IaaS : qu'inclure sur sa shortlist en 2022 ?
Qu'attendre d'un hyperscaler en 2022 et sur quels points être vigilant ? Le dernier Magic Quadrant dédié à ce segment de marché donne des indicateurs.
Multicloud et TCO, antinomiques ? Le premier implique en tout cas bien souvent des compromis sur le second. Gartner en fait le constat et l'inscrit en filigrane dans son dernier Magic Quadrant du cloud public d'infrastructure.
Le cabinet américain attire plus globalement l'attention sur la réalité d'offres fortement captives, plus encore à mesure qu'on remonte la couche PaaS. Il pointe aussi, sans en nommer, des fournisseurs qui poussent le client à niveaux d'engagement de plus en plus importants. Quant aux architectures multiclouds, en l'état, elles « ne conviendront qu'aux clients les plus [avancés] capables de gérer la multitude de défis associés ».
À ce tableau, on ajoutera les historiques « très variables » des uns et des autres en matière de résilience et de sécurité. Avec, en toile de fond, l'inflation, l'évolution des réglementations et la pénurie de compétences.
Lire aussi : PaaS et multicloud, une antinomie ?
Pour figurer au Quadrant, il fallait proposer au moins une offre respectant, entre autres critères technologiques :
- Sur les services d'infrastructure, au minimum du monitoring et de l'autoscaling
- Au moins un dbPaaS managé
- Au moins un FaaS managé
- Des SDK dans au moins trois langages
- La capacité à provisionner une VM Linux en 5 minutes et 1000 en une heure ; au moins un modèle d'instance proposant 16 vCPU et 128 Go de RAM ou plus
- Un SLA de 99,9 % pour le compute
Sur le volet business, un critère en particulier a restreint le nombre de fournisseurs classés. Il fallait, dans les grandes lignes, avoir réalisé au minimum 1 Md$ de revenus en 2021 (ou, si l'offre prise en compte avait moins de trois ans, 500 M$ et au moins 50 % de croissance annuelle).
Huawei rejoint le cercle
En 2021, les sept fournisseurs classés furent les mêmes qu'en 2020 (première année où le PaaS fut inclus dans le Quadrant aux côtés du IaaS). On les retrouve cette année encore. Avec toujours les trois mêmes « leaders » (AWS, Microsoft, Google)... et un « petit nouveau » : Huawei Cloud.
Gartner juge les offreurs sur deux axes. L'un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). L'autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...).
Sur l'axe « vision », les CSP classés au Quadrant se placent dans cet ordre :
Fournisseur | Date de création | |
1 | Microsoft | 1975 |
2 | AWS | 2012 |
3 | 1998 | |
4 | Alibaba Cloud | 2009 |
5 | Oracle | 1977 |
6 | Huawei Cloud | 2017 |
7 | IBM | 1911 |
8 | Tencent Cloud | 2013 |
Sur l'axe « exécution » :
Fournisseur | |
1 | AWS |
2 | Microsoft |
3 | |
4 | Alibaba Cloud |
5 | Oracle |
6 | Tencent Cloud |
7 | IBM |
8 | Huawei Cloud |
AWS : peut mieux faire sur le multicloud
AWS reste inégalé en termes de largeur et de profondeur de catalogue, explique Gartner. Il est aussi le leader du marché, avec deux fois le chiffre d'affaires de son premier concurrent. Son écosystème lui vaut également un bon point - beaucoup d'éditeurs ont une stratégie « AWS-first ».
Le constat n'est pas aussi favorable concernant la capacité à accompagner les stratégies multicloud et « souveraines ». Idem pour ce qui est de la relation client, AWS ayant tendance à « optimiser pour le court terme ». Gartner pointe aussi les dépendances fonctionnelles que l'incident majeur de décembre 2021 a mis en lumière.
Google : l'augmentation qui passe mal
Chez Google, au-delà d'une croissance de revenus sans égale sur les capacités évaluées, on se distingue sur le volet commercial. Le groupe américain a en l'occurrence réussi à basculer sa stratégie d'approche d'un public tech vers les dirigeants. Gartner lui donne par ailleurs un bon point eu égard à sa flexibilité en matière de cloud souverain.
Les prix sont, en revanche, un point noir. Tout du moins, estime Gartner, au regard d'une récente augmentation qu'il juge « sans précédent sur ce marché » : +100 % pour les tarifs publics d'une partie de l'offre stockage. Google reste par ailleurs le seul CSP majeur qui perd de l'argent.
Microsoft : attention aussi au pricing
Microsoft a pour lui la croissance de sa part de marché : l'écart se réduit avec AWS, particulièrement en Europe. Gartner salue aussi la couverture fonctionnelle de son offre et l'écosystème de partenaires. Ainsi que l'offre Azure Arc, tête de pont du groupe américain pour la gouvernance du cloud hybride.
L'année 2021 d'Azure aura été pauvre en innovations, regrette Gartner - qui interprète cela comme une volonté de soigner la fiabilité et la sécurité après une cascade d'incidents.
Le pricing est un autre point de vigilance. Et ce à plusieurs niveaux :
- Fonctionnalités critiques souvent disponibles uniquement au niveau le plus cher
- Retard sur la concurrence pour les outils natifs de gestion des coûts
- Modèles de coûts complexes autant pour le licensing que le support
- Connaissances inégales chez les partenaires en matière de FinOps
Photo d'illustration © Elnur Amikishiyev
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