Sous pression, le p-dg de Yahoo ouvre la porte à Microsoft
On s'en doutait un petit peu, l'offensive de Microsoft sur Yahoo est loin d'être terminée. Certes, Redmond a jeté l'éponge ce samedi, jugeant les prétentions de Yahoo bien trop gourmandes, mais cet abandon était calculé.
Car le p-dg de Yahoo est sous pression depuis trois jours. Deux problèmes de taille sont devant lui : comme prévu, le retrait de l'offre a provoqué une chute de l'action de Yahoo ce lundi (-13,25%) et certains estiment déjà que cette chute pourrait permettre à Microsoft de reformuler une offre, plus basse. Surtout, certains actionnaires de Yahoo se posent des questions et critiquent ouvertement les décisions de Yang. La dernière offre de Microsoft paraissait pour beaucoup raisonnable, du coup, les plaintes commencent à pleuvoir. Jerry Yang est de plus en plus isolé face à des actionnaires de plus en plus favorables aux avances de Microsoft.
Face à cette situation, Jerry Yang n'a pas d'autre choix que de rouvrir la porte à Microsoft. Dans un entretien au Financial Times, l'homme se fait même tout petit.
« Quand nous avons dit que c'était un montant 'à prendre ou à laisser', cela ne voulait pas dire que nous ne négocierons plus jamais », a-t-il déclaré. « Nous étions totalement désireux de parvenir à une transaction et ils sont partis », a-t-il poursuivi. Le patron de Yahoo affirme « être toujours ouvert à toutes les alternatives ». « Nous leur avons présenté un moyen pour eux de mettre la main sur Yahoo (.). Si c'est cela qu'ils veulent, nous serons ouverts à une discussion », a-t-il conclu. Les choses sont donc claires.
« S'ils ont quoi que ce soit de nouveau à dire, nous serions ouverts (.) Je suis tout à fait disposé à écouter. », ajoute-t-il à Reuters.
La semaine dernière, dans un dernier élan de générosité, Microsoft avait relevé son offre de rachat de 5 milliards de dollars, à 33 dollars par action contre 31 auparavant. Soit une valeur de rachat de 47,5 milliards de dollars. Yahoo réclamait 37 dollars.
Mais aujourd'hui, la situation a bien changé. Yahoo est fragilisé, sa direction est contestée. A moins que Jerry Yang sorte de son chapeau un accord avec AOL, ou avec Google (qui sera de toutes façons contesté par les autorités antitrust), il y a fort à parier que Microsoft revienne à la charge.
Rappelons que le rachat de Yahoo est stratégique pour Microsoft. Dans le Web et la publicité en ligne, où l'éditeur est un nain, l'ajout de l'offre Yahoo à son arsenal aurait pu lui permettre de peser face à Google qui s'est emparé de DoubleClick. Il faut savoir que Google encaisse environ un tiers des recettes mondiales de publicité en ligne, loin devant Yahoo qui en empoche moins de 15% et Microsoft (7%).
Pour autant, Redmond semble vouloir en finir avec cette aventure. « C'est la fin de l'histoire. Nous allons de l'avant parce que notre stratégie est très claire, »a déclaré à Reuters Jean-Philippe Courtois, président de Microsoft International.
« Nous avons décidé d'avancer et de retirer notre offre et de poursuivre notre stratégie afin de devenir progressivement un leader de la fourniture de services internet dans le monde de la publicité en ligne, des médias, des réseaux sociaux etc. », a-t-il dit.
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