Etats-Unis : même les fondateurs de start-up croient à une bulle
Nouvel accroc dans la vision Bisounours des start-up. Tandis que politiques, milieux économiques et commentateurs s'esbaudissent à qui mieux mieux sur les perspectives de la French Tech, outre Atlantique, la question qui domine est plutôt de savoir si la bulle financière qui entoure les start-up peut durer. Une étude menée par l'entreprise de capital-risque First Round Capital auprès de plus de 500 fondateurs de start-up montre qu'une large majorité d'entre eux est persuadée de l'existence d'une bulle. 73 % de ces entrepreneurs, tous soutenus par du capital-risque, pensent que la tech traverse en ce moment un phénomène de bulle. A noter : les entrepreneurs dans le B2B sont deux fois plus optimistes que ceux s'étant lancés dans des activités B2C, note First Round.
Au cours des 12 prochains mois, quasi-unanimement, les entrepreneurs s'attendent à une stagnation ou à un durcissement des conditions de financement de leurs projets. Ils sont 95 % dans ce cas pour les phases d'amorçage (Series Seed), et même 97 % pour les phases intermédiaires (Series A) et 99 % pour les financements les plus avancés (Late stage), les plus gourmands en capitaux. « Etant donné que 80 % de ces entrepreneurs expliquent avoir levé les financements qu'ils souhaitaient ou plus, il semble que les gens s'attendent à une rapide inflexion dans l'environnement du financement », écrit First Round, qui a sondé une majorité de personnes n'ayant pas reçu son soutien (seules moins de 25 % d'entre elles sont dans ce cas).
IPO : l'horizon qui s'éloigne quand on s'en approche
Le climat boursier apparaît, de son côté, bien illisible aux fondateurs de start-up. Un tiers d'entre eux estime qu'il y aura davantage d'introductions en bourse (IPO) au cours des 12 prochains mois. Mais une proportion identique est de l'avis contraire. Le dernier tiers plaidant pour une stabilité du nombre d'IPO. First Round note que plus les start-up sont avancées dans leurs étapes de financement, plus la perspective de l'IPO leur paraît lointaine. « Il semble que plus vous avancez sur la route de l'entrepreneuriat, plus loin vous apparaît cet horizon », écrit First Round.
Dans ce contexte, sans surprise, les fondateurs de start-up s'attendent à perdre le pouvoir dans les négociations sur le financement de leur structure au profit des investisseurs. Au cours des dernières années, ils sont 63 % à penser qu'ils avaient la main dans ces tractations. Mais, pour les années qui viennent, cette proportion chute à 46 %. Logiquement encore, les créateurs de jeunes entreprises s'attendent à une accélération du nombre de rachats ciblant les start-up (ils sont 55 % dans ce cas, contre seulement 10 % qui pronostiquent un ralentissement).
Génération spontanée de licornes
Parmi les technologies les plus surcotées (overhyped), les entrepreneurs de la tech citent les wearables, le bitcoin, la réalité virtuelle, l'économie du partage, les drones, le On Demand ou encore l'Internet des objets (IoT). En revanche, ils estiment que la mobilité et les véhicules autonomes ne bénéficient pas de l'attention qu'ils méritent.
Ce n'est pas la première fois que des commentateurs ou des spécialistes du financement de l'innovation s'inquiètent de la surchauffe en vue dans la tech américaine. Si le fonds de capital-risque Andreessen Horowitz s'est récemment employé à éloigner le spectre d'une bulle, des observateurs s'inquiètent de la valorisation délirante de certaines sociétés. Dans un récent article, nous signalions ainsi les cas de Tatum (gestion du parc applicatif et de l'application de patch, 3,5 Md$ de valorisation) ou encore d'Apptus (gestion de la facturation sur Salesforce, plus d'un milliard de dollars).
Salaires en surchauffe
Selon un article de Vanity Fair, les Etats-Unis comptent aujourd'hui près de 100 'licornes', le nom donné à ces start-up valorisées plus d'un milliard de dollars. Un total qui aurait doublé au cours des 18 derniers mois, selon Aileen Lee, fondatrice de Cowboy Ventures à l'origine de ce terme de licorne. Et nos confrères de noter encore que San Francisco est en passe d'augmenter sa surface de bureau de 15 %, phénomène largement attribuable au boom de la tech. Sans
oublier les excès dans les pratiques de recrutement et de rémunération, Google ayant, toujours selon Vanity Fair, récemment versé 100 millions de dollars à un de ses dirigeants pour qu'il ne quitte pas l'entreprise au profit d'un concurrent.
L'étude de First Round montre que les start-up payent en moyenne leurs ingénieurs (de niveau intermédiaire) entre 100 000 et 150 000 dollars par an, bonus compris. Soit entre 90 000 et près de 140 000 euros. Même si d'autres paramètres entrent en ligne de compte (comme la couverture santé), c'est plus de deux fois la rémunération d'un ingénieur de niveau comparable en France.
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Crédit photo : YuriyZhuravov / Shutterstock
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