SAP - B.O.: un rapprochement certes logique mais cher payé...
Les deux éditeurs de logiciels -européens- confirment que leur conseil d'administration ont bien donné leur feu vert pour cette offre amicale de rapprochement. Une conférence de presse ce 8 octobre à Paris était programmée. Elle devra lever le voile sur certaines interrogations
Les réactions à l'annonce du rachat de Business Objects (BO) par SAP sont multiples, et pas toujours positives.
Certes, c'est sans surprise que les marchés financiers ont sanctionné le titre SAP - l'action a perdu - 5 % dans l'heure qui a suivi l'ouverture de la Bourse de Francfort -, les acquisitions à ce niveau de prix sont toujours mal acceptées par les actionnaires qui craignent la dilution de leurs actifs.
De son côté, et là aussi sans surprise, la Bourse de Paris a salué le rachat, avec un titre BO qui a bondi de plus de 17 % dès la reprise de la cotation du titre, et malgré un avertissement lancé dans la foulée.
Mais ce sont plutôt les conditions du rachat qui ont surpris les marchés. Avec une prime de 20 % sur le cours de l'action BO (nettement au dessus de ce qui se pratique), soit 42 euros l'action, SAP réalise la plus grosse acquisition de son histoire, 4,8 milliards d'euros. Mais c'est bien cher payé pour une entreprise dont la capitalisation boursière ne dépasse pas les 4 milliards ?, et surtout dont le chiffre d'affaires est inférieur au milliard !
Le conseil d'administration de BO a recommandé l'offre de SAP à ses actionnaires, on le comprend. Ce sera sans doute moins évident du côté du géant allemand qui espère boucler l'acquisition, réalisée en 'cash' et en emprunts, au premier trimestre 2008. Mais anticipe déjà une réduction d'environ 5 centimes de son bénéfice par action sur ce même trimestre, et un retour à l'augmentation de son bénéfice. en 2009 !
SAP a-t-il cédé à la pression du marché ? Des noms ont circulé, des rumeurs, sur les candidats au rachat du géant franco américain de la Business Intelligence (BI). Oracle, Microsoft, BEA. Sans doute certains d'entre eux étaient sur les rangs et ont joué le jeu de la surenchère. Le géant allemand s'est-il fait piéger à ce jeu qu'il n'est pas dans sa culture de pratiquer ?
D'autant que l'annonce du rachat intervient à un moment pour le moins inopportun. Business Objects a en effet lancé un avertissement sur ses résultats au troisième trimestre, en publiant des résultats préliminaires quelques peu décevants, dont un chiffre d'affaires des licences qui sera inférieur aux attentes. Rappelons que les ventes de licences sont considérées comme un indicateur de la santé des éditeurs.
Résultat, le bénéfice par action sera très nettement inférieur aux attentes des analystes. Il devrait se placer dans une fourchette de 36 à 39 cents, contre 51 cents attendus !
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On pourra en revanche argumenter de la logique de l'acquisition de SAP, qui crée avec BO un véritable pôle de BI - autrement plus sérieux qu'avec l'acquisition d'Outlook Soft. L'allemand n'a d'ailleurs pas manqué d'indiquer que le principal intérêt de l'opération réside dans l'opportunité d'emporter de nouveaux contrats.
Mais les observateurs ne manqueront pas non plus de remarquer que l'acquisition marque une rupture dans la stratégie de SAP, qui historiquement a toujours misé sur la croissance organique, avec des acquisitions stratégiques mais de faible ampleur financière.
Avec cette acquisition, l'éditeur se place donc en position de rupture politique et culturelle, ce qui permet légitimement de s'interroger, à la différence de son concurrent Oracle, sur sa capacité à digérer une opération de cette envergure.
Reste que l'acquisition de Business Objects par SAP vient renforcer le pôle progiciel européen, attaqué par les éditeurs américains qui, entre Microsoft, IBM et Oracle, pour ne citer que ceux là, sont très largement majoritaire jusqu'en Europe.
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