Emploi : le oui mais de Syntec Numérique et Afdel
Ni enthousiasme démesuré, ni critiques virulentes. Les syndicats représentant les entreprises du numérique ont accueilli le plan de François Hollande, visant à lutter contre le chômage endémique dont souffre le pays, avec une certaine distance. Guy Mamou-Mani, le président du Syntec Numérique, retient tout de même l'effort en faveur de la formation des chômeurs annoncé par le président (1 milliard d'euros pour 500 000 chômeurs formés en plus). La ministre du Travail a d'ailleurs expliqué que le numérique serait ciblé par la mesure, le gouvernement espérant créer, via des formations adaptées, entre 30 000 et 50 000 postes dans le secteur sous deux ans. Rappelons que, selon le Syntec Numérique, le numérique a créé 12 000 emplois nets en 2014.
L'effort en matière de formation va dans le bon sens, selon Guy Mamou-Mani. à condition que la mise en oeuvre soit satisfaisante. « Au sein de Syntec Numérique, via un POEC (Préparation opérationnelle à l'emploi collective, NDLR), nous nous attaquons déjà au problème du chômage dans l'IT. Ce mécanisme, qui combine formations réellement adaptées aux besoins des entreprises et engagements d'embauche, a permis de former 1 400 personnes en 2014, puis plus de 3 000 l'année dernière, explique le dirigeant. Il faut accélérer sur ce type de dispositifs, en facilitant sa mise en oeuvre administrative et en lui attribuant des financements. »
Le gouvernement dialogue mais.
Président de l'Afdel (Association française des éditeurs de logiciels), Jamal Labed insiste lui aussi sur l'importance de ce volet, pour un secteur qui « fait face à un déficit de compétences ». « Il faudra évidemment veiller à ce que les formations proposées aux chômeurs soient conformes aux attentes des entreprises », ajoute-t-il. Et de plaider pour des initiatives de type écoles de la seconde chance (comme l'Ecole 42 de Xavier Niel ou la Web Academy). « Ce sont des modèles qui fonctionnent et qui permettent en plus d'apporter de la mixité dans nos entreprises. Mon voeux, c'est que ces initiatives reçoivent le soutien financier de l'Etat et que les organisations professionnelles soient associées aux choix de l'Etat en matière de formation », reprend le président de l'Afdel.
Et, en la matière, beaucoup resterait à faire. Jamal Labed indique n'avoir « jamais eu aucun contact avec les autorités afin de réfléchir à un plan opérationnel pour la formation dans notre secteur, alors que c'est un secteur connu pour intégrer des personnes dans l'économie ». Guy Mamou-Mani observe le même décalage entre discours politique et réalité terrain : « même si le dialogue est là avec le gouvernement - et sur tous les sujets -, le problème vient de l'exécution ». Et de pointer en guise d'exemple le Crédit impôt recherche (CIR).
CIR : « les dirigeants écoeurés »
Si François Hollande a garanti la stabilité du dispositif dans ses annonces, le président de Syntec Numérique souligne que ce sont surtout les pratiques de Bercy qui ne manquent pas de constance. Rappelons que les organisations du numérique critiquent la façon dont les contrôleurs fiscaux considèrent le CIR, faisant peser un risque financier sur les entreprises qui en bénéficient. « Des dirigeants sont tellement écoeurés qu'ils s'éloignent du dispositif », explique Guy Mamou-Mani. « Nous réclamons une règle du jeu claire, avec des critères de contrôle bien définis », renchérit Jamal Labed. Même si, évidemment, les deux organisations se réjouissent de la stabilité annoncée de la mesure.
Afdel et Syntec Numérique sont plus réservés concernant la nouvelle prime à l'embauche (2 000 euros par an pour les PME de moins de 250 salariés recrutant un employé à moins de 1,3 Smic). « Ce genre de mesures ne marche plus », tranche Guy Mamou-Mani, pour qui c'est l'activité qui dicte la politique de recrutement et non les aides de l'Etat.
De son côté, Jamal Labed retient les dispositions en faveur des nouvelles formes d'emploi, un des chevaux de bataille d'Emmanuel Macron enfourché hier par le président de la République. « En cumulant plusieurs employeurs, les personnes auraient une chance de plus de sortir du chômage, dit-il. Cela va dans le sens de la révolution du service que symbolise un service comme Uber. La facilitation du portage salarial annoncée par le chef de l'Etat s'inscrit aussi dans cette évolution du salariat, qui permet de répondre tant aux attentes de souplesse des entreprises qu'aux nouveaux choix de vie de certains salariés. »
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