Broadcom-VMware : de l'UE aux USA, les barrières se dressent
Dans la lignée de la FTC, la Commission européenne devrait ouvrir une enquête approfondie sur l'acquisition de VMware par Broadcom.
Vers une enquête approfondie de l'UE sur le rachat de VMware par Broadcom ? L'issue ne fait plus guère de doute.
Notifiée mi-novembre de cette transaction à plus de 60 milliards de dollars*, la Commission européenne a encore une semaine pour se prononcer. Soit elle donnera son blanc-seing, soit elle enclenchera, pour quatre mois, cette phase d'« enquête approfondie ».
Aux États-Unis, la FTC (Federal Trade Commission) a suivi le même chemin. Notifiée en juin, l'autorité avait d'abord demandé, un mois plus tard, des informations complémentaires. Avant d'enclencher, en octobre, la phase d'enquête approfondie.
Estimant que Broadcom et VMware ne sont ni en concurrence - sauf pour la protection des terminaux - ni en relation verticale, elle a axé son examen sur les effets congloméraux du rapprochement. On parle là, entre autres, des stratégies de ventes groupées ou liées. Et de la concentration du pouvoir de négociation.
Broadcom s'est déjà vu refuser un deal majeur par la FTC : la fusion avec Qualcomm. C'était en 2018, pour des raisons de sécurité nationale. Depuis lors, il a relocalisé son siège social aux États-Unis.
Les prix, une question brûlante
La semaine passée, en marge de l'annonce de ses résultats financiers, Broadcom a déclaré avoir obtenu le feu vert des autorités de la concurrence au Brésil, au Canada et en Afrique du Sud. Il a réaffirmé l'objectif de finaliser l'opération d'ici à la fin de son exercice fiscal (qui s'achèvera le 29 octobre 2023).
En parallèle de sa communication aux investisseurs, le groupe s'est adressé aux clients VMware. Avec, entre autres promesses, celles de ne pas augmenter les prix et de développer les partenariats existants.
La question des prix cristallise des craintes dont le Cigref et plusieurs homologues se sont fait l'écho. Non sans faire remarquer la position forte de VMware dans le domaine de la virtualisation et la difficulté à basculer vers des offres alternatives. Broadcom, lui, préfère souligner la concurrence des « trois grands » du cloud public.
Lire aussi : Broadcom-VMware : le rachat enfin bouclé
Avago, Brocade, CA Technologies, Symantec... Quand l'UE a dit oui à Broadcom
L'autorité de la concurrence britannique enquête. Elle l'a officialisé le mois dernier.
Sous les derniers dossiers M&A de Broadcom qu'elle a eus à traiter, l'UE a tranché favorablement. En 2019, après un mois d'enquête préliminaire, elle donnait son feu vert à l'acquisition de Symantec, considérant que son marché était concurrentiel et que Broadcom y avait un poids négligeable.
En 2018, également après un mois d'enquête, elle validait le rapprochement avec CA Technologies. Il lui avait fallu deux mois pour autoriser le rachat de Brocade, moyennant des engagements, notamment vis-à-vis de Cisco.
Il n'y avait pas non plus eu d'enquête approfondie sur le cas Avago. Mais il y avait là aussi eu des engagements de la part de Broadcom, consistant en la refonte de contrats.
* Dette comprise, on monte à 69 milliards de dollars. Soit à peu près le même montant que celui que Microsoft a mis sur la table pour s'emparer d'Activision Blizzard. Une opération également mise à mal par les autorités de la concurrence.
Photo d'illustration © Arm Holdings
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