OVH enfin crédible auprès des DSI ?
La culture geek toujours mais avec désormais la volonté de séduire les grandes entreprises. Au travers de son événement annuel, OVH montre sa mue pour mieux coller aux attentes des DSI. Et annonce l'ouverture de 12 nouveaux datacenters.
Un show à l'américaine, une pointe de French Touch. C'est cette alliance un peu baroque qui donne un parfum particulier à l'OVH Summit, que le premier hébergeur hexagonal tenait ce 24 septembre en région parisienne. Un événement qui trouve son rythme de croisière, autour de quelques rendez-vous comme le keynote du co-fondateur Octave Klaba, qui se concentre désormais sur la direction technique après avoir cédé les rênes de l'entreprise à Laurent Allard, ex-directeur technique de CGI et DSI d'Axa Tech. Ou comme le traditionnel mini-concert rock où Octave Klaba se met à la guitare, Laurent Allard l'accompagnant cette année à la basse.
Mais, au-delà des goûts musicaux des dirigeants de cette entreprise qui pèse désormais environ 250 millions d'euros (selon les affirmations de Laurent Allard, les comptes de la société n'étant pas disponibles) et emploie 1 100 personnes, le OVH Summit a surtout pour vocation de prouver que la société nordiste a dépassé son statut de simple hébergeur apportant peu de valeur ajoutée. Bref qu'il se rapproche peu à peu d'un équivalent européen des Amazon et autres Google. Car au-delà de l'hébergement, du Cloud privé et du Cloud public (avec une offre sur OpenStack disponible depuis cette année), OVH voit surtout son avenir dans le Paas et les grandes entreprises, comme en témoignait la présence sur scène de Xavier Lofficial, le directeur de la transformation et DSI de Société Générale.
Dépasser le Iaas, aller vers le Paas
Au cours de l'année écoulée, la société fondée il y a 16 ans a ainsi mis sur le marché Dedicated Connect (assurant un lien direct entre le datacenter de l'entreprise client et ceux d'OVH), Web boost (ensemble de services permettant d'encaisser les pics de charge sur les sites de e-commerce) ou encore une interface d'administration du Cloud par glisser-déposer. Dans cette même veine, OVH a dévoilé hier un partenariat avec Sigfox dans l'Internet des objets. Rappelons que ce dernier propose un réseau radio dédié pour connecter à faible coût les capteurs de l'IoT. En complément, le premier hébergeur français propose un Paas permettant d'exploiter les données remontées de ces capteurs. « Avec cette offre, une entreprise dispose de toute la chaîne pour gérer les données de l'IoT à un coût compatible avec les attentes de l'industrie », résume Octave Klaba. Avec en complément une enveloppe de 1 millions d'euros pour accompagner « entre 50 et 100 idées innovantes dans l'IoT, OVH aidant les porteurs de projet à identifier un partenaire pour réaliser les capteurs, finançant le prototype et le développement sur le Paas ».
A terme, c'est tout un ensemble de services Paas que promet OVH : Docker as-a-service, Database as-a-service, intégration continue, analyse de logs, bus applicatif. Reste que, pour l'heure, ces services ne sont pas disponibles et devraient être ouverts peu à peu sur RunAbove, le site où OVH propose ses technologies en bêta. La société ne s'est pas risquée à donner de dates de mise sur le marché. « Tous ces développements sont issus des travaux internes. Progressivement, on les ouvre sur RunAbove pour travailler avec nos clients sur leurs besoins réels », détaille Octave Klaba, qui dirige une équipe technique de 260 personnes, travaillant actuellement sur 80 projets différents. Reste que l'évolution d'OVH vers le Paas et les services applicatifs ne constitue en rien une spécificité, les grands acteurs du Cloud américains ayant entamé ce virage depuis des mois. Tout comme la volonté d'ouvrir une marketplace puissante proposant des services applicatifs prêts à l'emploi (OVH participe à ce titre à la Saas Academy et vient d'ouvrir un incubateur permettant à des start-up d'amener leurs innovations sur sa place de marché).
Des datacenters pour étendre sa zone d'influence
Même si elles ne sont pas forcément très originales, cette série d'inflexions montre la volonté du Roubaisien de mieux coller aux attentes des DSI, Octave Klaba affirmant lors d'un entretien avec Silicon.fr (que nous publierons en intégralité dans les prochains jours) : « la taille des contrats que nous signons est en train d'exploser. On travaille maintenant sur des affaires à plusieurs dizaines de millions d'euros par an. Ce qui nous pose un défi en termes de capacité à faire grossir nos équipes ! Mais ce sont des problèmes qu'on aime résoudre, cela signifie que nous franchissons un cap ».
C'est aussi à cette lumière qu'il faut interpréter le plan d'ouverture de 12 nouveaux datacenters (s'ajoutant aux 17 déjà opérationnels) : « notre objectif est de croître en termes de zones de présence parce que nos clients nous demandent l'accès à nos services partout dans le monde », confirme le directeur technique. Une accélération notable par rapport au plan dévoilé en décembre dernier, lors de la levée de fonds de 267 millions d'euros. L'Allemagne, la Pologne, la Grande-Bretagne, les pays nordiques, les Etats-Unis figurent parmi les pays ciblés. OVH affirme n'avoir pas encore décidé dans quel pays il construirait ses propres équipements et dans quel pays il les louerait. La société semble toutefois ne pas envisager pour l'instant un recours à de nouveaux financements externes, Octave Klaba écartant toute idée d'introduction en bourse. « On peut lever de la dette et on est rentable. Le recours au financement externe n'est pas une nécessité », dit le directeur technique.
A lire aussi :
Loi sur le renseignement : OVH satisfait des concessions du gouvernement
Débordement dans le Cloud : Voyages-SNCF mise sur OVH
Sur le même thème
Voir tous les articles Cloud