Le ton contre EDVIGE se durcit. Le gouvernement prêt à des concessions
EDVIGE, c'est le dossier qui fait polémique cette rentrée. Ce fichier d'exploitation documentaire et de valorisation de l'information générale mis en place début a déjà recueilli près de 100.000 signatures contre lui. Une manière de critiquer vertement le traitement, la conservation et le recueil d'informations personnelles par les services de police.
Ce meta-fichier doit servir aux forces de police à centraliser des informations sur toute personne ou société pouvant porter atteinte à l'ordre public. Rappel. Par ce fichier, les services de renseignement peuvent retrouver pêle-mêle des informations sur l'état civil, la profession, adresses, numéros de téléphone, immatriculation, informations fiscales, etc. d'à peu près n'importe qui « susceptible » de porter atteinte à l'ordre public. Et ce fichage peut s'appliquer dès l'âge de 13 ans.
C'est d'ailleurs sur ce point que la ministre de l'Intérieur, s'est dite prête à faire quelques aménagements. Michèle Alliot-Marie s'est déclarée favorable à un « droit à l'oubli » pour les mineurs fichés, au cas où ils ne commettraient aucune infraction. La ministre fait écho aux multiples critiques de la Cnil, la ministre a avoué entendre « des inquiétudes qu'il faut lever, comme toutes les ambiguïtés« . Un virage qui, même au sein du gouvernement ne parvient pourtant pas à rassurer.
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Après Hervé Morin, ministre de la Défense qui a critiqué publiquement le fichier, Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme a réclamé des précisions afin de mieux connaître le rôle d'EDVIGE. Elle souhaite obtenir des précisions sur les possibilités de fichage pour motif d'orientation sexuelle.
D'autant que les critiques venant d'organisations non-gouvernementales sont de plus en plus prégnantes. Après la Ligue des Droits de l'Homme, c'est la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme qui se penche sur la question. Elle pourrait d'ailleurs rendre un rapport sur les dérives qu'un tel fichier pourrait causer.
Du côté du gouvernement, Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, a dû s'expliquer : « Edvige, c'est finalement la régularisation d'un fichier qui existe depuis très longtemps, puisqu'il a étécréé en 1991 sous un gouvernement socialiste. Son informatisation aboutit à cette régularisation [.] ce n'est donc pas une invention de Nicolas Sarkozy, mais une réalité dans les fichiers des RG (renseignements généraux) ». Il faut dire que la pratique du fichage papier par les Renseignements généraux a cours depuis leur création en 1911.
Dès lors, c'est le Conseil d'Etat qui devra à nouveau se pencher sur la question. Déjà saisi avant l'été, il avait autorisé EDVIGE sans penser qu'une telle levée de bouclier l'amènerait à se ressaisir du dossier.
Une lourde tâche, d'autant que le milieu associatif ne laissera pas retomber la pression. Une journée d'action est déjà prévue le 16 octobre, jour de la Saint-Edwige. Le collectif propose aux manifestants d'aller dans les préfectures pour y déposer « leur propre fiche afin de faciliter le travail de la police« .
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