Paris du numérique : le match NKM - Anne Hidalgo
Les deux rivales pour la mairie de Paris placent le numérique au cour de leur programme, au point qu'il est souvent difficile de les distinguer sur ce terrain. Même si NKM insiste davantage sur les start-up et l'entrepreneuriat et Anne Hidalgo sur les infrastructures.
Candidates aux élections municipales à Paris, Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) ont mis l'accent ces derniers jours sur le volet numérique de leurs programmes respectifs. Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l'Essonne et ancienne secrétaire d'État en charge de l'Économie numérique du gouvernement Fillon, axe son projet sur les start-up, le Big Data et l'ouverture des données publiques (Open Data). Le soutien aux jeunes pousses innovantes fait également partie du programme d'Anne Hidalgo. La première adjointe au maire de Paris se prononce aussi pour l'extension des infrastructures et services Internet.
Paris, capitale des start-up
Pour « réveiller l'économie parisienne », Nathalie Kosciusko-Morizet propose notamment de créer au sein des services de la Ville une équipe dédiée à la promotion des start-up parisiennes. Nommée Paris Capitale de l'Innovation, cette « cellule de personnes qui connaissent et comprennent le numérique » servirait essentiellement de plateforme d'échange entre acteurs publics et privés de l'écosystème : entrepreneurs, investisseurs, incubateurs, etc. « Une espèce de start-up publique, Paris Innovation servirait de boussole dans la jungle des aides publiques, de guichet unique », a expliqué la candidate UMP lors d'un déplacement au siège de Viadeo la semaine dernière. Paris Innovation jouerait aussi un rôle de « centrale d'achat », en négociant des tarifs préférentiels auprès de prestataires pour les jeunes pousses parisiennes.
NKM s'est également prononcée pour la création d'un « pacte start-up », qui assure aux jeunes entreprises innovantes une partie de la commande publique, « au titre d'une préférence locale autorisée par les traités pour la R&D et l'achat de prototypes. » La candidate UMP veut, enfin, simplifier les procédures administratives pour les entrepreneurs.
Anne Hidalgo, de son côté, a rappelé dans une tribune publiée par le Journal du Net que la majorité sortante a travaillé « avec le formidable écosystème parisien du numérique [.], participé à la création des deux grands pôles de compétitivité du numérique, Cap Digital et Systematic, et (soutient) activement leurs projets de R&D. »
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Open et Big Data
La donnée, c'est de l'or. Nathalie Kosciusko-Morizet a souligné à plusieurs reprises vouloir « capitaliser sur le Big Data » pour mieux connaître et anticiper les besoins des Parisiens et des visiteurs. Elle veut également accélérer l'ouverture des données publiques et permettre aux jeunes pousses de mieux exploiter les jeux de données provenant des services et établissements municipaux, mais aussi des prestataires de la Ville. « Il faut accepter de rendre disponibles des données de santé, de sécurité ou d'environnement », a déclaré la candidate UMP. Elle souhaite que la prochaine équipe municipale s'appuie davantage sur Etalab, mission gouvernementale chargée de l'ouverture des données publiques et du développement de data.gouv.fr.
Son adversaire de la majorité sortante, Anne Hidalgo, a indiqué « travailler avec les start-up et la communauté parisienne du numérique pour inventer les services de demain. En poursuivant l'effort vers l'Open Data, dans lequel la Ville de Paris a été parmi les pionniers en France, en ouvrant de nombreuses API et en incitant les développeurs, start-up et autres entreprises à travailler sur ces données, nous favoriserons l'émergence de nouvelles applications. »
Anne Hidalgo a ajouté vouloir étendre à toute la Ville le réseau wifi gratuit et aller plus loin en matière de services numériques et applications mobiles, « comme par exemple le coffre-fort électronique. ou la prise de rendez-vous systématique, en ligne ou par téléphone, pour mettre fin aux files d'attente dans tous les services qui nécessiteront encore de se rendre à un guichet. »
Smart City, Smart Jobs ?
Lors de sa visite chez Viadeo, Nathalie Kosciusko-Morizet s'est prononcée pour la mise en place de « zones franches » qui dynamiseraient l'emploi. « Il faut penser à un nouveau droit du travail plus adapté à l'économie numérique », a expliqué la candidate, qui a évoqué « des dérogations sur la durée du temps de travail ». Mais à l'heure actuelle, de telles mesures ne peuvent être mises en ouvre. Il s'agit d'un « rêve illégal », a-t-elle ajouté.
Anne Hidalgo, de son côté, souligne que « le numérique est aujourd'hui, comme le tourisme et la finance, l'un des piliers de l'économie parisienne, et l'un des domaines d'activité qui nous permettra de maintenir notre croissance. » Elle a ajouté vouloir renforcer l'aide à « la création d'entreprises grâce à la création d'un pack jeune entrepreneur permettant d'accéder à des services à coût réduit, en multipliant les espaces de coworking, ou en favorisant de façon encore plus active l'accès des PME aux marchés publics de la Ville. »
Enfin, les deux candidates font de la ville intelligente un enjeu clé (Lire notre dossier 'Smart City : déjà un enjeu électoral'). En créant des quartiers de démonstration urbaine et en assurant la promotion à l'international de « la marque Paris » pour Nathalie Kosciusko-Morizet. En investissant 1 milliard d'euros sur 6 ans dans « la ville durable et intelligente » pour Anne Hidalgo.
En complément :
- Paris : Anne Hidalgo promet 1 milliard d'euros pour la smart city
- Nathalie Kosciusko-Morizet : « La ville de Paris doit faire plus pour ses start-up »
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