Apple Intelligence absent en Europe pour cause de DMA ?
Avec le DMA en toile de fond, les fonctionnalités regroupées sous la marque Apple Intelligence pourraient ne pas arriver dans l’UE avant 2025.
Pas d’Apple Intelligence dans l’UE avant 2025 ?
En l’état, c’est probable, pour des raisons de conformité au DMA (législation sur les marchés numériques). Apple explique avoir besoin de plus de clarté quant aux obligations d’interopérabilité qu’impose ce règlement européen.
Le groupe américain dit s’inquiéter de l’impact que ces obligations pourraient avoir sur la sécurité et la vie privée. Un risque qu’il avait déjà invoqué sur la question des PWA (applications web progressives).
Lire aussi : Apple Intelligence, une épreuve de patience
Il fut, pendant un temps, question d’arrêter la prise en charge de ces dernières sur iOS. Motif : les travaux trop complexes qu’il aurait fallu pour assurer le même niveau de sécurité et de vie privée qu’avec WebKit. Apple pensait effectivement que la mise en conformité avec le DMA impliquait une ouverture des PWA aux moteurs web alternatifs. Ce ne sera finalement pas le cas, ce qui suggère que le règlement n’impose rien en la matière.
La recopie et le partage d’écran posent aussi problème
Tri des e-mails, reconnaissance vocale, aide à l’écriture, création d’émojis… La marque Apple Intelligence fait office d’ombrelle pour de nombreux services ayant trait à l’IA. Apple a prévu une livraison en bêta cet automne, sur iOS 18, iPadOS 18 et macOS 15.
Deux autres fonctionnalités semblent problématiques vis-à-vis du DMA. D’un côté, la recopie de l’écran du téléphone sur Mac (iPhone Mirroring). De l’autre, la mise à jour du partage d’écran dans FaceTime (option de contrôle à distance). En toile de fond, là aussi, le niveau d’accès à donner aux tiers.
L’argument vie privée et sécurité ne convainc pas le département américain de la Justice. Celui-ci a déposé, en mars dernier, une plainte au civil dans le New Jersey au nom du « monopole » d’Apple sur le marché des smartphones. Il y déclare notamment que l’entreprise :
– S’entoure d’un voile de vie privée, de sécurité et de préférences consommateur pour justifier sa conduite anticoncurrentielle
– Compromet sélectivement vie privée et sécurité lorsque c’est dans son propre intérêt financier
– Déploie vie privée et sécurité comme un « bouclier élastique » qui peut « s’étendre ou se contracter » pour servir ses intérêts économiques et financiers
Apple encadré jusqu’à iPadOS
Sous le régime DMA, Apple doit, entre autres, donner la possibilité d’installer des marketplaces tierces sur iOS. Il doit aussi permettre aux navigateurs concurrents de Safari d’utiliser d’autres moteurs de rendu que WebKit. Et ouvrir la puce NFC aux apps tierces pour le paiement sans contact.
Initialement non concerné, iPadOS a finalement été placé, après enquête, sur la liste des services soumis au DMA. La Commission européenne a estimé que sa position est suffisamment influente, même s’il n’atteint pas tous les seuils quantitatifs réputés en faire un « point d’accès majeur » (gateway).
Depuis l’entrée en vigueur du règlement, Apple a fait l’objet d’enquêtes sur plusieurs points. Bruxelles s’est par exemple penché sur la conformité à l’article 5, paragraphe 4, qui impose d’« orienter » gratuitement les consommateurs vers des offres en dehors de leurs boutiques d’applications. Autre point de non-conformité suspecté : l’article 6, paragraphe 3. Parmi ses dispositions : permettre de désinstaller facilement toute application sur iOS et de modifier facilement les paramètres par défaut du système.
Il est déjà arrivé à Microsoft de décaler la mise à disposition d’un produit sur fond de mise en conformité avec le DMA. En l’occurrence, la première mise à jour de Windows 11 permettant d’expérimenter Copilot. C’était en septembre 2023.
Illustration © Zerbor – Adobe Stock
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