Internet : enfin vers une gouvernance internationale ?
Quiconque a déjà tenté de comprendre la gouvernance internet a forcément été frappé par l'interconnexion qui lie les différents acteurs et l'incroyable complexité des rapports qu'ils entretiennent. L'AFNIC (organisme chargé de la gestion des « .fr ») a présenté les différents acteurs puis les futures questions abordées lors de la prochaine rencontre de l'I CANN (Internet Corporation for Assigned names and Numbers) organisée à Paris, au mois de juin.
A la tête de tous les acteurs se trouvent indéniablement l'ICANN. Crée en 1998, cet organisme chargé de gérer l'attribution des « .com », « .org », « .net» et des noms de domaines (DNS), exerce depuis 10 ans une influence considérable sur le Web mondial. La création du Forum sur la Gouvernance du Web, a permis aux différents participants (gouvernements, entreprises ou scientifiques) de s'exprimer sur différents aspect de la gouvernance d'Internet, et notamment, de l'avenir de cette institution dont le rôle et l'influence américaine sont contestés.
Autour ce dernier gravite une myriade de petites organisations (ISOC, IETF et d'autres entités régionales semblables à l'AFNIC) aussi bien chargées de réfléchir sur les échanges entres les utilisateurs ou de gérer les standards techniques du Web. A cela, il convient d'ajouter l'existence de 13 « opérateurs racines » chargés de faire transiter une partie des requêtes du web vers les organismes nationaux. « Il s'agit d'un monde d'initiés. C'est un vrai problème », note Mathieu Weill, directeur général de l'AFNIC.
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La complexité d'une structure où « rien n'a changé depuis le début« est sans doute l'un des plus grands défis de la gouvernance, mais il est loin d'en être le seul. Le département du commerce américain reste intrinsèquement lié à l'ICANN. Pour l'AFNIC, « il faut élaborer des contre-pouvoirs internationaux« . Facile à dire.
Aux Etats-Unis, certains membres du Congrès refusent d'abandonner les prérogatives de l'ICANN, véritable levier de contrôle sur le Web. De leur côté, les Européens exigent une présence accrue au sein de l'organisme. Les Chinois quant à eux réclament plus de liberté sur le contrôle du Web. D'où d'indéniables problèmes politiques à venir.
L'IPv6 apparaît également comme une thématique de choix. Face à la pénurie annoncée d'adresse IPv4 à l'été 2011, nombreux sont ceux qui appellent à prendre les devants et à opérer un basculement vers ces nouvelles versions d'adresse IP. Toutefois, « [Le prochain de sommet de] Paris permettra d'en discuter », affirme Mathieu Weill.
Au menu figurera également la question des nouvelles extensions. Selon Loïc Damilaville, dg adjoint de l'AFNIC, « Plusieurs centaines d'extensions devraient être proposées : .BANK , .CYM et beaucoup d'autres« . Des questions telles que la lutte contre le cybersquatting et l'attribution d'IDN (nom de domaine à la graphie non latine ou latine accentué) devraient également être débattues.
En somme, la prochaine réunion parisienne s'annonce cruciale. En plus d'enjeux techniques sur le devenir du Web, le débat sur l 'internationalisation de la gouvernance du Web devrait monter en puissance.
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