Ce que le DMA change dans l'écosystème Apple
Navigateurs, paiements, marketplaces… L’écosystème Apple va connaître des changements dans l’UE, en application du DMA.
« À quoi sert Internet Explorer ? À télécharger Firefox. » Une rengaine des années 2000… à laquelle la situation d’Apple en Europe fait écho.
En application du DMA, le groupe américain va effectivement donner, entre autres possibilités, celle d’installer des marketplaces tierces sur iOS. Cela se matérialisera en mars… uniquement pour les utilisateurs localisés dans l’UE*, et sous des conditions spécifiques pour les développeurs.
iOS et son App Store font partie des 22 « services de plateforme essentiels » soumis au DMA. Safari aussi. D’où une autre nouveauté : la possibilité, pour les navigateurs concurrents, d’utiliser d’autres moteurs de rendu que celui qu’Apple leur a imposé jusque-là (à savoir WebKit).
Lire aussi : Apple Intelligence, une épreuve de patience
L’App Store… et les autres : comment Apple va gérer le sideloading
Jailbreak et autres techniques de contournement mis à part, l’installation d’applications hors de l’écosystème App Store ne pourra se faire qu’à travers des marketplaces elles-mêmes distribuées sous la forme d’apps. Et donc vérifiées a minima par Apple, dans le cadre du processus dit de « notarisation ».
Les développeurs des marketplaces ainsi autorisées accéderont au framework MarketPlaceKit. C’est lui qui leur permettra d’acheminer les apps jusqu’aux utilisateurs finaux. Ces derniers devront donc avoir téléchargé au préalable la marketplace. Il n’y aura pour cela qu’un canal : le site web du développeur.
Les marketplaces tierces utiliseront des API distinctes de celles de l’App Store : AdAttributionKIt pour les pubs et External Purchase pour l’e-commerce. Apple ne manque pas de souligner qu’elles ne pourront pas exploiter des fonctionnalités comme le partage familial et le contrôle des achats des enfants. Et qu’il ne sera pas en mesure de fournir, par exemple, d’éventuels remboursements ou des voies de recours en cas d’atteinte à la vie privée.
« Navigateur » n’impliquera plus « WebKit »
Des frameworks spécifiques, il y en aura aussi pour les applications qui utiliseront des moteurs alternatifs à WebKit. À la fois, donc, les navigateurs à part entière, et les applications qui en embarqueront un.
Là aussi, Apple a mis en place une procédure d’autorisation. Elle impose notamment d’obtenir des scores d’au moins 90 % et 80 % respectivement sur Web Platform Tests et Test262. Ou encore de bloquer les cookies tiers par défaut.
Apple affirme que malgré ces exigences, il lui sera plus difficile de protéger les utilisateurs des fraudes, des abus et de l’exposition à des contenus illicites. Et de pointer les risques de dégradation de l’expérience utilisateur, autant sur les performances que la consommation de batterie.
En parallèle, Safari affichera, lors de sa première ouverture sur iOS 17.4, un écran de choix du navigateur.
Apple lâche les paiements, pas les commissions
iOS fait l’objet d’une autre ouverture : celle de la puce NFC aux apps tierces pour le paiement sans contact dans l’Espace économique européen (UE des 27 + Islande, Liechstenstein et Norvège).
En matière de paiements, il y a également du nouveau pour les applications iOS, iPadOS, macOS, tvOS et watchOS. Leurs développeurs auront deux options supplémentaires. D’une part, recourir à un autre intermédiaire qu’Apple pour les paiements in-app. De l’autre, diriger les utilisateurs vers leur propre site web pour effectuer les transactions.
Chacune de ces options est soumise à un agrément spécifique. On ne peut pas les combiner, sur un même store, avec la fonctionnalité de paiement in-app d’Apple.
Le recours à une solution tierce de paiement entraînera une réduction de 3 % de la commission due à Apple. Celle-ci sera de 10 % sur l’App Store « pour la grande majorité des développeurs », assure la firme. Elle s’élèvera à 17 % pour la vente de « biens et services numériques ».
Que les applications proviennent de l’App Store ou de marketplaces tierces, une Core Technology Fee s’appliquera. Avec elle, une fois atteint le million d’installations sur les 12 derniers mois, il en coûtera 50 centimes par installation supplémentaire.
Toute action ne sera pas considérée comme une installation. Il en sera ainsi, par exemple, des téléchargements automatiques sur d’autres appareils à partir d’un même compte. Ou des transferts iCloud vers un nouvel appareil.
Le retéléchargement ou la mise à jour d’une app peut compter comme une action s’il/elle intervient après plus de 12 mois d’inactivité de l’utilisateur.
Apple a mis en ligne un calculateur de frais dédié aux applications dans l’UE. Les devs consulteront aussi l’addendum à leur accord de licence. Ils devront l’accepter s’ils souhaitent exploiter les nouvelles capacités de distribution et/ou de paiement.
* Tous ces changements ne s’appliquent pas par ailleurs. Mais un développeur est concerné dès lors qu’il a de la clientèle dans l’UE.
Illustration principale © Tada Images – Adobe Stock
Sur le même thème
Voir tous les articles Business