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Toolformer : l'esquisse d'une IA qui se cultive par API

Meta a développé Toolformer, un modèle GPT-J capable de décider quand et comment s'appuyer sur des outils externes.

Publié par Clément Bohic le - mis à jour à
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Toolformer : l'esquisse d'une IA qui se cultive par API

De la temporalité au raisonnement arithmétique, les grands modèles de langage (LLM) peuvent présenter des lacunes. Comment leur apprendre à les combler en recourant, à la volée, à des outils externes ? Chez Meta, on s'est penché sur la question. La réponse s'appelle Toolformer.

Le groupe américain n'est pas le premier à mener des recherches dans ce domaine. Les siens se distinguent néanmoins sur deux points en particulier. Premièrement, l'usage d'une méthode d'apprentissage essentiellement non supervisée. Deuxièmement, des garde-fous destinés à s'assurer que les modèles entraînés ne perdent pas leurs capacités de généralisation.

Toolformer est basé sur un modèle GPT-J à 6,7 milliards de paramètres, formé sur un sous-ensemble du jeu de données CCNet. L'objectif était de le rendre capable d'appeler, quand et comme il le souhaite, lesdits outils externes, par API.

Toolformer a appris à utiliser cinq API

L'expérience a impliqué une forme d'apprentissage contextuel. On a fourni à Toolformer des exemples d'usage de cinq API :

- Une calculatrice effectuant les quatre opérations arithmétiques de base
- Un calendrier
- Le système de questions-réponses Atlas
- Un moteur de recherche sur Wikipédia (dump KILT)
- Un service de traduction (modèle NLLB à 600 millions de paramètres)

À partir des exemples qu'on lui a fournis, Toolformer a créé un dataset. Il l'a ensuite filtré pour ne retenir que les appels API effectivement utiles (renforçant ses prédictions) et en a enrichi le jeu de données d'origine.

Cette dernière étape permet de s'assurer que le modèle conserve ses capacités initiales. Pour minimiser les coûts, diverses règles ont été définies ; par exemple, n'appeler l'API calculatrice que pour les requêtes contenant au moins trois nombres.

Face à GPT-3

Le benchmarking a impliqué la mise en concurrence avec deux modèles GPT-J (dont l'un entraîné sur CCNet), un modèle OPT à 66 milliards de paramètres et un modèle GPT-3 à 175 milliards de paramètres. Ainsi qu'une version de Toolformer ne pouvant pas utiliser les services externes.

Sur l'exercice de la complétion d'énoncés, on a évalué les modèles sur des sous-ensembles de LAMA : SQuAD, Google-RE et T-REx. Toolformer se révèle le plus performant, avec un recours quasi systématique (98,1 % des cas) à l'outil de questions-réponses.

Sur la partie mathématique, l'évaluation a englobé ASDiv, SVAMP et MAWPS. Même sans exploiter la calculatrice, Toolformer fait mieux que les autres. Sans doute, suggère-t-on chez Meta, grâce aux exemples « requête API + résultat » sur lesquels on l'a entraîné.

Concernant les questions-réponses, Toolformer et les autres ont travaillé sur les jeux de données Web Questions, Natural Questions et TriviaQA. On a considéré leurs réponses comme valides si elles figuraient parmi les 20 premiers mots générés. L'API questions-réponses était désactivée, d'autant plus que Toolformer a été entraîné en partie sur Natural Questions.
En se servant de l'outil Wikipédia (99,3 % des cas), le modèle de Meta reste derrière GPT-3. Cela illustre l'une de ses faiblesses actuelles : il n'est capable ni d'exploiter plusieurs résultats en parallèle, ni de reformuler ses requêtes si les résultats sont insatisfaisants.

La variable coût pas encore intégrée

Le volet questions-réponses a été décliné en version multilingue, sur la base de MQLA. On a posé les questions en arabe, allemand, espagnol, hindi, vietnamien ou chinois simplifié. Avec à chaque fois un paragraphe de contexte en anglais. La réponse devait figurer dans les dix premiers mots générés.
Le recours à l'API de traduction est très variable en fonction des langues. Pour certaines d'entre elles, le pré-entraînement sur CCNet dégrade les performances.

Pour la maîtrise de la temporalité, l'évaluation s'est fondée sur deux jeux de données. D'une part, TEMPLAMA, construit à partir de Wikidata et contenant des éléments sur des faits susceptibles d'avoir évolué entre 2010 et 2020, comme « Cristiano Ronaldo joue pour [club de football] ». De l'autre, un nouveau dataset contenant des combinaisons aléatoires date/durée, de type « Quel jour de la semaine étions-nous il y a un mois ? ».
Toolformer domine le classement, mais sur TEMPLAMA, il fait très peu appel à l'API calendrier (0,2 % des cas), lui préférant les outils questions-réponses et Wikipédia. Justification de Meta : les entités nommées dans TEMPLAMA sont souvent si spécifiques que connaître une date n'aide pas.

Pour s'assurer que ses performances en génération de langage n'avaient pas baissé avec le jeu de données « augmenté », on a soumis Toolformer à un test sur WikiText et sur un sous-ensemble aléatoire (10 000 documents) de CCNet. Le niveau de perplexité du modèle n'a effectivement pas augmenté par rapport à celui constaté sur le dataset d'origine sans appels API.

De manière générale, le recours autonome aux services externes commence à devenir véritablement efficace à partir de 775 millions de paramètres. Cela ne prend pas en compte le coût des appels API, variable pas encore intégrée à Toolformer. Lequel ne peut par ailleurs pas exploiter plusieurs API à la chaîne.

Illustration principale © Siarhei - Adobe Stock

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