Oracle fait le coq dans le Cloud : « la domination d'AWS est terminée »
A défaut d'aligner des chiffres ronflants dans le Iaas, Oracle enquille les déclarations tonitruantes. Lors de la conférence inaugurale d'OpenWorld, la grand-messe annuelle de l'éditeur, Larry Ellison, le président et directeur technique, a martelé : « la domination d'Amazon (sur le marché du Cloud, NDLR) est terminée. Amazon va avoir beaucoup plus de concurrence à l'avenir. Nous sommes très fiers de notre seconde génération d'Infrastructure as-a-service (Iaas). Nous allons nous concentrer sur ce développement pas seulement au cours d'Oracle OpenWorld, mais aussi pendant toute notre année fiscale en cours, et la suivante et celle qui suit également. » Bref, selon Ellison, connu pour ses déclarations à l'emporte-pièce, Amazon, et plus particulièrement son activité Cloud AWS (Amazon Web Services), peut trembler.
La sortie de l'emblématique patron de l'éditeur correspond à la mise sur le marché de ce qu'Oracle présente comme son Iaas v2. Larry Ellison promet que cette génération offrira deux fois plus de puissance de calcul, deux fois plus de mémoire, quatre fois plus de stockage et dix fois plus de capacités en entrées/sorties qu'AWS. Le tout pour un coût 20 % inférieur. Illustration avec un nouveau format de machine virtuelle (VM), le Dense IO Shape : l'offre comprend 28,8 To de stockage, 512 Go de mémoire et 36 coeurs pour 5,4 $ de l'heure. Selon Ellison, ce produit propose plus de 4,5 fois le volume de stockage et 10 fois les capacités en entrées/sorties de l'instance i2.8large chez AWS. « Mais vous devez être prêts à payer moins », ironise le fondateur d'Oracle. L'instance i2.8large est vendue à 6,82 $ de l'heure chez Amazon.
Trois datacenters par zone
Selon Mark Cavage, vice-président du développement produit d'Oracle, interrogé par IDGNS, l'éditeur prévoit une facturation simple, basée sur un tarif unique de 7,5 cents par coeur et par heure. Au lancement de ces offres de seconde génération, Oracle va proposer des VM de 4 et 8 coeurs en plus d'options serveurs nus (bare metal). Ce Iaas v2 s'appuie sur une nouvelle génération de datacenters qui ne sont pas encore disponibles partout, loin s'en faut. Le Iaas v2 de l'éditeur de Redwood Shores sera d'abord disponible, à partir du 13 octobre, depuis la zone ouest des États-Unis (avec des infrastructures à Phoenix). La zone est des États-Unis suivra avant la fin de l'année. Pour l'Europe (avec des datacenters en Grande-Bretagne et en Allemagne), Oracle vise une disponibilité avant la fin de son année fiscale, en juin 2017. Le plan d'Oracle prévoit que chaque région de son futur Iaas propose trois zones de disponibilités, autrement dit trois datacenters connectés entre eux. « Même si nous perdons un datacenter entier, vous ne vous en apercevrez même pas », dit Larry Ellison.
Pas sûr toutefois que ce plan suffise à faire tomber AWS de son piédestal. Rappelons par exemple qu'Oracle n'apparaît même pas dans le dernier cadran magique (Magic Quadrant) de Gartner sur le Iaas. Le cabinet juge que les parts de marché de l'éditeur sont « trop faibles » pour figurer dans le rapport. Au cours de son premier trimestre fiscal, clos le 31 août dernier, Oracle a réalisé un chiffre d'affaires de 171 M$ avec son activité Iaas, en progression de 'seulement' 10 % sur un an. Soit bien moins que la moyenne du marché. Rappelons, à titre de comparaison, que lors du dernier trimestre fiscal en date d'Amazon, l'activité Cloud (AWS) a généré un chiffre d'affaire de 2,88 Md$. Pour l'instant, l'éditeur de Redwood Shores pèse donc moins de 6 % du leader du Iaas, dont les réels challengers sont à ce jour plutôt Microsoft (avec Azure), Google et IBM. Dans la dernière étude de Synergy, ces quatre géants du Cloud voyer leur chiffre d'affaires cumulé progresser de 93 % sur un an.
L'atout des bases de données
L'annonce des nouveaux services disponibles sur le Cloud Oracle confirme cette impression de rattrapage face à des leaders du Cloud partis plus tôt sur ce segment de marché (dès 2006 pour AWS). Dévoilés lors d'OpenWorld, ces 20 nouveaux services incluent du Machine Learning, du Big Data, le support des conteneurs, la gestion des incidents de sécurité ou encore des applications IoT (gestion des actifs, gestion de flotte.). Bref, du déjà vu chez AWS ou Azure. Reste à évaluer une nouvelle offre de base de données 'as-a-service' (DBaas) qu'Oracle présente comme « plus rapide et plus apte à monter en charge que tout autre service de même nature. Et ce de plusieurs ordres de grandeur. »
Simultanément, l'éditeur a également dévoilé Oracle Database 12c Release 2, la mise à jour de sa base de données phare, qui sera d'abord disponible dans le Cloud avant d'être proposée on-premise. Les compétences reconnues d'Oracle dans la gestion des données constituent un des arguments qui pourraient l'aider à recoller au groupe des leaders des infrastructures Cloud. Tout comme sa capacité à proposer des architectures hybrides. C'est le sens de Cloud@Customer, offre permettant aux entreprises de disposer, dans leurs datacenters, de serveurs identiques à ceux déployés par Oracle dans le Cloud. Avec la même architecture logicielle et, surtout, au même prix, promet Larry Ellison.
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Un rachat pour muscler l'offre de sécurité
Pour faire bonne mesure, Oracle a enfin dévoilé le rachat de Palerra, un éditeur de logiciels de sécurisation des services Cloud. Le produit phare de cette société fondée en 2013, Loric, associe des fonctions de suivi des usages Cloud, de sécurisation des données, d'analyse des comportements utilisateurs, de gestion des configurations de sécurité et de réponse automatique aux incidents. Les termes de la transaction n'ont pas été dévoilés. Oracle espère combiner son offre de gestion des identités (Oracle Identity Cloud Service) avec la solution de la start-up.
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