La France souhaite protéger ses start-up stratégiques
L'État a semble-t-il trouvé une réponse pour protéger le patrimoine technologique français qui tombe trop souvent aux mains de la concurrence, notamment américaine, et cela, sans violer les règles européennes interdisant les aides publiques. Dés le prochain été, des capitaux privés équivalant à 200 millions d'euros seront mobilisés en vu de garantir l'autonomie financière et la nationalité française de projets dits stratégiques, c'est à dire les technologies de l'information, l'aéronautique, l'énergie, les nanotechnologies, la défense?
Pour rester dans le cadre légal fixé par Bruxelles, l'État se contentera juste d'apporter son « expertise technologique ». C'est une forme innovante de partenariat public/privé où il n'est nullement question de subvention ni d'incitation fiscale. Les domaines d'activités de ces entreprises représentent un réel enjeu pour la sécurité publique française et européenne. Dans le dispositif présenté hier, la Caisse des Dépôts jouera un rôle de fédérateur. L'institution publique dispose de capitaux importants. Le groupe de Brienne, fonds d'investissements constitué dans les années 90 à l'initiative du ministère de la Défense, la soutiendra. Les deux structures ont souscrit pour une part très minoritaire, à cinq fonds d'investissements existants et spécialisés chacun dans un domaine technologique donné. A ces capitaux viendront s'ajouter ceux d'institutionnels ou de groupes industriels comme EADS ou Thalès. Cette force de frappe financière sera confiée à trois sociétés de gestion (ACE management, Occam, et Ermetec gestion) qui ont signé un accord de partenariat afin d'éviter une concurrence inutile. Quant à l'expertise technologique, elle sera le fruit d'une réflexion d'experts publics présents au sein des différents ministères (Recherche, Défense, Industrie?) Des experts privés de l'industrie seront associés. Ne bénéficieront d'un avis favorable que les projets présentant des débouchés techniques et commerciaux réels. L'emprise américaine
Faute de moyens financiers, les entreprises dites stratégiques sont souvent rachetées par les investisseurs américains particulièrement friands des jeunes pousses françaises. Le rachat de Gemplus l'un des leaders sur le marché des cartes à puce par le fonds texan TPG illustre cette fuite des idées vers des pays étrangers. TPG lui même lorgne aujourd'hui Ingenico, le numéro un mondial des terminaux de paiement (voir notre article). Le fonds d'investissement Carlyle, déjà actionnaire du papetier Otor, cherche à en prendre le contrôle. En décembre le groupe américain Electronic Arts (lire notre article) a ramassé prés de 20% du capital d'Ubisoft. La société Echostar s'est offert pour 7 millions d'euros le fabricant de baladeurs audio-vidéo Archos. Ces deux dernières sociétés sont certes loin du domaine de la défense, mais elles sont réputées pour être porteuses de réelles innovations technologiques.
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