Sigfox veut faire parler les objets sur tous les réseaux IoT
Les technologies des réseaux LPWA bas débit et longue portée évoluent. Et Sigfox a profité de la conférence de l'IETF (Internet Engineering Task Force) dédiée aux protocoles Bits-n-Bites de Chicago (26-31 mars) pour le démontrer. A cette occasion, l'opérateur du réseau mondial d'objets connectés y a réalisé, avec succès, un essai pilote de la future norme SCHC (Static Context Header Compression) sur son réseau de Chicago. Le premier du genre, selon l'entreprise française.
Développé en partenariat avec la start-up rennaise Acklio, SCHC est une nouvelle technologie de compression qui ouvre des perspectives d'interopérabilité sur les réseaux IoT (Internet des objets). « Il s'agit de faire passer des services IP sur une technologie LPWA en réduisant les informations de trame des entêtes IPv6 CoAP (un protocole de transfert Web pour les réseaux contraints, NDLR) à quelques octets pour s'adapter aux réseaux bas débit, nous explique Juan Carlos Zúñiga, expert de la standardisation chez Sigfox et président du groupe IntAera à l'IETF. Plutôt que de compresser toute la trame, le protocole envoie des règles pour reconstruire le paquet à l'autre bout du réseau en fonction du contexte. »
Faire communiquer les objets indépendamment des réseaux
Concrètement, cette technologie hautement évoluée de «?compression?» va avant tout servir à permettre le développement d'applications d'objets connectés indépendamment du réseau LPWA utilisé, que ce soit celui de Sigfox, des acteurs Lora, mais aussi des infrastructures cellulaires pour le NB-IoT de la 3GPP (l'association de standardisation des technologies mobiles). Des acteurs tous représentés au sein du groupe de travail LPWAN de l'IETF sur SCHC. Autrement dit, SCHC apparaît comme un moyen de faire communiquer entre eux les objets indépendamment du réseau. « Nous définissons une base commune à tous les réseaux, qui sera enrichie de profils propres à chacun des réseaux, pour répondre à leurs spécificités », ajoute-t-il. Les développeurs n'auront alors qu'à préciser les paramètres adéquats aux applications des objets en fonction du réseau sur lequel ils seront déployés, sans plus avoir à développer spécifiquement pour le réseau ciblé.
Une indépendance vis-à-vis des technologies radio qui devrait faciliter le développement des applications et accélérer l'innovation, donc la création de valeur. « Cela va donner plus de confiance au marché en enlevant la crainte liée à l'adoption d'un réseau ou d'un autre », suggère Juan Carlos Zúñiga. Un objet pourrait ainsi basculer d'un réseau à l'autre sans avoir à redévelopper tout l'applicatif (selon la capacité du module radio à accrocher plusieurs réseaux et à condition que ces derniers soient bien présents dans la zone de déploiement).
Reconfigurer les capteurs
La norme permettra également une reconfiguration optimale des objets. « Selon les cas, le capteur pourra embarquer un certain nombre de configurations répondant à plusieurs contextes. Il suffira alors d'envoyer le contexte pour reconfigurer le capteur », ajoute le responsable technique. Selon lui, 3 octets suffiront ainsi à configurer un capteur, par exemple à ajouter un relevé d'humidité à un capteur de température (si la puce embarque cette possibilité évidemment).
Lors de son test, Sigfox a démontré deux choses?: d'une part la capacité à communiquer depuis le Cloud avec un appareil (un Raspberry Pi en l'occurrence pour la démonstration) qui embarque une application ; d'autre part, la capacité à gérer l'identité virtuelle d'un objet (un simple micro-contrôleur en l'occurrence) depuis le Cloud, qui sert alors d'intermédiaire pour l'application du client. « Cela permettra aussi de faire de la gestion d'appareil, de la reconfiguration de capteur, du provisionnement. », assure l'expert de l'opérateur toulousain.
Lire aussi : La stratégie "green coding" d'AXA passe par les API
SCHC 1.0 dès début 2018 ?
Bien avancée six mois après ses premiers développements, la nouvelle norme en est encore au stade du développement. D'autant que Sigfox se présente comme le premier acteur du groupe de travail à avoir élaboré un projet pilote. « C'est important pour nous que l'on reste les premiers à innover sur le marché de l'IoT », fait valoir Juan Carlos Zúñiga. Qui a bon espoir que la finalisation de la première version de SCHC aboutisse pour le début de l'année prochaine. La standardisation de l'interopérabilité de l'IoT fera alors ses premiers pas.
[Article mis à jour à 15:32]
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