Les services payants dopent Iliad (Free)
Malgré une concurrence toujours plus vive sur le marché du haut débit français, le groupe Iliad, la maison mère de Free, poursuit sa croissance vertueuse. L'opérateur annonce pour son troisième trimestre un chiffre d'affaires de 307,0 millions d'euros contre 237,2 millions un an plus tôt sur la période juillet-septembre (29,4% de mieux). Sur neuf mois, ses ventes ressortent en hausse de 30,3% à 881,1 millions.
Free a profité de deux phénomènes. En premier lieu, la hausse de sa base d'abonnés. Sur la période, le groupe a recruté 141.000 nouveaux clients, portant son parc à 2,767 millions d'abonnés contre 2,63 millions fin juin. Il se rapproche de Neuf Cegetel (3,2 millions de clients) qui lui a ravi la deuxième place au classement français des FAI, suite aux rachats d'AOL France et de Club-Internet. Les résultats de Neuf seront connus la semaine prochaine. Par contre, France Télécom fait cavalier seul en tête avec 6,9 millions d'abonnés ADSL.
Les objectifs de Free devraient être tenus assez facilement. Le groupe compte dépasser les 2,8 millions d'abonnés fin 2007.
Reste que le chantier stratégique pour Free est aujourd'hui la fibre optique. Mais le déploiement de cette technologie semble plus compliqué que prévu. Lors de la présentation de ses résultats semestriels en septembre, Iliad a détaillé son plan de marche, confirmant des ambitions revues à la baisse.
Au départ, le groupe a fièrement annoncé qu'il comptait investir 1 milliard d'euros dans la fibre d'ici 2012. Mais en mars dernier le groupe a ramené son objectif pour 2006-2007 de 300 millions à 160 millions. Il y a deux mois, Iliad annonçait n'avoir investi (sur les six premiers de l'année) que 5,9 millions d'euros.
A la fin de l'année, 163.500 logements de la capitale seront raccordés (cinq arrondissements seront concernés) contre un objectif initial de 350.000. L'ouverture des fourreaux de France Télécom devrait accélérer le mouvement. Mais Free doit tout faire pour ne pas se laisser distancer par ses concurrents, notamment France Télécom qui multiplie les déploiements.
Deuxième facteur dopant pour Free, l'usage toujours plus élevé de ses services payants comme la VOD ou des bouquets d'IPTV. Les revenus de ces derniers bondissent de 63,6% à 185,8 millions d'euros.
Le revenu moyen par abonné (Arpu) haut débit s'établit à 35,3 euros par mois hors TVA au troisième trimestre contre 35,0 euros au deuxième et 33,5 euros au troisième trimestre 2006.
Olivier Rosenfeld, directeur financier, a souligné à Reuters que le groupe oeuvrait pour relever le taux d'utilisation de la télévision payante, encore en dessous de 50%, en améliorant la facilité d'usage et la connaissance du service.
Il a également précisé que plus de 400.000 abonnés utilisaient le service TV Perso qui permet de créer et de diffuser son propre contenu télévisuel, sans préciser la proportion d'utilisateurs actifs ou passifs.
Bref, tous les voyants sont au vert pour Free, principale locomotive de l'action du groupe Iliad. Son cours a pris 13,5% depuis le début de l'année après avoir gagné 25,6% en 2006. La capitalisation de Iliad atteint aujourd'hui 3,92 milliards d'euros.
Néanmoins, les activités de téléphonie traditionnelle de Iliad continuent de souffrir. Le nombre total d'abonnés Onetel a baissé pendant la période à 180.000 abonnés au 30 septembre 2007, contre 194.000 au 30 juin 2007.
Concernant la 3G, dossier épineux, Iliad souligne qu'il a toujours l'espoir d'obtenir la 4e licence.
« A la suite de la position de l'Arcep, au moins les processus décisionnels sont clairs, la balle est entièrement dans le camp du gouvernement et du président de la République », a observé Olivier Rosenfeld, faisant état de « contacts permanents » avec les pouvoirs publics.
« Nous pensons que nous ne sommes plus très très loin d'une décision politique et puis sans doute d'un nouvel appel d'offres s'il devait y avoir une modification des conditions de la licence », a-t-il ajouté.
Rappelons que Iliad est le seul candidat à la 4e licence. Son dossier a été rejeté par l'Arcep car l'opérateur exige que le paiement de la licence (620 millions d'euros) soit étalé.
Dès l'annonce de ce rejet, Christine Lagarde, ministre de l'Economie et des Finances, a observé que « toutes les options restent ouvertes pour l'attribution d'une 4ème licence de téléphonie mobile ».Car outre l'instauration d'une meilleure concurrence, un 4e opérateur remplirait les caisses de l'Etat (prix de la licence et 1% du chiffre d'affaires annuel généré par les services 3G). Le gouvernement pourrait alors revoir les modalités d'attribution de cette fameuse licence. Même si elle remet en cause le principe d'équité entre les opérateurs mobiles. D'ailleurs, Vivendi, la maison mère de SFR a prévenu qu'elle ne se laisserait pas faire si Iliad obtient des réaménagements.
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