratique, la transition vers la logique « data management » est compliquée, quand bien même NetApp veut croire au développement de « sujets sociétaux qui tirent [l'usage des données] ».
Sur le 2e trimestre de son année fiscale 2020, achevé le 25 octobre, le groupe dégage un C. A. en recul de 10 % sur un an, pour une marge brute en baisse de 5 %. Le repli est encore plus marqué sur l'ensemble du 1er semestre : - 13 % pour le chiffre d'affaires, - 10 % pour la marge brute et - 25 % pour le résultat d'exploitation.
« On porte un peu le poids de notre histoire sur nos épaules », déclare à ce propos Guillaume de Landtsheer. « Aujourd'hui, on a peut-être des progrès à faire dans la mise en avant de certains clients », ajoute Mathias Robichon.
Le channel est un autre point de vigilance.
En France, NetApp travaille avec deux grossistes : Arrow et Techdata. Il dispose d'un cercle d'une dizaine de partenaires dont l'activité couvre le territoire national. Et s'appuie sur des collaborations régionales « plus ponctuelles en fonction des opportunités commerciales ».
Ces collaborations peuvent réserver des surprises. « Il y a beaucoup de mouvement sur ces partenaires, sujets à rachats, consolidations et changements de stratégie », explique Mathias Robichon.
Guillaume de Landtsheer tient toutefois à rassurer : la France, comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne, fait partie des « pays d'investissement ». « On n'est pas victime d'un ralentissement qu'on pourrait imaginer dans d'autres pays », conclut-il.
Guillaume de Landtsheer : une carrière dans le logiciel |
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