Stratégies cyber nationales: la France plus transparente que ses voisins ?

stratégies cyber nationales

Comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, la France a officialisé une stratégie cyber nationale en 2021. Avec davantage de précision dans le chiffrage des moyens.

La France en février, l’Allemagne en août, le Royaume-Uni en décembre : tous trois ont présenté, l’an dernier, une stratégie cyber nationale. Mais combien chacun a-t-il décidé d’y investir ? En fonction du pays, il est plus ou moins compliqué de se faire une idée. En tout cas à la lecture des documents de référence – de source gouvernementale.

Londres annonce une enveloppe dans laquelle, explique-t-il, s’inscrit sa stratégie cyber. Annoncée lors du dernier examen des dépenses (Spending Review), elle est dotée de 2,6 Md£ sur trois ans. Au-delà de la cyber, elle inclut la modernisation des parcs IT. Le gouvernement britannique la compare aux 1,9 Md£ engagés dans la précédente stratégie cyber nationale (2016-2021). Et rappelle avoir consenti des investissements indirectement contributifs (R&D, infrastructures, renseignement, innovation…).

Pas de budget détaillé, mais un bilan de la répartition des responsabilités ministérielles, tel que suit. Et quelques statistiques :

responsabilités ministérielles
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– Le secteur de la cyber au Royaume-Uni, c’est quelque 1400 entreprises, environ 47 000 emplois qualifiés, un chiffre d’affaires 2021 avoisinant 9 Md£ et un taux de féminisation de 16 %

– Londres et le Sud-Est captent 45 % de l’emploi du secteur et 85 % des investissements externes

– Le Royaume-Uni a exporté pour 4,2 Md£ de services cyber en 2020

– Douze clusters se dégagent à l’échelle du territoire (voir ci-dessous)

clusters Royaume-Uni

Un milliard pour la cyber : la France maintient son budget

Du côté allemand aussi, la stratégie cyber prend le relais d’un premier volet qui a couvert la période 2016-2021. Pour des chiffres, en revanche, on repassera. Et pas que sur la partie financements. Tout du moins, là aussi, à la lecture du document de référence.
Même réflexion en Espagne, où la première impulsion datait de 2013, et la dernière de 2019.

Qu’en est-il de notre stratégie cyber nationale ? Elle est désormais rattachée au plan d’investissement France 2030. Avec deux objectifs mis en avant : d’ici à 2025, tripler le C. A. du secteur et créer 37 000 emplois.
Aux dernières nouvelles, l’enveloppe prévisionnelle initiale est toujours d’actualité. Montant : un peu plus d’un milliard d’euros, dont la moitié devant aller au développement de « solutions souveraines ».

synthèse montants

Un an après son officialisation, où en est le dispositif ? Le Gouvernement a récemment fait le point sur les réalisations. En tête de liste, il y a l’ouverture du Campus cyber, intervenue plus tard que prévu (le 15 février 2022). Les premiers appels à projets dans le cadre de l’enveloppe de soutien au développement technologique (150 M€) ont aussi été décalés. L’un d’entre eux, axé sur les « technologies innovantes critiques », est encore en cours.

L’appel à manifestation d’intérêt destiné à accompagner un projet d’accélérateur de start-up est lui aussi toujours en cours. Pour celui dédié au « compétences et métiers d’avenir », la première vague est bouclée. Une deuxième est prévue pour cet été.

A par ailleurs démarré, en février, le programme d’incubation des CSIRT (CERT régionaux). Le start-up studio Cyber Booster, opéré par Bpifrance avec Axeleo en soutien entre la Paris et la Bretagne, a quant à lui accueilli une troisième entreprise. Il a pour objectif d’en accompagner « 50 en moins de cinq ans ».

Illustration principale © studio v-zwoelf – Adobe Stock