Terraform Cloud : le changement de business model passe mal
Voilà six mois, Terraform Cloud évoluait du modèle « par utilisateur » vers un modèle « par ressource ». Un changement qui n'a pas fait que des heureux.
C'était cher ; c'est devenu très cher. Le changement de modèle économique de Terraform Cloud inspire, dans une certaine mesure, ce sentiment.
Le basculement remonte à mai dernier. Anciennement fondée sur le nombre d'utilisateurs, la facturation du premier niveau de l'offre (Team & Governance, devenu Standard) a basculé sur un modèle « par heure et par ressource ».
... et après. Les ressources sont désignées comme telles dans les fichiers d'état avec le descripteur « mode »: « managed » (par opposition à « mode »: « data » pour les sources de données). La facturation, horaire, démarre à la première opération
Six mois plus tard, les retours d'expérience se sont accumulés. Et il continue d'en émerger. Parmi eux, celui d'un dev/SRE. Son organisation gère plus de 35 000 « ressources »... au sens où l'entend HashiCorp. Avec Terraform Cloud, un élément d'infrastructure peut en l'occurrence consommer plusieurs ressources. Par exemple, un bucket S3 pour les différents aspects de sa configuration.
« Nous avons environ 500 workspaces et des dizaines d'utilisateurs gérés par SSO. C'était donc déjà cher », explique ledit dev/SRE. Mais avec le passage au modèle RUM (resources under management), les coûts ont plus que triplé. Bilan : Terraform est passé de « cher mais nécessaire » à « projet de migration pour l'an prochain ».
Sans impact pour 90 % des utilisateurs ?
Bien des voix lui font écho. Et un consensus se dégage : la nouvelle tarification de Terraform Cloud le rend intéressant... jusqu'à une certaine échelle. En première ligne, les déploiements ne regroupant pas plus de 500 ressources. Cela représente, d'après HashiCorp, 90 % des utilisateurs de Terraform Cloud.
500 ressources, c'est le plafond inclus dans l'offre gratuite. Une offre fonctionnellement enrichie lors du changement de business model. S'y sont notamment ajoutés le SSO, les stratégies en tant que code et l'accès aux tâches d'exécution (connexion d'outils/services tiers). Il n'y a pas ailleurs plus de limites sur le nombre d'utilisateurs comme d'opérations apply.
Des améliorations, donc, mais dans quelle mesure peut-on vraiment en profiter sur la version gratuite ? Il y a des limites que Spacelift - éditeur d'un produit concurrent de Terraform Cloud - ne manque pas de rappeler dans sa propre analyse de la situation. D'une part, seulement 5 stratégies en tant que code. De l'autre, une seule tâche d'exécution, et applicable à un maximum de dix workspaces.
Terraform Cloud, une facturation difficile à anticiper
Malgré la variabilité des coûts avec un tel modèle, la facturation ne s'actualise pas en temps réel - ni même en temps quasi réel, avance Spacelift. On a vu s'exprimer des inquiétudes dans ce sens. Il en a été ainsi, entre autres, d'une organisation qui gérait 18 500 ressources sur une douzaine de workspaces avec la version gratuite. « Si nous passons au RUM, il nous en coûtera 1800 $/mois. Et si c'est basé sur les run/apply, ça fluctuera tant qu'on nous pourra pas budgéter », affirmait un employé queles jours après l'annonce du changement de business model.
« Avec ce modèle, Terraform Cloud nous coûte désormais presque autant que les ressources AWS qu'il gère », avait fait remarquer un autre utilisateur sur le même fil de discussion. Un autre s'était plaint de la facturation indifférenciée entre instances et mappings dans le cadre d'un déploiement blue-green. Un membre de l'équipe HashiCorp avait fini par intervenir... et confirmer pour l'essentiel les estimations à la hausse qu'avaient calculées les uns et les autres.
Spacelift Cloud a un ticket d'entrée à 250 $/mois pour 5 utilisateurs. C'est 195 $ chez Digger, pour l'édition Pro. Chez Env0, pour 349 $, on peut monter jusqu'à 10 utilisateurs. Scalr, avec sa formule Business, en supporte jusqu'à 100 pour 99 $/mois (avec d'autres limites, néanmoins).
Sur la marketplace Azure, Terraform Cloud est proposé à partir de 15 000 $ pour un an (3 admins, 1200 opérations apply, deux niveaux de concurrence, support de niveau argent). Même tarif sur la marketplace AWS, pour 5 workspaces et un support de niveau bronze.
À consulter en complément :
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Comment OpenTF envisage son fork de Terraform
Le serverless et ses limites : l'expérience d'un éditeur SaaS
« Pourquoi nous avons quitté le cloud » : le bilan un an après
Illustration © HashiCorp
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