Fibre : Numericable rejoint l'accord entre Orange et SFR. Pas Free
La situation se débloque un peu dans le dossier épineux du déploiement de la fibre optique en France. Ce mardi a eu le très attendu premier comité de pilotage réunissant les opérateurs en présence (Orange, Free, Numericable et SFR) et le secrétaire d'Etat à l'Economie numérique, Eric Besson.
Objectif : « fixer les règles de mutualisation de la fibre optique, claires et efficaces pour éviter des zones de duplication des réseaux et despécifier les deux solutions techniques »qui divisent les opérateurs en place et qui bloquent les déploiements verticaux (dans les immeubles) alors que les déploiements horizontaux avancent.
Or, comme le souligne le gouvernement, la mutualisation de la partie terminale des réseaux constitue le premier facteur d'accélération du déploiement de la fibre en France. Encore faut-il se mettre d'accord sur la meilleure technologie.
Orange s'est associé à SFR (Neuf Cegetel) pour mener des déploiements mutualisés dans les immeubles de grandes villes. Le duo est aujourd'hui complété par le câblo-opérateur Numericable.
Les signataires sont convenus de mettre en oeuvre une solution de type monofibre sur la zone où ils déploient actuellement ou déploieront prochainement leurs réseaux. Chaque logement est ainsi équipé d'une fibre dédiée, attribuée à l'opérateur choisi par l'abonné au niveau d'un point de mutualisation.
« Cet accord souligne l'importance des infrastructures de Numericable déjà en place, qui pourront faciliter le déploiement de la fibre optique de tous les opérateurs. Les habitants de chaque immeuble des zones concernées par l'expérimentation auront ainsi le choix entre au moins trois opérateurs », peut-on lire dans un communiqué.
« Les expérimentations en cours et à venir participeront à une adoption plus rapide de la fibre optique par le consommateur. L'accord conclu aujourd'hui par Numericable avec France Telecom et SFR en est une des premières illustrations », commente de son côté Pierre Danon, p-dg de Numericable.
Rappelons que ce dernier a une approche différente de celle de ses concurrents. Le groupe rénove son réseau câblé horizontal (sous terrain) en le fibrant mais les derniers mètres (jusqu'au foyer) demeurent en coaxial. En bref, Numericable a opté pour le FTTB (fibre to the building) alors que ses concurrents misent sur le FTTH (fiber to the home).
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L'opérateur revendique 4 millions de prises prêtes pour la fibre et 104.000 abonnés à son offre fibre, soit la majorité des abonnés français à la fibre (150.000).
Reste le problème Free. Le trublion de l'Internet refuse jusqu'à présent de s'associer à l'initiative. « On refuse cet accord car il referme le marché, il est contraire à la loi, contraire à l'intérêt du consommateur. Par ailleurs, il privilégie la technologie monofibre, or seul le multifibres permet aux offres alternatives d'être présentes au pied de l'immeuble. On est prêt à discuter mais France Télécom joue la montre ».,explique le FAI.
« Free a refusé juqu'à présent les propositions d'accord qui lui ont été faites, en exigeant le déploiement systématique de la solution multifibres non encore expérimentée et en privant largement les habitants des immeubles fibrés par ses soins, notamment à Paris, de la liberté de choisir un autre opérateur. Free bloque ainsi la mise en oeuvre d'un accord général sur la mutualisation du fibrage vertical, préalable indispensable au déploiement à grande échelle de la fibre »,répond Orange.
Néanmoins, Orange, Numericable et SFR ont bien accepté ce mardi de déployer sur Paris (15e et 20e arrondissement) et à Marseille (8e arrondissement) une solution multifibres à titre expérimental et d'en tirer des conclusions.
Par ailleurs, le document officiel issu de cette première réunion de travail spécifie bien que l'expérimentation et la spécification de deux modèles de mutualisation, le « monofibre » et le « multifibres », ainsi que d'éventuels modèles intermédiaires, sont lancées ce 16 décembre 2008.Il est bien dit que les opérateurs prennent l'engagement de participer aux expérimentations. Pas sûr que cela suffise à Free. Mais en repoussant l'accord, le trublion semble de plus en plus isolé.
Reste que sans cet acteur, qui entend investir un milliard d'euros dans le FTTH, la perspective d'un déploiement homogène et rapide de la fibre n'est pas encore pour demain.
>>>Le comité de pilotage réuni autour d'Eric Besson
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