Les femmes de l'IT (2) : Sonia Rameau (notrefamille.com)
Après avoir fait ses classes à l'école Hôtelière de Lausanne, au Cesma de Lyon et à Cranfield, en Angleterre, Sonia Rameau travaille trois ans à Paris chez Eurest restauration collective), puis s'envole en direction de Londres pour rejoindre Compass, la filiale britannique du groupe.
Entre 1996 et 1998, elle rejoint une petite start-up de businessmeeting.com, place de marché spécialisée dans la mise en relation d'organisateurs de réunions et de centres de conférence pour les entreprises. Il s'agit surtout d'organiser des lieux de réunions pour des rassemblements de 100 à 10.000 personnes. En parallèle de l'activité de conseil en Business Development et marketing web qu'elle a crée fin 1998, elle s'investit en 2001 dans un projet, le futur notrefamille.com qui aujourd'hui rassemble 3,5 millions de visiteurs uniques par mois, 600.000 clients et un chiffre d'affaires 9,7 millions d'euros en 2007 (+43%).
Les nouvelles technologies vous ont-elles toujours intéressé ?
J'ai découvert le net à Cranfield, en 1996. Il n'y avait quasiment pas Internet à Lyon, j'ai trouvé ça extraordinaire même si a priori, je n'étais pas une passionnée du net. A mon retour de Cranfield, mon père m'a dit qu'il y avait un projet sur le tourisme d'affaire en ligne, un projet novateur mais pas payé. Je m'y suis lancé et c'était intéressant, j'ai rencontré beaucoup de gens et ça m'a permis de voyager aux Etats-Unis.
C'était le moment où les chaînes hôtelières voulaient mettre la réservation en ligne. Mais elles craignaient une collusion avec les agences de voyages. C'était une période géniale, un moment où tout allait fort en France.
Qu'est ce qui vous a plu ?
La conviction que le Net pouvait apporter beaucoup.
Avez-vous rencontré des difficultés durant votre formation ?
Je n'ai connu aucune difficulté. J'ai suivi beaucoup de conférences en 97-98, pour collecter le plus d'informations possible. J'ai rencontré des ingénieurs pour m'expliquer comment fonctionnait le Net. Autour du web, il y a quand même beaucoup de travail classique, notamment autour du marketing.
S'immerger dans cet univers a-t-il été facile ?
Mon intégration a été très naturelle. J'ai complètement adhéré. Dans les deux heures j'ai trouvé cela génial. Néanmoins, entrer dans la techno pure est difficile. Il faut conserver l'humilité de dire que l'on ne comprend pas certaines choses.
Entrer dans un mode masculin n'a pas posé de difficultés ?
L'intégration n'a jamais été vraiment difficile. Je ne suis pas féministe. Je n'entre pas dans la polémique homme/femme. Je n'ai pas besoin de prouver quoi que ce soit. Cependant, d'une manière générale, les femmes ont peut-être besoin de travailler plus. Naturellement, ce n'est pas un besoin de prouver qu'on peut être plus crédibles.
En débutant dans la restauration collective et l'hôtellerie, des univers très masculins, j'ai assez vite appris à m'adapter.
Concevez vous le monde des nouvelles technologies comme un univers sexiste ?
Ce n'est pas un milieu sexiste. Il y a moins de femmes, c'est vrai. Cela provient surtout du fait qu'elles sont peu nombreuses dans les filières d'ingénieurs. Pourtant, les femmes ne sont pas plus idiotes que les hommes ! D »un autre côté, les nouvelles technologies restent un environnement qui plaît surtout aux hommes et moins aux femmes.
S'imposer a-t-il été compliqué ?
J'ai pris la place que je me suis faite. D'après moi, si on travaille bien, les bénéfices arrivent naturellement. Nous disons souvent aux gens qui travaillent pour nous qu'ils ont la place qu'ils doivent prendre. Pour moi, il s'agit surtout d'une question de compétence.
Votre manière de diriger est-elle différente de celle d'un homme?
Notre sensibilité, notre approche humaine et notre faculté de négociation sont différentes. Nous sommes moins avides de pouvoir et très tournées vers les besoins de notre entreprise.
Votre expérience vous a-t-elle avantagé ?
J'ai eu la chance de côtoyer des capitaux-risqueurs. Par la suite, en tant que business angel, j'ai obtenu une connaissance du marché importante, ça m'a facilité la tâche.
J'ai gardé des liens avec tous les gens que j'ai rencontrés, au Cesma, à l'école hôtelière et à Cranfield. Avoir un bon réseau crée de la valeur et des synergies.
Que pensez vous de la situation des femmes dans votre secteur ?
Nous sommes dans un marché où il n'y a pas beaucoup d'offres. Si les femmes qui postulent sont compétentes, elles peuvent trouver sans problème. Beaucoup de femmes ont fait des écoles de commerce et de marketing. Malheureusement, elles disposent de peu d'expérience sur Internet.
Au sein de Notrefamille.com, nous avons peu d'ingénieurs femmes. En revanche, notre équipe de graphistes est composée aux deux tiers de femmes.
Quelques mots sur votre vie et votre carrière ?
J'ai la chance de faire depuis 12 ans un travail où j'apprends tous les jours. C'est extraordinaire.
Le premier épisode de notre série : Jocelyne Attal, directrice mondiale du marketing chez Avaya.
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