Street View : Google se défausse sur « l'ingénieur Doe »
À la suite d'une investigation du régulateur américain des télécoms (FCC), l'initiateur supposé de la collecte de données personnelles réalisée dès 2007 dans le cadre du projet Google Street View, a été identifié. L'ingénieur affirme avoir prévenu sa hiérarchie.
D'après une enquête menée dix-sept mois durant par l'autorité américaine en charge des télécommunications (Federal Communications Commission - FCC), Google aurait collecté entre mai 2007 et mai 2010 des données privées par le biais de réseaux Wifi, à l'insu des internautes, et ce dans le cadre de son projet visant à photographier et à cartographier les rues du monde (Street View). Si la collecte d'informations est incluse au projet, elle devrait être limitée et avoir pour seul objectif d'améliorer la recherche géolocalisée. Un ingénieur ayant reçu l'aval de sa hiérarchie serait allé plus loin.
« L'ingénieur Doe »
Parmi les données à caractère personnel collectées se trouvaient des messages électroniques, des SMS, des identifiants, les historiques de navigation web et d'autres informations sensibles. À l'origine de cette collecte se trouverait l'un des collaborateurs du projet Street View, un programmeur. « L'ingénieur Doe » , comme le nomme la FCC, a été identifié comme étant un certain Marius Milner, hacker et spécialiste du Wifi, par un ancien enquêteur fédéral auquel le New York Times fait référence.
En conscience, l'informaticien aurait inclus au logiciel associé au projet de Google du code permettant de recueillir, depuis des voitures spécialement équipées, des communications non protégées envoyées depuis les ordinateurs des foyers. Google a longtemps maintenu que son collaborateur aurait agi seul. Or, le rapport de la FCC stipule que l'ingénieur aurait tenu informer au moins un de ses supérieurs et déclaré que sept informaticiens ayant également travaillé sur le code du logiciel étaient susceptibles de savoir ce qui se passait.
Google contre-attaque
La FCC a infligé à la firme de Mountain View une amende de 25 000 dollars - ce qui ne risque pas de bousculer la trésorerie de l'entreprise - pour avoir « délibérément entravé et retardé » l'enquête.
Google, de son côté, estime que l'investigation aurait été bien plus rapide si le régulateur avait été prompt. Dans certains cas, la FCC aurait pris de sept à douze semaines pour commenter l'information demandée à l'entreprise dans le cadre de cette affaire. D'après Google, ces retards étaient si fréquents que l'enquête n'aurait pas été conclue à échéance si la firme californienne n'avait pas accepté une extension de sept mois pour traiter le dossier.
Par ailleurs, Google a rappelé à la FCC avoir pleinement coopéré en lui transmettant plus de 800 pages d'information, et ce après avoir examiné plus de 500 000 documents. De plus, la compagnie souligne que le département américain de la Justice (DoJ) et la commission du commerce (FTC), qui tous deux ont enquêté sur Street View, ne l'ont pas pénalisé.
Enfin, en acceptant de payer l'amende infligée par la FCC, Google a éloigné le risque de bras de fer judiciaire aux États-Unis. En revanche, en Europe la situation pourrait se dégrader. D'après le New York Times, les régulateurs français, allemand et britannique seraient prêts à relancer leurs investigations sur le cas Street View.
Sur le même thème
Voir tous les articles Business