NUVIA, une pépite au coeur du conflit Arm-Qualcomm
Voilà Qualcomm menacé de perdre la licence qui lui permet de concevoir des coeurs Arm. Un conflit qui trouve racine dans l'acquisition de NUVIA.
Qualcomm, bientôt privé d'Arm ? En partie, peut-être. Il risque en l'occurrence de perdre sa licence architecturale. C'est-à-dire celle qui lui permet de concevoir ses propres coeurs.
Arm aurait effectivement décidé de mettre un terme à cette licence, avec un préavis de 60 jours. Une manoeuvre qui intervient alors que les deux entreprises sont censées se retrouver au tribunal en décembre.
Arm avait déposé plainte à l'été 2022. En toile de fond, une acquisition que Qualcomm avait réalisée l'année précédente, pour environ 1,4 Md$. Elle avait porté sur NUVIA.
Cette société n'avait alors pas d'offre commerciale, mais elle se distinguait par son équipe fondatrice :
- Gerard Williams, ancien d'Intel, de TI et d'Arm
- Manu Gulati, passé par AMD, Broadcom et Google
- John Bruno, qui avait lui aussi travaillé chez Google en plus, entre autres, d'ATI
Les trois hommes avaient surtout un ancien employeur en commun : Apple. À divers niveaux, ils avaient contribué à la conception des processeurs mobiles de la firme.
Chez NUVIA, les intéressés avaient développé un SoC Orion pour serveurs basé sur des coeurs Phoenix exploitant partiellement l'architecture Arm. Ils avaient levé près de 300 millions de dollars en deux tours de table. Avec, parmi les investisseurs, Dell Technologies Capital.
De NUVIA à Qualcomm, un problème de transfert de licence
Arm avait attaqué Qualcomm pour ne pas avoir négocié une nouvelle licence après s'être emparé de NUVIA.
L'entreprise britannique explique, dans les grandes lignes, que la licence d'origine ne permettait pas à Qualcomm d'exploiter les technologies que NUVIA avait développées jusqu'à l'acquisition. Plus encore de la manière dont il l'a fait, i.e. les réorienter du datacenter vers les terminaux.
Dans ce contexte, Arm avait mis fin à la licence de NUVIA en mars 2022. Ce qui n'avait pas empêché Qualcomm de continuer à exploiter les technologies concernées, prétend-il. D'où l'action en justice.
La licence que Qualcomm est menacé de perdre est dite architecturale : elle lui donne le droit d'utiliser le jeu d'instructions Arm pour concevoir ses propres coeurs de processeur. La licence qui lui permet d'acquérir des coeurs "sur étagère" n'est pas concernée.
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La licence architecturale a notamment été mise à contribution pour développer les coeurs Kryo. Et, plus récemment, les Oryon, qui sont à la base des SoC Snapdragon X Elite équipant les PC Copilot+. Ainsi que des Snapdragon 8 Elite, tout juste officialisés et ciblant les smartphones.
Arm cherche en fait à renégocier les conditions financières de cette licence. Sa démarche est susceptible d'avoir d'autant plus d'impact que des entreprises comme AMD et NVIDIA préparent, pour 2025, des concurrents aux Snapdragon.
Illustration © Qualcomm
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