Avec 'Edvige', le gouvernement veut ficher tous les présumés délinquants
A peine publié au Journal Officiel ce 1er juillet, le fichier EDVIGE provoque déjà un tollé. Chargé de centraliser des informations personnelles sur les personnes qui seraient « suceptibles » de troubler l'ordre public s'annonce comme un outil géant de recueil de données. Et c'est bien la possibilité de ficher n'importe qui, au pretexte qu'il « pourrait » commettre un délit qui est rendu possible.
Un réservoir gigantesque de données qui va permettre d'avoir une marge d'action non négligeable pour les services de police. De la recherche d'un mineur de plus de 13 ans (!) présumé délinquant au recrutement d'un candidat pour certaines fonctions. Grâce à EDVIGE, tout sera désormais possible.
Pêle-mêle se retrouvent des informations sur l'état civil, la profession, adresses, numéros de téléphone, immatriculation, informations fiscales. jusqu'à la notification de l'environnement de la personne (avec qui elle noue des relations). Ce dernier point permet donc de recouper les informations pour constituer un réseau géant de données sur à peu près tout le monde. Un fichier qui n'est pas sans rappeler le système ARDOISE retiré il y a peu des tests par le ministère de l'Intérieur.
La conservation pourra ainsi se perpétuer pendant cinq ans. Les informations sont destinées aux fonctionnaires et officiers de sécurité publique (direction centrale de la sécurité publique, ou à Paris, la préfecture de police). Cela dit, n'importe quel agent de police ou de gendarmerie sur demande expresse et motivée pourra se procurer ces données.
La CNIL a pourtant émis de sérieuses réserves sur le texte, appuyée par la Ligue des Droits de l'Homme. La commission tempère néanmoins les critiques sur un éventuel Big Brother : « ce type de fichier qui recense des données a toujours existé, ce n'est pas une nouveauté. C'est simplement une adaptation au nouveau système de renseignements, de la fusion des RG et de la DST « .
Elle admet tout de même qu'il s'agit là d'un excès de fichage. Une critique qui visiblement a eu peu d'échos au ministère, les avis de la CNIL n'étant aucunement contraignants.
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