Skype mise sur les PME pour doper son chiffre d'affaires
Avec 309 millions d'utilisateurs dans le monde, Skype est une formidable réussite. Mais la grande majorité d'entre-eux utilisent le client de VoIp entre PC, ce qui ne rapporte strictement rien à l'entreprise américaine. Certes, la filiale d'eBay propose depuis peu des forfaits pour les appels payants (vers des lignes fixes). Mais si le volume de ces appels progresse, il reste marginal 1,7 milliard de minutes (+33% sur un an) sur un total de 14,2 milliards de minutes.
Il faut dire qu'une partie de plus en plus importante des utlilisateurs grand public s'abonnent des offres triple-play qui permettent d'appeler gratuitement les lignes fixes.
Pour doper son chiffre d'affaires, Skype mise sur les PME. En fait, l'entreprise a toujours adressé cette cible mais aujourd'hui, la volonté semble plus forte, la perception de ce marché comme levier de croissance apparaît comme plus stratégique.
« 30% de nos abonnés utilisent Skype à des fins professionnelles », souligne Enrico Noseda en charge de la division Business de Skype. Ce qui ne veut pas dire que le tiers du parc est constitué d'entreprises. Pour autant, il existe bien un réservoir, d'autant plus qu'« entre 80 et 95% des PME européennes connaissent Skype ».
Quelles sont alors les armes de Skype pour séduire le marché des PME (de 1 à 500 salariés), un marché très sollicité ? Il y a bien sûr la gratuité des appels entre PC Skype, la baisse de la facture télécom (33% des entreprises utilisatrices avancent une baisse des coûts de 50%) et une amélioration de la productivité.
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Mais ces arguments sont connus. Et ne sont pas suffisants. En France notamment, les PME sont souvent tentées par les offres grand public des FAI qui leur permettent de téléphoner tout aussi gratuitement, même à l'étranger. Et les opérateurs professionnels comme Completel ou encore Future Telecom proposent tous des packages payants dédiés aux petites structures incluant accès DSL, VoIP, joignabilité, outils en ligne.
Les responsables de Skype misent sur certaines 'features' pour se démarquer. On peut citer la possibilité d'intégrer Skype à des applications métiers (comme Salesforce), de nouveaux outils gratuits de vidéo et de téléconférence en haute définition ou encore Skype sur mobile.
« Les PME sont de plus intéressées et de plus en plus consommatrices d'appels vidéos, ce type d'options n'est pas proposée par les opérateurs », souligne Enrico Noseda.
La mobilité pourrait représenter un fort élément différenciant. Mais à ce jour, les opérateurs (excepté '3') rechignent toujours autant à ouvrir leurs réseaux au logiciel; angoissés par l'éventuelle baisse de leur Arpu.« Il y a des blocages, pour autant; nous essayons d'expliquer que Skype constitue une bonne source de trafic data pour les opérateurs », ajoute le responsable. Reste qu'en France par exemple, il est toujours très difficile d'utiliser Skype sur un mobile, ou alors de manière 'officieuse'.
Les PME permettront-elles à Skype de doper son chiffre d'affaires de manière significative ? Difficile à dire mais en tout cas, sa maison mère eBay commence à s'impatienter. Les appels payants ont généré 126 millions de dollars de chiffre d'affaires au premier trimestre 2008 (+61%), mais face à sa valeur de rachat (2,6 milliards de dollars) et à une provision de 1,4 milliard passée en octobre dernier, eBay menace : « Nous testons cette année les synergies. Si ces dernières sont fortes, nous la garderons en portefeuille. Si elles ne le sont pas, nous la reconsidérerons », explique le nouveau président d'eBay, John Donahue, en précisant que cela pourrait conduire à une cession.
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