Sur la route du B2B, Murena passe par la case crowdfunding
Murena, qui joue l’alternative aux Big Tech sur les OS mobiles et les suites collaboratives, pousse la porte du marché des entreprises.
Un objectif de financement dépassé de 196 %, avec 800 000 euros récoltés en seulement 15 jours. Dans les grandes lignes, c’est le bilan que Murena fait de sa campagne de financement participatif sur Crowdcube.
Dans les faits, il a collecté un peu moins (environ 787 000 €). Et ce montant inclut quelque 343 000 € levés hors de la plate-forme (un « investissement complémentaire »).
Les 196 % annoncés ne correspondent pas tant à un dépassement qu’au taux de souscription par rapport à l’objectif minimum (400 000 €). L’objectif maximum était à 5 millions d’euros. Soit le montant que les actionnaires existants de Murena l’ont autorisé à obtenir avant fin 2024.
À fin 2023 (comptes à approuver par l’AG), la maison mère Murena SAS dispose de 1,578 M€ de trésorerie et affiche 1,427 M€ de dettes. Sur l’exercice, elle a perdu 124 k€. Elle n’a pas généré de CA. Celui-ci est en fait porté par les filiales française Murena Retail SAS (2,39 M€ ; – 6 % sur un an) et américaine Murena Inc. (517 k€).
Entre /e/OS et Murena Cloud, porter l’approche « sans Big Tech » sur le marché des entreprises
Murena avait lancé sa collecte sur la base d’une valorisation pré-financement de 15 M€ et d’un prix par action de 31,60 €. Au lancement de la campagne, Gaël Duval détenait un peu plus de 42 % du capital (seul actionnaire au-delà des 25 %).
Le fondateur et principal dirigeant de Murena avait tenu à justifier le choix d’un tel canal de financement. La société et ses produits ont atteint un bon niveau de visibilité et de réputation, assurait-il à renfort de deux chiffres en particulier : 45 000 utilisateurs mensuels du système d’exploitation /e/OS et 128 000 comptes Murena.
L’intéressé affirmait aussi porter un projet « trop atypique » pour les VC. Il ne mâchait pas ses mots : pour ces investisseurs, les proies idéales sont les jeunes entreprises développant un produit ou une technologie verticale comblant un vide chez les Big Tech… et par là même vendables rapidement avec un bon ROI.
Le crowdfunding, c’est bon pour le marketing, ajoutait Gaël Duval. Murena entend précisément développer cet axe. Elle qui, pour reprendre les mots de son fondateur, fut jusqu’ici surtout une société d’ingénieurs – ces derniers consommant l’essentiel des dépenses d’exploitation.
Des développements, Murena en prévoit aussi sur le B2B. En première ligne, l’offre Murena Workspace. Positionnée comme alternative à Office 365, elle se fonde entre autres sur OnlyOffice et Nextcloud, avec des serveurs en Europe. Murena la monétise pour le moment grâce à des du stockage supplémentaire (forfaits pour 20 Go à 2 To par mois, en complément au Go inclus).
Fairphone dans la boucle
Les dons sur Crowdcube pouvaient donner lieu à des réductions sur ces abonnements. Autre possibilité : des réductions sur les téléphones Murena. Leur point commun : /e/OS, un système d’exploitation « dégooglisé » jusqu’au niveau des API*. Les contrôles de connectivité, par exemple, utilisent l’infra de Murna au lieu des serveurs de Google. Même logique pour le protocole de temps réseau, qui tire parti du NTP Pool Project. Et pour la géolocalisation, qui utilise les services de Mozilla en parallèle du GPS.
Dans la gamme de smartphones Murena, le flagship, que fabrique Fairphone, est à 769,90 € TTC. Il se distingue par son indice de réparabilité (9,3/10). On nous promet au moins 5 ans de mises à jour logicielles et de correctifs de sécurité, avec livraison au moins tous les 2 mois. La garantie standard dure 2 ans. La garantie étendue, 5 ans (3 pour les achats à partir du 1er janvier 2026). Principales spécifications matérielles :
Écran POLED 6,46 pouces (1224 x 2770), Gorilla Glass 5
SoC Qualcomm QCM 6490 (milieu de gamme, basé sur le Snapdragon 778G)
8 Go de RAM, 256 Go de stockage (+ emplacement microSD)
5G, double SIM
Batterie 4200 mAh amovible
Accéléromètre, gyroscope, boussole et lecteur d’empreinte
En plus des grandes entreprises technologiques, Murena cite, comme concurrents, LibreM et CalyxOS aux USA, Volla en Allemagne et Iodé en France.
Stable depuis mai 2022, /e/OS est un fork de LineageOS, avec son propre lanceur et microG intégré par défaut. Son code est ouvert, exception faite de l’application de cartographie Magic Earth (mais son éditeur néerlandais ne saurait tarder à faire le pas, veut croire Murena).
Le système d’exploitation s’appelait initialement eelo. Un nom abandonné après diverses poursuites, dont celles d’une entreprise allemande qui avait les droits sur la marque eelloo.
Illustrations © Murena
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