Recherche

Chine (suite): un parlementaire américain épingle les géants du Net

La complicité tacite de sociétés occidentales, notamment américaines, vis à vis de l'appareil repressif en Chine -autocensure, délation de dissidents s'exprimant sur le Net. - continue d'animer un débat aux Etats-Unis: un parlementaire républicain, Chris Smith, est monté au créneau devant la Chambre des représentants

Publié par le - mis à jour à
Lecture
4 min
  • Imprimer
Chine (suite): un parlementaire américain épingle les géants du Net

En ouverture de l'audition dont il était à l'origine, intervention intitulé

« L'Internet en Chine un outil pour la liberté ou la répression », ce parlementaire a développé un argumentaire très critique : « Nous sommes ici pour parler d'un problème qui touche profondément, je le crois, tous les citoyens américains : le fait qu'une technologie et un savoir-faire américain permettent à des régimes répressifs comme la Chine, d'exploiter et abuser ses propres citoyens ». L'exemple de Yahoo le montre, puisque le moteur de recherche est mis en cause pour avoir contribué à l'arrestation d'un journaliste « dissident », Shi Tao, qui s'exprimait sur Internet. Selon Reporters sans frontières : 49 cyberdissidents et 32 journalistes sont emprisonnés en Chine et ce chiffre n'est que la partie émergée de l'iceberg. Chris Smith critique également le système chinois : « La situation des droits de l'homme en Chine est dans une impasse, et les grands groupes américains de l'Internet deviennent un porte-voix pour la propagande communiste et un outil de contrôle de l'opinion public. Le système Laogai de travail forcé est toujours existant avec prés de 6 millions d'ouvriers dans ces camps. Les dissidents politiques et religieux sont systématiquement persécutés et torturés. » Seulement, voilà, l'empire du Milieu est un marché particulièrement intéressant pour les Google, Yahoo, MSN et consorts. Rappelons que Yahoo a investi 1 milliard de dollars dans Alibaba.com, et que Google dispose dorénavant d'une version chinoise de son moteur de recherche. Ces investissements massifs ne font d'ailleurs que commencer, car si la Chine est le deuxième pays du monde en nombre d'internautes, Libération souligne que son taux de pénétration est relativement faible. On apprend aussi que Cisco a fourni au gouvernement chinois la technologie nécessaire à sa Police du net pour filtrer et écrémer Internet. Cisco détient 60 % du marché des switchs et des routeurs en Chine. Selon une étude de Derek Bambauer, le revenu estimé du groupe dans la pays est de 500 millions de dollars par an. Pour le parlementaire républicain, il n'est pas normal que le net, qui est un incroyable outil d'ouverture sur le monde, soit ainsi détourné par le gouvernement chinois, mais encore plus que des sociétés américaines y participent : « Internet est détourné de son usage, il est devenu un outil de répression au service du gouvernement chinois. » Cette collaboration américaine n'est pourtant pas une première ! Ainsi le politique explique avec un grand sens de l'autocritique : « Dans le passé, des sociétés américaines ont déjà collaboré et offert la technologie entraînant la perte de liberté et la destruction des droits de l'homme. L'ouvrage de Edwin Black intitulé 'IBM et l'holocauste' a révélé le passé obscur du groupe et son alliance stratégique avec le parti nazi allemand. Grâce à la technologie d'IBM, le troisième Reich et Hitler ont automatisé le génocide des juifs. » Aujourd'hui, Chris Smith considère que les mastodontes américains, Cisco, Yahoo, Microsoft, Google, Ebay et les autres participent à la décapitation des dissidents et des libertés, et il lui semble donc important de poser cette question : « A-t-on le droit dans le cadre des affaires de coopérer avec des régimes répressifs qui violent les règles élémentaires des droits de l'homme? » « Le moteur de recherche Google.cn, c'est une peu un voyage dans le pays virtuel de la désinformation et du gros mensonge. Le gouvernement chinois utilise des technologies américaines pour filtrer, bloquer et contrôler les informations sur le web, avec notamment une cyber police de près de 30.000 agents. Les sites Internet qui fournissent au peuple des nouvelles du pays, mais aussi de l'étranger, comme BBC, CNN, Voice of America ou Radio Free Asia, sont régulièrement bloqués » précise Smith.

Sur le même thème

Voir tous les articles Business

Livres Blancs

Voir tous les livres blancs

Vos prochains événements

Voir tous les événements

Voir tous les événements

S'abonner
au magazine
Se connecter
Retour haut de page